Décidément il est dit que Barack Obama sera le président des exceptions : il est le premier président noir élu de l’histoire américaine, il est aussi le premier président depuis Francklin Roosevelt à prêter 4 fois serment en seulement 2 mandats. Roosvelt l’avait fait, car il avait bénéficié de 4 mandats.
Le président postracial avait dû reprendre son serment le 20 janvier 2009, car, ce jour-là, le président de la Cour suprême, John G. Roberts, avait interverti certaines expressions, contraignant Obama à se répéter.
Quatre ans plus tard, ce 20 janvier 2013, date fixée pour les assermentations, tombe un dimanche ; d’où cette investiture «confidentielle» en cercle restreint subie par celui qui rempile pour un second bail à la Maison-Blanche, et une seconde, officielle cette fois-ci, qui a eu lieu hier 21 janvier au Capitole, avec des festivités moins grandioses qu’en 2009 mais toujours féeriques comparées à ce qui se passe dans de nombreux pays : entre 800 000 et 1 million de personnes sont allées voir le n°1 des USA prêter serment.
Il y a eu la parade sur la Pennsylvenia Avenue ; avec un geste à la mémoire de Martin L. King, dont c’est l’anniversaire de naissance ; la guest star et sex symbol Beyoncé a interprêté «The Star Spangled Banner», électrisant la foule comme l’avait fait Aretha Francklin en 2009, et bien sûr le discours du 44e président des USA, où sont apparus les linéaments des priorités de ce deuxième et dernier mandat, placé à l’évidence sous le signe du changement.
Les flons-flons de cette seconde victoire estompés, que fera-t-il de ce mandat, et quid de l’Afrique ?
Durant son premier contrat à la maison ovale, les Africains s’étaient déjà désillusionnés, car nombreux étaient ceux qui pensaient que ce frère ferait choir des tombereaux de dollars sur le vieux continent ; ce fut la déception totale depuis la vallée du Rift jusqu’au pays de la Terranga, où l’Obamania avait effectué son charme ravageur.
Ces Africains oublient une réalité fondamentale : Obama est et reste Américain, et d’ailleurs hier il a répété mutadis mutandis sur la Bible ce que ses devanciers depuis George Washington ont fait : «Je jure solennellement que je remplirai fidèlement la fonction de président des USA et que je me consacrerai à préserver, protéger et défendre la constitution des USA… Avec l’aide de Dieu».
Certes, pour ses compatriotes, il a engrangé quelques victoires :
- Ben Laden est mort le 2 mai 2012, le SEAL (unités spéciales) ayant étêté la nébuleuse internationale à Abbotabad ;
- «Général Motors est toujours vivant» pour reprendre les mots du vice-présient Joe Biden, puisque 750 milliards de dollars ont été injectés pour sauver l’industrie automobile ;
- et que dire de l’Obamacare, la première assurance-santé universelle, obtenue de dur labeur, qui permettra, en 2014, à 30 millions d’Américains de bénéficier d’une couverture sociale ?
Bémol à toutes ces actions plus ou moins réussies : l’immigration, le contrôle des armes, l’Iran et son programme nucléaire, l’éternel problème Palestine/Israël, qui donnent de l’insomnie à l’auteur de Bestseller Dream of my father.
Et l’Afrique dans tout ça ? Juste un «pèlerinage» au Caire et surtout un speech devant le Parlement ghanéen en juillet 2009, où il a revisité Montesquieu et Rousseau avec un zeste de Tocqueville ont été les actes majeurs à l’égard de sa seconde patrie lors de son premier mandat.
Un président réélu pour un second mandat ayant les coudées plus franches en matière de politique extérieure, qu’attendre des dernières cartes du pensionnaire de la Maison-Blanche relatives à l’Afrique pour cet ultime mandat (2012-2016) ? Obama daignera-t-il ajouter une plus-value aux chantiers africains entamés par Bush fils ? Engagera-t-il les Boys dans «le sahélistan», plus particulièrement au Mali ?
Les drones américains, si efficaces et fatals aux terroristes pakistanais ou afgans, aideront-ils la France et les troupes de la CEDEAO à bouter hors du Nord-Mali les narcotraficants et les djiadistes ? Quel nouveau paradigme impulsera-t-il à la coopération avec les Africains ? Fera-t-il un voyage ne serait-ce qu’en pays Luo au Kenya pour s’incliner sur la tombe de son père ? «Il est temps d’agir», a-t-il dit dans son discours d’hier. Y compris en Afrique peut-être. Wait and see.