C’est monnaie courante pour certains pays, surtout occidentaux. Mais pour bien des pays de la sous-région ouest-africaine, c’est un phénomène nouveau avec lequel il va falloir composer. Les menaces de Al Qaïda, puisque c’est de cela qu’il s’agit, n’ont pas tardé. En effet, par la voix de Mokhtar Benmokhtar alias « Le Borgne », le mouvement islamiste a menacé de représailles les pays qui interviennent pour libérer le Nord-Mali de ses illuminés. Cette attitude de la nébuleuse n’est pas vraiment surprenante. Au contraire, il fallait bien s’y attendre. Les menaces du genre sont une coutume des groupes extrémistes. Ce faisant, ils n’ont donc pas dérogé à la règle, à leur ligne de conduite. La seule vraie inquiétude est que beaucoup de pays engagés dans ce combat ne sont pas habitués à gérer ce genre de menaces terroristes. Ainsi, à l’opposé de la France qui s’y est préparée et où la sécurité a été placée en grande alerte depuis le début de son intervention au Mali, des pays comme le Burkina, le Togo, le Bénin, pour ne citer que ceux-là, ne sont pas vraiment des habitués de ce phénomène. De ce fait, il est difficile pour eux d’y faire face avec tout le professionnalisme que cela requiert. Ainsi, c’est le manque de préparation pour faire face avec efficacité au péril islamiste qui inquiète le plus. Avec les frontières poreuses et le laxisme ambiant en matière de sécurité publique dans certains pays, les risques sont, on ne peut plus, réels. D’ailleurs, la crainte des mesures de rétorsion du mouvement djihadiste n’est probablement pas étrangère au manque d’empressement des pays africains, notamment ceux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à déployer des troupes au Mali. Il est vrai que les comportements, il faut le dire, irresponsables de bon nombre d’acteurs et non des moindres à Bamako n’incite pas vraiment à s’empresser d’aller au chevet du pays. On en veut pour preuve l’entêtement de la bande à Sanogo à détenir des bérets rouges malgré les nombreux et divers appels à leur libération. Cet entêtement n’est vraiment pas un acte de sagesse et de patriotisme au moment où le Mali a besoin de tous ses fils, de toute sa force militaire pour expurger le Nord du pays de ces djihadistes avec le concours d’armées étrangères. Ces militaires qui ne sont ni plus ni moins que des détenus politiques, doivent être libérés le plus vite possible d’autant plus que le pays a besoin d’eux au front. Mais plus que ces attitudes irresponsables de certains Maliens, l’une des principales raisons officieuses de ce manque d’empressement réside dans la crainte des représailles des islamistes. C’est pour cela que certains trainent les pas pour rejoindre le terrain des hostilités pendant que d’autres y vont sur la pointe des pieds. A présent, il importe de redoubler de vigilance dans tous les pays, surtout dans ceux qui sont engagés d’une manière ou d’une autre contre ces islamistes. On les sait très audacieux et cruels à satiété. La récente prise d’otages à In Amenas en Algérie, qui s’est dénouée dans un bain de sang, témoigne, si besoin en était encore, de la capacité de ces groupes à créer ruine et désolation. C’est pourquoi il ne faut pas négliger leurs menaces. Bien au contraire, il faudra miser sur la surveillance et la reconnaissance pour éviter les infiltrations et les attaques surprises qui vont avec. Sans qu’il soit besoin de donner des leçons aux professionnels de la sécurité et de la défense des Etats concernés, on peut dire que la communication est cruciale pour relever pareil défi. Inutile de rappeler que la sécurisation des lieux publics et des grands rassemblements sera aussi un des défis majeurs pour cette nouvelle ère qui s’ouvre dans la sous-région. Toute négligence, tout laxisme pourrait coûter cher. Gageons que les services concernés se montreront à la hauteur de cet énorme défi, de cette lutte « du bien contre le mal ». Pour ceux qui en doutent encore, il est grand temps de se réveiller. Partout où ils se sont établis, ces islamistes sont de véritables messagers de la mort. Des vies innocentes sont lâchement arrachées par leur intolérance. Et, ce n’est pas le Nigeria, encore moins la Somalie, qui dira le contraire. C’est une lapalissade de dire que ces extrémistes-là n’ont pas d’ami et ne savent pas faire de concession. Ils n’épargnent personne, n’hésitant pas à sacrifier au besoin leur propre vie pour faire triompher leurs lubies. Inutile donc de se leurrer ; ils sont tellement bornés qu’ils ne supportent aucune contrariété. La guerre est donc plus que jamais déclarée. C’est dire que les « illuminés » ne manqueront pas la moindre occasion de se donner un coup de publicité par des actions spectaculaires et meurtrières. Il faut donc être sur ses gardes. Et dans ce combat, les populations doivent collaborer sans réserve avec les forces de défense et de sécurité, en dénonçant, certes sans paranoïa, mais avec la rigueur et la fermeté requises, tout individu et tout mouvement suspects. Car, aujourd’hui, peut-être plus que jamais, il importe d’avoir des systèmes d’alerte efficaces, activés en permanence.