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Sidwaya N° 7341 du 23/1/2013

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Orpaillage artisanal dans le sud-ouest : L’or ne brille pas pour l’école primaire de Djindjilè
Publié le jeudi 24 janvier 2013   |  Sidwaya


L`orpaillage
© Autre presse par DR
L`orpaillage


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Chef-lieu de la province du Poni et de la région du Sud-Ouest, la commune de Gaoua n’échappe pas à la prolifération des sites d’extraction artisanale d’or au Burkina Faso. En effet, à 2 km au Sud de la ville est né, il y a deux ans de cela, le site de Ourbi, un village rattaché à la commune, forte de sept secteurs. S’il attire de nombreux jeunes à la recherche d’un mieux-être, ce site menace également l’existence d’une école primaire.

Ourbi, village situé à environ 2 km de la ville de Gaoua abrite un site d’orpaillage artisanal. Le premier signe, qui montre que l’on a affaire à des orpailleurs sur l’axe routier, c’est la vitesse à laquelle roulent les usagers du tronçon qui mène à la ville. Sur le nouveau site créé dans le village de Ourbi pour l’extraction de l’or, des personnes ont accepté de parler de leurs activités et de l’organisation de la vie qui s’y mène. Arrivé en novembre 2012, Ilyasse Yaméogo, un orpailleur, révèle que dans l’ensemble tout se passe à merveille pour lui, quand bien même il a élu domicile au milieu des hautes herbes, faute de moyens pour se payer un loyer dans la « cité de Bafudji ». Selon lui, tout semble indiquer que l’affaire est prometteuse. « Je suis d’un groupe composé de 12 personnes, et nous creusons un puits dont la profondeur a atteint maintenant 25 mètres. Je crois qu’on atteindra le métal précieux quand on aura atteint au moins 30 mètres », déclare-t-il. L’organisation des différents groupes sur le site est pratiquement la même que celle de Ilyasse, en ce qui concerne les puits. Chaque groupe est subdivisé en deux sous-groupes. Le premier monte « la garde » de 18 heures à 6 heures du matin et le second prend le relais à partir de 7 heures jusqu’à 17 heures. Sur une dizaine d’orpailleurs rencontrés, seul un d’entre eux loge en ville. Les autres, faute de moyens, dorment « à la belle étoile », entre les puits. Ils attendent tous avec espoir, caressant le rêve de tomber sur un filon, et réconfortés à la pensée que 2013 verra la concrétisation de ce rêve. C’est le cas de Rasmané Ouédraogo, un orpailleur arrivé il y a deux semaines seulement au site d’orpaillage de Legmoin situé sur l’axe Gaoua-Batié. « Je suis âgé de 23 ans. Depuis 7 ans que je pratique l’orpaillage artisanal, je ne suis pas encore parvenu à faire une réalisation à proprement parler, mais je garde toujours l’espoir », a-t-il indiqué. Contrairement à l’image que l’on a généralement des sites d’orpaillage artisanal, Ourbi tente de sortir du lot de ces milieux connus comme étant par excellence des cadres de prostitution et de consommation de drogue. Au dire des occupants d’ici, le site est assez bien organisé afin de garantir la paix, et éviter les injustices comme « la loi du plus fort ». En effet, des responsables ont été désignés par les orpailleurs pour maintenir l’ordre, mais ces derniers sont les plus grands absents sur les lieux. Par ailleurs, l’usage des stupéfiants y est proscrit, de même que la présence des professionnelles du sexe, qui a-t-on dit, apparaît ici comme étant un porte-malheur. Selon Daouda Sawadogo, un orpailleur, c’est cette interdiction de la prostitution qui fait que le site est productif. « Il ne se passe pas un jour sans que l’on n’achète une nouvelle moto », affirme-t-il. Tout de même, il reconnait que certains continuent de consommer des stupéfiants. Selon lui, il y a des orpailleurs qui ne peuvent réellement se mettre au travail qu’après s’être dopés. Egalement, les occupants du site de Ourbi soutiennent avoir interdit l’utilisation du cyanure, en raison de la position géographique de ce site très proche de la ville, et aussi suite à l’appel lancé par la municipalité de Gaoua, il y a une année. De plus, c’est une zone de pâturage pour les éleveurs.

