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Jeunes et emploi au Burkina
Publié le vendredi 7 septembre 2012   |  Autre presse




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Depuis le 1er septembre dernier, les concours directs de la Fonction publique ont commencé. Ce genre de choses ne m’intéresse pas d’habitude. Mais, ces derniers jours, les étudiants squattent mon studio et, franchement, ça commence à me taper sur le système. J’essaie de les aider comme je peux : j’ai donné de l’argent à certains pour qu’ils déposent leurs candidatures. A d’autres, je donne des cours de culture générale. Ils sont en 1re, 2e, 3e ou 4e année d’université mais qu’importe, ils n’ont qu’une seule idée, décrocher un concours pour être fonctionnaires. Je savais que beaucoup de jeunes sont sans emploi au Burkina mais pas à ce point. Ils m’ont dit justement lors d’une de nos causeries que pour les 5409 postes disponibles, il y avait 143 573 candidats. Incroyable ! Je n’ai pas essayé de chercher mais ce qui est sûr, des candidats veulent passer 10 concours à la fois pour se donner plus de chances. Tout le monde veut être fonctionnaire quoi ! Moi, c’est mon dernier souci et d’ailleurs, je n’en ai plus l’âge. Le problème, c’est qu’au Burkina, l’Etat reste le principal employeur. Vous n’avez pas besoin de chercher midi à 14h pour comprendre. Le secteur privé n’est pas très développé parce que notre économie n’est pas performante. Si les entreprises n’ont pas d’activités, comment peuvent-elles recruter ? Si les entreprises meurent par dizaines avant de fêter leur 5e anniversaire, comment les emplois peuvent-ils se multiplier ? C’est donc un pays où tout le monde veut être « fonco », comme on les appelle. Mais ce n’est pas possible. Les centaines de jeunes qui passent les concours n’en ont cure. Ils veulent sortir de la galère et tous les moyens sont bons. De toute façon, l’enseignement des lycées et collèges leur permet-il de faire autre chose ? Tout le monde parle du décalage entre le système éducatif et le monde de l’emploi. Mais, rien ne change. Au contraire, on parle de valorisation du capital humain avec des politiques nationales de promotion de l’emploi et de la formation professionnelle. Dans les discours, tout est beau. On pense même que les jeunes doivent créer leurs propres entreprises et, pour cela, des fonds ont été créés pour les aider à avoir des financements pour leurs projets. Si on y avait pensé depuis longtemps, les jeunes seraient moins amoureux aujourd’hui de la Fonction publique. « Tonton, ne croyez pas aux discours. L’argent des fonds-là, c’est pour ceux qui ont les bras longs ». C’est un discours que j’ai déjà entendu. On ne peut pas toujours aider les jeunes. Tout le monde veut faire de l’embouche bovine ou l’élevage de poules pondeuses. Et quand on leur dit que leur projet n’est pas viable dans des zones précises (à cause de l’expérience d’autres jeunes), ils crient à l’injustice et ne se remettent pas en cause. Or, il aurait fallu qu’ils libèrent leur génie créateur pour imaginer des projets innovants. C’est vrai que l’argent des fonds ne suffit pas pour les projets des jeunes promoteurs. Il semble que certains acteurs censés les aider veulent avoir des pourcentages sur leurs prêts. Personne n’a été encore pris la main dans le sac. Mais ce que je sais, c’est qu’il y a trop de propagande autour de la question des jeunes, surtout à l’approche des élections. Chaque fois, on dit que la jeunesse est l’espoir du Burkina. Peut-on avoir l’espoir quand le désespoir devient le quotidien de ces jeunes chômeurs, buvant les frelatés à longueur de journée et prêts à s’engager dans tous les faux deals ? Il faut que ça change ! Si les jeunes qui sortent des écoles professionnelles ne peuvent pas avoir de petits crédits pour s’installer, si on ne revoit pas l’enseignement pour ne plus former que des futurs fonctionnaires, si on ne prête pas attention aux préoccupations de nos bras valides en matière de santé de la reproduction, c’est pas bon. La prochaine révolution viendra de ces bras brisés par le désespoir…

Le Fou

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