Les choses semblent se compliquer davantage dans la guerre malienne. En effet, la pieuvre djihadiste à mille visages, avec à sa tête Mokhtar Benmokhtar, a justifié l’attaque du complexe gazier d’In Amenas par le fait que l’Algérie a autorisé la France à survoler son espace aérien. Une attaque qui s’est soldée par un carnage dont le bilan humain et matériel reste encore à déterminer. A la vérité, personne ne doute de la capacité de nuisance des djihadistes qui ont pu passer entre les mailles des filets sécuritaires de l’Algérie pour commettre leur forfait. Le numéro un des fondamentalistes au sahel a mis la première puissance militaire des pays du champ devant le fait accompli en réussissant l’attaque de la firme gazière. Mais, Benmokhtar et ses hommes menacent de faire vivre l’apocalypse à l’Algérie si d’aventure elle ne renonce pas à cette autorisation qui facilite la tâche à la France dans ses opérations militaires. Autant dire que l’Algérie est dans une situation très inconfortable. Entre céder aux désidératas des fous de Dieu et rester fidèle à son sacro-saint principe qui est de ne jamais se laisser dicter sa conduite, on attend de voir ce que va faire l’Algerie. Les propos du genre « cette position sera prise en fonction des intérêts suprêmes de l’Algérie », tenus par le ministre de l’Information, Mohand Oussaid Bélaïd, lorsqu’on lui a demandé si son pays autorisera toujours le survol de son espace aérien par la France, sont pour le moins alambiqués . Une chose semble sûre. Les intérêts suprêmes de l’Algérie dont parle le ministre de l’Intérieur ne peuvent être défendus par les islamistes qui n’ont d’amis que ceux qui acceptent, comme eux, de se livrer aux ténèbres de la barbarie. Pas d’autres compromis possibles. Nul ne peut nier que la guerre contre les djihadistes au Mali prendrait une tournure beaucoup plus complexe si l’Algérie venait à interdire le survol de son territoire par l’armée française. Elle sera d’autant plus complexe que ce pays, de par sa position géographique, constitue une zone stratégique pour l’armée française. C’est sans doute à partir de l’espace aérien algérien que les soldats français localisent les djihadistes et mènent des frappes chirurgicales qui ont toujours gagné du succès. Dès lors, plutôt que de lésiner sur ses soutiens à son voisin malien dont la case brûle, l’Algérie gagnerait à aller au front ; ne serait-ce que pour sa propre sécurité. D’ailleurs, l’attaque du site d’In Amenas ne prouve-t-elle pas qu’elle est déjà dans la guerre, bon gré mal gré ? C’est en cela que Bouteflika doit faire sien l’adage selon lequel « si le canari d’eau s’explose sur ta tête, il vaut mieux se laver une bonne fois. »