Une douzaine de militants congolais de Lutte pour le changement (Lucha) ont été arrêtés mardi à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, pour avoir protesté devant les locaux de
l’Agence nationale de renseignement (ANR) qui détient un des leurs à Kinshasa, a rapporté un membre du mouvement.
"Il y a douze militants de Lucha qui viennent d’être arrêtés à l’ANR de manière très brutale. Ils sont allés là-bas (...) demander la libération immédiate et sans condition de Fred Bauma et des autres militants pro-démocratie" arrêtés dimanche à Kinshasa, a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat un militant de Lucha.
"Ils demandaient aussi que le gouvernement garantisse la liberté des droits et libertés fondamentaux des citoyens congolais", a ajouté cette source, affirmant que Lucha avait "informé la mairie" qu’elle tiendrait mardi matin une "manifestation tout à fait pacifique".
Selon elle, deux ressortissants belges ont été pris à partie par les forces de l’ordre.
Samedi, des militants du mouvement sénégalais "Y’en a marre", burkinabè "Balai citoyen" ou encore congolais Lucha avaient organisé à Kinshasa une rencontre destinée à sensibiliser la jeunesse sur les questions de gouvernance et de démocratie.
Dimanche, les organisateurs ont tenu une conférence de presse mais les forces sont intervenues pour arrêter une trentaine de personnes, selon des témoins. Le groupe a été conduit au siège de l’ANR, dans le nord de Kinshasa.
Trois journalistes français (AFP, RTBF, BBC), deux journalistes congolais (BBC et Antenne A), un Français qui participait à l’organisation de la rencontre et un diplomate américain avaient été arrêtés. Tous ont été libérés dans la soirée de dimanche mais, lundi soir, le journaliste d’Antenne A restait détenu.
Parmi les militants toujours aux arrêts lundi figurent des Congolais, dont Fred Bauma de Lucha, le Burkinabè Sidro Ouedraogo de Balai citoyen, ainsi que les Sénégalais Fadel Barro, meneur charismatique de Y’en a marre, Aliou Sané et le rappeur Fou malade.
Les arrestations ont été dénoncées par plusieurs associations congolaises, sénégalaises, burkinabè et non africaines, qui ont demandé la libération des personnes détenues.
Y’en a marre, un mouvement formé par des jeunes, dont des rappeurs, a été à la pointe du combat contre un troisième mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012).
Balai citoyen voulait pour sa part empêcher le président Blaise Compaoré, en poste depuis 27 ans, de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat. Fin octobre 2014, M. Compaoré a abandonné le pouvoir sous la pression de la rue.
En RDC, le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut pas briguer un nouveau mandat en 2016, mais l’opposition soupçonne son camp de chercher les moyens de le maintenir en poste au-delà du terme de son quinquennat. La situation a créé de vives tentions.
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