C’est un élucunaute qui aime bien les propos des Mochichinautes de Mochichi FM. Je dis aimer mais c’est plutôt un fana qui prétend que des élucus sans Mossiteries ce n’est pas des élucus.
Pour se faire bien comprendre il ajoute que des élucus sans Mossiteries c’est comme le forum des internautes du 3wlobs. sans Anta ou Korô Yamyélé. Je ne vois vraiment pas le rapport entre Anta, Korô Yamyélé et la Mossiterie mais c’est ce qu’il a dit l’élucunaute.
Personnellement, j’avoue que je n’ai plus l’obsession de la feuille blanche lorsque je m’attable pour élucubrer. Tous les matins de 6 à 8, je fais mon plein de Mossiteries en me branchant sur Mochichi FM. Des Mossiteries à gogo. Je n’ai qu’à puiser les plus élucubrantes pour garnir la page 6.
Plus besoin de me casser la tête. Le hic c’est que les Mochinautes traitent parfois de sujets sensibles sur lesquels il ne faut pas dire n’importe quoi. Moi qui ne fais que rapporter ce que j’ai entendu, il arrive qu’on m’accuse d’avoir donné mes propres avis.
Je n’oublierai jamais ce jour où j’ai dû m’enfermer à double tour dans les W.-C. de l’Obs. pour échapper à une horde de pagb-naabas avec à leur tête une certaine Anta, qui à ce qu’on m’a dit tenait une spatule plus longue et plus grosse que celles de la troupe. Tout simplement parce que j’avais osé écrire qu’un quidam du nom de ZABR’SILGA avait déclaré à propos de l’excision : « ON VA COUPER PIAN ! ».
Zabr’Silga c’est une des stars de Mochichi FM. En fait de stars, ils sont nombreux sur la chaîne. L’un d’eux s’appelle WENDEMI. Lorsqu’il intervient c’est toujours dans un accès de rage et il pourrait Mochichiter jusqu’à la fin de l’émission si on ne lui retire pas la parole.
Dans la semaine écoulée, la discussion portait sur les hommes politiques qui pour un oui ou pour un non courent se réfugier chez le Moro Naaba. Et Zabr’Silga de suggérer que puisque c’est ainsi, puisque le Moro Naaba est unanimement reconnu comme l’autorité suprême, celui qui donne le salut aux fugitifs de tout poil, il faut donner Kosyam à l’Empereur des Mossés. Il propose qu’à cet effet on organise des marches-meeting dans tout le pays en criant « Moro ! Kosyam ! Moro ! Kosyam !».
Cette proposition semblait faire l’unanimité lorsque Wendémi prit la parole en ces termes :
Zabr’Silga, tu es bête non !? Comment ose-tu proposer de nommer le Moro Naaba à Kosyam ? Tu sais bien que lorsque ça chauffe c’est toujours chez le Moro Naaba qu’on court se réfugier. Si le Moro Naaba devient Président du Faso et que ça chauffe encore, Son Altesse va courir se réfugier chez qui ? Han ?!
A ces mots un Mochichinaute intervint :
- C’est vrai, Wendemi a raison. Il ne faut pas mêler le Moro à ces histoires politiciennes. Sinon si ça chauffe il n’y aura plus personne pour éteindre le feu.
C’est alors qu’une femme Mochichinaute prit la parole pour dire :
Wendemi, pourquoi tu dis que Zabr’Silga est bête ? C’est toi qui es bête. Le Moro Naaba peut bien prendre Kosyam sans aucun problème. Si ça chauffe il pourra aller se réfugier chez le chez des Samos.
- Stupeur…
- Quoi !? Les Samos on un chef ? Depuis quand ?
- Bien sûr, qu’ils ont un chef. Et ce n’est pas un chef wiya wiya hein, leur chef est un banquier. Et puis si le Moro ne veut pas demander asile chez le chef Samo il pourra toujours aller se réfugier chez l’oncle Tougolo le tonton de Toégui.
- Chez le tonton de Toégui ? Karissa ! Il doit être un buveur invétéré de gnontoro comme Toégui.
Halte là ! Trêve d’élucus ! J’ôte ici ma casquette d’élucubreur pour vous parler d’homme à homme. Je suis très fâché et vous savez que ça ne m’arrive pas souvent. C’est l’intervention d’une femme à la radio qui m’a mis dans cet état. Une femme d’un certain âge qui parlait d’une voix pathétique implorant les autorités du pays, qu’elle nomme « ceux qui ont la force et qui ont la parole ». Je crois même qu’elle pleurait, la pauvre vieille.
Mais d’abord, qu’on me réponde. Est-ce vrai que la télévision, notre télévision nationale a retransmis en gros plan, sans la moindre pudeur, les séquelles d’une excision ? Mon Dieu !
Ecoutez la supplication de la vieille femme.