A la porte de l’université, il se reconvertit à l’orpaillage artisanal

Quant à la gestion des produits des puits, un seul et même principe s’applique à Ourbi : la répartition des fruits du labeur en deux parts égales. Le propriétaire du puits qui est le bailleur de fonds prend la première moitié et la seconde moitié revient à l’équipe ayant constitué la main d’œuvre. Si la recherche de l’or est la raison principale de la présence des orpailleurs en ces lieux, chacun d’eux a sa petite histoire, son point de départ qui n’est pas toujours forcément celui de l’autre. Sié Kambiré est orpailleur depuis 2 ans. Il aurait quitté la Côte d’Ivoire en 2006 pour le bercail avec une somme de 40 000 F CFA sur l’ordre de son père qui l’aurait chargé de s’occuper de sa mère et de ses frères. C’est après des entreprises infructueuses dans les domaines de l’agriculture et du commerce qu’il s’est tourné vers les sites d’orpaillage. « Grâce à Dieu, j’ai pu construire une maison de 20 tôles et acheter une moto. J’arrive également à subvenir aux besoins de ma mère et de mes frères », s’est-il réjoui. Moustapha Gnessien âgé de 30 ans, s’est lui, reconverti à l’orpaillage artisanal à deux pas de l’université. Dans son témoignage, il ressort qu’après avoir échoué à deux reprises au baccalauréat, il a abandonné les études, fondant tout son espoir sur les concours de la Fonction publique. Là encore, il est passé du doute au désespoir. De 2005 à 2012, il a passé huit fois sans succès lesdits concours. Une série de déceptions qui justifient qu’il se soit reconverti à l’orpaillage, dans l’optique de se faire de l’argent afin de se lancer dans l’embouche bovine, un projet qui lui tient à cœur. C’est après avoir tenté en vain d’obtenir un prêt pour la réalisation du même projet auprès des structures habilitées, qu’il s’est résolu à fréquenter le site d’orpaillage. Gnessien rassure qu’il tient toujours à ce projet et n’entend pas de nouveau prendre part à un concours de la Fonction publique. Son espoir est désormais fondé sur son puits d’une profondeur de 37 m.

L’école primaire de Djindjilè, la victime no1

Pour Moustapha Gnessien, retourner encore pour deux ans dans une école de formation ne ferait qu’empirer sa situation peu reluisante. Comme pour dire que, « l’orpailleur a ses raisons que le monde extérieur ignore » ! Certes, l’orpaillage peut rendre très riche, mais il fait aussi des victimes. A Ourbi, la première grande victime est l’école primaire de Djindjinlè située à quelques encablures du site. Le malheur de cet établissement est d’être divisé par l’axe Gaoua-Ourbi. « Une violation du domaine scolaire » que les premiers responsables de l’école ont décrié dès les premières heures du tracé de la voie en 2007-2008, selon les explications de l’actuelle directrice, Rosalie Palenfo/Palé. En réponse, ajoute-elle, la municipalité avait en son temps, promis de retracer un autre terrain au côté Ouest de l’école, puisque la voie avait complètement séparé l’école de son terrain d’animation sportive. Contre toute attente, cette promesse n’a jamais été tenue et tout est resté en l’état. Les instituteurs de Djindjinlè sont donc contraints d’ériger des barrières avec des pierres aux heures de sport, et de les lever après. A l’évidence, les tout-petits et leurs enseignants sont exposés aux risques d’accidents et de maladies, du fait de la poussière qui ne cesse de se suspendre et aussi du fait que l’axe soit très fréquenté par les usagers de la route. A cela s’ajoutent les vrombissements quotidiens des grosses cylindrées avec à la clé, des classes sans cesse perturbées au sein de l’établissement. Pire encore, aucun panneau ne signale la présence d’un établissement scolaire malgré la fréquence de la circulation routière. Toujours selon la directrice, la proximité du site a été à l’origine d’une dizaine d’abandons d’élèves l’année dernière. Elle ajoute que la solution serait la construction d’un mur de clôture, ce qui relève des autorités. « Il faudrait également que les parents ainsi que les instituteurs que nous sommes, fassions un suivi régulier des écoliers », conclut-elle.

Karim BIKIENGA
Karim_bikienga@yahoo.fr

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