Goma (RD Congo) - Une dizaine de militants d’un mouvement congolais pro-démocratie, arrêtés mardi à Goma dans l’est de la République démocratique du Congo, ont été libérés, de même qu’un journaliste congolais à Kinshasa, a-t-on appris mercredi de source officielle et auprès de la chaîne de télévision.
Les militants du mouvement congolais Lutte pour le changement (Lucha) avaient manifesté pour demander la libération d’activistes africains arrêtés dimanche dans la capitale Kinshasa lors d’une rencontre sur la bonne gouvernance et la démocratie.
"Ils sont venus assiéger le siège de l’ANR (l’Agence nationale de renseignement)" qui les a "interpellés", mais après "vérification par les services" concernés, "les neuf (militants) ont été libérés hier (mardi) vers 17h00 (15h00 GMT)", a déclaré à l’AFP Julien Paluku, gouverneur de la province du Nord-Kivu, dont Goma est la capitale.
La Lucha a confirmé sur Twitter la libération de ses militants qui ont, selon elle, "subi la torture et du chantage par les agents de l’ANR". Leur arrestation s’était déroulée de manière brutale, selon des témoins.
A Kinshasa, un journaliste de la chaîne congolaise privée Antenne A, Eric
Izami, arrêté avec les militants africains ce week-end, a également été libéré
mardi soir, a annoncé la chaîne.
Les militants sénégalais et burkinabè arrêtés dimanche, avec une trentaine
d’autres personnes - dont des journalistes étrangers et un diplomate
américain, rapidement libérés -, appartiennent aux mouvements "Y’en a marre",
acteur majeur du combat contre un troisième mandat du président sénégalais
Abdoulaye Wade (2000-2012), et "Balai citoyen", en pointe dans la "révolution"
qui a chassé le président burkinabè Blaise Compaoré en octobre 2014.
Le gouvernement congolais les accuse de s’être livrés à la "préparation d’actes de violence". Après la libération des militants de la Lucha, la situation restait tendue
à Goma.
"Nous allons poursuivre des actions pacifiques jusqu’à la libération de
Fred Bauma (un membre de la Lucha arrêté dimanche) et de tous les autres
militants détenus à Kinshasa", a promis le mouvement sur Twitter.
L’organisation a annoncé qu’un sit-in était en cours devant le gouvernorat
et qu’une "grève (était) enclenchée à l’université de Goma".
"La détention d’activistes pro-démocratie (...) est le tout dernier signe alarmant de la répression de manifestations pacifiques avant le scrutin présidentiel de l’année prochaine" et "le signe d’une répression inquiétante de la liberté d’expression et de réunion en RDC", a condamné mercredi l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW).
L’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) a dénoncé "le resserrement des libertés publiques, les arrestations et détentions arbitraires qu’opère de plus en plus l’ANR", exigeant que "le gouvernement fasse sanctionner les responsables pénalement et/ou disciplinairement".
Lors de sa conférence de presse hebdomadaire mercredi, la Mission de l’ONU
dans le pays (Monusco) a indiqué s’être mise "en relation avec les (...)
institutions compétentes pour que les interpellés puissent être libérés".
"Les libertés individuelles et collectives, ainsi que d’ailleurs les
libertés d’expression et de réunion, sont reconnues par la Constitution de la
RDC", a souligné Charles Bambara, directeur de l’information de la mission
onusienne.
Le climat s’est fortement crispé en RDC depuis des manifestations violentes du 19 au 22 janvier qui ont fait, essentiellement dans la capitale, entre 27 et 42 morts, selon les sources.
Les contestataires dénonçaient un projet de révision de la loi électorale qui aurait permis de prolonger le mandat du président Joseph Kabila après la fin 2016, date de la fin de son quinquennat, alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.
hab/de/tmo