Le Burkina Faso a commémoré, à l’instar d’autres pays du monde, la Journée mondiale du rein, le 12 mars 2015. A l’occasion, plusieurs activités ont été menées du 12 au 14 mars 2015, par l’Association burkinabè des dialysés et insuffisants rénaux (ABUDIR).
Chaque année, le 12 mars, le monde entier commémore la Journée du rein. Au Burkina Faso, par le biais de l’Association burkinabè des dialysés et insuffisants rénaux (ABUDIR), du 12 au 14 mars 2015, plusieurs activités ont été menées. Au nombre desquelles, l’on peut citer une projection de film documentaire sur l’hémodialyse et une conférence publique de sensibilisation. L’objectif a été de faire comprendre à l’opinion publique, ce qu’est l’insuffisance rénale et les difficultés que vivent les malades. Le thème de cette année a été: « Des reins en bonne santé: c’est vital pour tous». Ainsi, très tôt, dans la matinée du 14 mars 2015, les membres de l’ABUDIR, des étudiants en médecine, des infirmiers, des parents de malades ont pris d’assaut le Centre national des arts et du spectacle et de l’audiovisuel (CENASA) pour prendre part à la conférence publique, animée par le Pr Adama Lengani, néphrologue et chef du service néphrologie du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) et le Dr Gérard Coulibaly, médecin-néphrologue au CHU-YO. Dans son exposé, Dr Coulibaly a expliqué les causes de l’insuffisance rénale. Ce sont les infections, l’hypertension artérielle, le diabète, la goutte, la lithiase, les maladies héréditaires, la pression artérielle et la prise anarchique de certains médicaments. Le Pr Lengani, lui, a défini l’insuffisance rénale comme l’incapacité des reins à éliminer les toxines dans l’organisme. Pour l’éviter, il a préconisé de lutter contre toutes les pathologies qui l’entraînent. « Il faut aussi surveiller ce que l’on mange », a-t-il dit. Le président de l’ABUDIR, Dramane Paré, a profité de cet instant pour égrener un chapelet de doléances qu’il a qualifié de vitales pour l’amélioration des prestations offertes aux dialysées.
Un centre d’hémodialyse à Bobo-Dioulasso
En effet, M. Paré a souhaité la gratuité de la dialyse, des examens médicaux, la dotation des malades en érythropoïétine et autres médicaments nécessaires, l’augmentation de la subvention, la réduction du prix de la fistule arténo-veineuse. La création d’un centre d’hémodialyse à Bobo-Dioulasso, le renforcement de l’effectif du personnel soignant du centre d’hémodialyse, voire l’ouverture d’une filière de formation en hémodialyse, la mise à niveau régulière des techniciens de maintenance et le personnel soignant, le renforcement des initiatives et des moyens de sensibilisation sur l’insuffisance rénale et une bonne filière pour l’acquisition de consommables, sont autant de requêtes à l’endroit des autorités burkinabè par ces malades. «Que Dieu vous garde en bonne santé et vous évite surtout l’insuffisance rénale », a souhaité le président de l’ABUDIR. Comme l’a affirmé cette commerçante de 28 ans, Zarata Zagré, avoir l’insuffisance rénale, c’est souffrir d’un mal atroce. «Je dialyse, il y a trois ans de cela. Je vis cette maladie avec beaucoup de souffrance. La dialyse se fait chaque cinq jours, ce qui nous empêche, nous malades, de vaquer à d’autres occupations. La dialyse coûte cher. Rien que pour débuter, il faut verser la somme forfaitaire de 500 000 francs CFA, sans compter les examens, les médicaments, etc. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités, chefs coutumiers et tous ceux qui peuvent nous aider, qu’ils le fassent parce que ce n’est pas facile de souffrir de ce mal», a expliqué la malade.
Le directeur général du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), Bibia Robert Sangaré, par ailleurs parrain de la conférence et représentant le ministre de la Santé, a encouragé les malades. «Nul n’est à l’abri de cette maladie », a-t-il reconnu. Toutefois, il a souhaité que les autorités gouvernementales prennent à bras-le- corps cette pathologie qui fait beaucoup de victimes. « Le drame de l’insuffisance rénale lorsqu’elle atteint sa phase critique, nécessite ce qu’on appelle la dialyse, c’est-à-dire qu’on doit vous brancher à des équipements et à l’aide de consommables et de mélanges, c’est comme une batterie qu’on charge», a souligné le DG. Et de renchérir : « Le problème, c’est que ça coûte excessivement cher». Pour preuve, M. Sangaré a argué qu’un seul générateur coûte 20 millions de francs CFA, un fauteuil de dialyse coûte entre 3,5 et 4 millions de francs CFA. Sans oublier les consommables. Un seul kit coûte par exemple 48 000 francs CFA. Conscient de cela, l’Etat a subventionné la dialyse à 500 000 F CFA au lieu 1 200 000 francs CFA. Mieux, il a donné une subvention d’un milliard qui a permis l’achat de générateurs et autres matériels de soins. « Ça ne suffit pas », a avoué le DG/CHU-YO. Il a confié que l’hôpital dispose de 30 générateurs. « Quand vous avez 200 malades et chaque séance par personne prend entre 5 heures et 7 heures. C’est-à-dire que même si on fait un groupe de 30 personnes, c’est compliqué. Pour 200 personnes, il faut combien de générateurs pour pouvoir prendre tout le monde en même temps ? », s’est interrogé Robert Sangaré. En plus de tout cela, il a évoqué le problème de personnels spécialistes. A ce sujet, il a laissé entendre que le Burkina Faso n’a que deux néphrologues. Une situation qui rend la prise en charge de l’insuffisance rénale plus compliquée. Eu égard à tous ces problèmes, le parrain a exhorté les autorités, de déployer des efforts supplémentaires pour ramener le coût de la dialyse à un niveau modeste tout en reconnaissant que toutes les maladies s’équivalent. « Dans la plupart des pays, la dialyse est fortement subventionnée. Certains la prennent gratuitement en charge. Au Bénin par exemple, le prix de la séance est de 5000 à 2500 francs CFA. Notre souhait, c’est de la ramener à ce prix », a indiqué le représentant du ministre de la Santé. En attendant, les populations devront continuer à surveiller leur alimentation, contrôler leur tension artérielle et surtout éviter les médicaments de la rue ou la prise anarchique des comprimés.
Gaspard BAYALA