Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Me Barthélémy Kéré, a rencontré, le 22 janvier 2013, les représentants des partis et formations politiques afin d’échanger avec eux sur les élections complémentaires. La CENI prend ainsi acte de la décision du Conseil d’Etat de la reprise des élections dans les bureaux de vote où des irrégularités ont été constatées. Au cours de la rencontre, les partis et formations politiques ont rappelé leur volonté d’avoir des élections transparentes et crédibles. Le président de la CENI a, quant à lui, confié que le succès de ces élections complémentaires dans les 691 bureaux de vote dépend, pour beaucoup, de la classe politique. C’était dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la coopération régionale.
Echanger avec les partis et formations politiques sur la reprise des élections municipales ordonnée par le Conseil d’Etat, tel était l’objectif de la rencontre d’échanges organisée par la CENI. En effet, après la proclamation des résultats définitifs des élections couplées du 2 décembre 2012, le Conseil d’Etat a relevé un certain nombre d’irrégularités (enveloppes non scellées, non parvenues et non conformes, absence de procès-verbaux, procès-verbaux non signés, documents inexploitables et autres motifs) qui entachaient la régularité du scrutin et ordonné la reprise des élections municipales par la CENI dans les bureaux de vote mis en cause. Ainsi, la date du 17 février 2013 a été retenue pour la reprise dans 691 bureaux de vote répartis dans 37 provinces et ce sont 60 partis et formations politiques qui sont concernés. Dans son adresse aux représentants des formations et partis politiques, le président de la CENI a laissé entendre que des enseignements devraient être tirés des échecs du 2 décembre 2012. Tout en revenant sur les irrégularités relevées par le Conseil d’Etat, le premier responsable de l’administration électorale a expliqué que le succès de ces consultations résidait dans « la sélection et la formation rigoureuses des membres des bureaux de vote, dans la sécurisation, le transfert et la traçabilité des résultats et documents électoraux depuis les bureaux de vote jusqu’au site de centralisation. » De là, il ressort la volonté de tous d’avoir des élections plus crédibles. C’est à ce titre que Me Barthélémy Kéré fera comprendre que la classe politique a son rôle à jouer pour le succès de ces élections.
Quid des présidents défaillants ?
Les représentants des partis politiques sont revenus sur des aspects concernant certains responsables des démembrements dans lesquels les irrégularités ont été flagrantes le 2 décembre 2012. A en croire les représentants des partis et formations politiques, les présidents défaillants des démembrements doivent être démis afin que d’autres soient recrutés. Mais, à la CENI, l’on ne pense pas de la sorte. Selon Me Barthélémy Kéré, la loi dispose que le mandat des membres de démembrements prend fin dès la proclamation des résultats définitifs, mais en cas de reprise, ils doivent être rappelés. Néanmoins, leur formation sera beaucoup plus accentuée. Aussi, la CENI a tenu informés les délégués des partis politiques que le vote par dérogation ne sera possible que dans un seul cas : « les délégués des partis et les observateurs éventuels qui souhaitent voter doivent être inscrits dans les bureaux de vote dans lesquels ils sont déployés. » Ainsi, la CENI s’est dit prête à accueillir toutes suggestions et observations pour le succès de l’opération, toute chose qui contribuera à renforcer la démocratie dans notre pays.
Aimé NABALOUM et Colette DRABO
La CENI face aux OSC
La rencontre s’est poursuivie dans l’après-midi avec les Organisations de la société civile (OSC). En effet, le président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, estime que l’organisation de la reprise partielle des élections municipales du 2 décembre dernier est une tâche qui incombe à la CENI, mais qui nécessite aussi une réelle implication des différents partis politiques et des acteurs de la société. Dans ce sens, il a exhorté les représentants de ces OSC à s’investir pleinement pour la réussite de cette reprise. Selon Me Barthélémy Kéré, les OSC pourront adresser dès le 28 janvier 2013 et ce, jusqu’au 7 février, leurs demandes d’accréditation pour l’observation du scrutin ; accréditations qui seront délivrées par ses démembrements du 8 au 12 février 2013. Le président a par ailleurs souligné qu’à ces élections, il n’y aura pas de vote par dérogation. Aussi, les observateurs éventuels qui souhaitent voter doivent être inscrits dans les bureaux de vote dans lesquels ils seront déployés, a-t-il mentionné. Et de poursuivre : « La CENI prévoit dans son chronogramme, le déploiement du matériel et du personnel électoral à partir du 13 février ». Il a invité les OSC à s’investir pour que ces élections complémentaires se déroulent dans la transparence, la paix et le respect mutuel. Les OSC présentes à cette rencontre ont, entre autres, félicité la CENI pour avoir bien conduit les élections du 2 décembre passé. Tous ont, lors des échanges, insisté sur la formation des membres de bureaux et leur sensibilisation car, comme l’a noté un des intervenants, « on peut être formé mais être de mauvaise foi. Les gens n’ont pas le sens de la responsabilité ». Selon les OSC, s’il y a eu tous ces problèmes, c’est parce que, quelque part, la formation n’a pas été suivie. D’aucuns ont voulu savoir quel était le regard de la CENI sur les annulations prononcées par le Conseil d’Etat. A ce niveau, Me Kéré a fait comprendre que son institution n’a pas de regard, elle ne fait pas de commentaire mais prend acte. De l’avis de certaines OSC, il y a eu désordre au sommet parce que les élections municipales ont été reprises dans 37 provinces sur les 45 existantes. Et le président de préciser que ce ne sont pas tous les bureaux de vote qui sont concernés dans ces provinces mais seulement quelques-uns sauf pour les arrondissements 4 et 10 de Ouagadougou qui totalisent, à eux deux, 326 bureaux de vote. Les OSC ont, à l’issue des échanges, réaffirmé leur disponibilité à accompagner la CENI pour une réussite de ces élections complémentaires.
Christine SAWADOGO et Cathérine PILABRE (Stagiaire)