- Dites leur… Dites à ceux qui ont la force et qui ont la voix, dites leur de faire pardon. Ils nous ont obligés à abandonner une coutume que nous avons héritée de nos ancêtres. Nous nous sommes soumis à notre corps défendant parce que nous n’avons ni la force ni la voix… Mais de grâce, nous les en supplions à cause de Dieu, qu’ils arrêtent de présenter ainsi notre intimité au regard du monde entier.
Nous les femmes, nous sommes vos mamans, nous sommes vos femmes, nous sommes vos sœurs, nous sommes vos enfants, nous ne méritons pas que vous exposiez à la vue du monde la partie la plus intime de notre corps, celle que Dieu lui-même a dit de cacher. Lorsque nous voyons ces images à la télévision, la honte veut nous tuer.
A quoi nous sert encore de porter des pagnes ? Nous pourrions marcher nues puisse ce que nous cachons en portant les pagnes est visible par tout le monde. Nous on a pas de voix mais nous prions ceux qui ont la voix de plaider pour nous. Nous avons appris que la personne responsable de la télévision est une femme comme nous. Si c’est exact, nous lui demandons de faire pardon, de ne plus laisser la honte s’abattre sur nous.
Après le Conseil Constitutionnel, le tour du Conseil Economique et Social. L’heure de la déCDPétisation aurait-elle sonné ?
La délégation conduite par le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité a reçu un accueil triomphal à son retour de mission du Ghana, du Mali, du Gabon et de la Côte d’Ivoire. Les membres de l’équipe vont se reposer, récupérer de leur mésaventure à Cocody et repartir bientôt pour d’autres destinations. Où vont-ils aller ? On en sait rien pour l’instant. Au Soudan peut-être. Au Nigeria peut-être.
En Amérique peut-être. Ils vont partir, ils vont revenir et ils vont repartir encore. Leur mission sera de visiter tous les pays abritant des Burkinabè, pour leur expliquer pourquoi ils ne pourront pas participer aux élections du 11-Octobre. Et nous espérons que cette fois leur mission sera bien exécutée contrairement à la mission inachevée de la dernière sortie.
En effet, la dernière mission n’a pas été bien accomplie. Il ne suffit pas de se rendre dans un pays, de rassembler quelques compatriotes à l’ambassade dans la capitale pour tenir un entretien d’une heure. Si on prend l’étape de Côte d’Ivoire, combien étaient-ils les Burkinabè qui étaient au Consulat à Abidjan ? Et combien de Burkinabè le Consulat peut-il contenir ? Dix mille ? Vingt mille ou cinquante mille comme au stade Champroux ?
On ne peut pas dire que c’est beaucoup de monde puisqu’il y a près de cinq millions de nos compatriotes dans le pays. Les Burkinabè qui ne résident pas à Abidjan, qui sont à la frontière du Libéria ou à la frontière de la Guinée, comment vont-ils être informés du message que le chef de l’Etat désirait leur adresser ?
Nous espérons que l’on ne va pas nous faire savoir qu’il n’y aura plus d’autres missions d’explications. Ils sont partis au Gabon… Pourquoi n’iront-ils pas au Soudan ? Ils sont partis au Mali… Pourquoi n’iront-ils pas au Nigeria ? Ils sont partis en Côte d’Ivoire… Pourquoi n’iront-ils pas en Amérique ? Les Burkinabè du Gabon, du Mali, du Ghana et de Côte d’Ivoire auraient-ils plus de droits que les Burkinabè du reste du monde ? Plus de droits que ceux du RDCongo par exemple ?
Oh là là ! Sacrée page 6 qui n’est ni élastique ni extensible. Mais vous m’avez compris j’espère.
En tout cas, la mission du MATDS peut se féliciter d’une chose : elle a semé une profonde zizanie entre les Burkinabè de Côte d’Ivoire et ceux de l’intérieur. Du jamais vu. Pour s’en rendre compte il suffisait d’écouter les radios FM émettant en Français ou en langue nationale. C’est comme si au lieu de ce groupuscule dont on nous a parlé c’était tous les Burkinabè de Côte d’Ivoire sans exception qui avaient maltraité la délégation du MATDS. Alors qu’ils n’étaient même pas mille. Les propos étaient acerbes, si acerbes qu’il ne serait pas indiqué de les répéter ici, même sous forme d’élucubration.
Et cette phrase du Premier ministre Zida : «S’il y a une main invisible de millions de mains visibles lui répondront». Cette réponse à un groupuscule n’est-elle pas disproprotionnée ?
Le vote des Burkinabè de l’étranger j’en ai par-dessus la tête. Vous voulez que je vous dise à quoi je pense lorsque j’entends parler de 2020 ? A une patate chaude que la Transition cherche à léguer aux vainqueurs de la présidentielle du 11-Octobre.
De quoi auront-ils l’air lorsqu’en 2020 ils devront avouer que cette année encore le vote des Burkinabè de l’étranger n’est pas faisable ? Parce que ce vote ne peut pas se faire, foi de Toégui.
Charles Guibo