Les activités dans les centres de détentions de l’ensemble du territoire burkinabè sont au ralenti. Pour cause, les agents de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) observent un mouvement de protestation pour exiger le respect des textes régissant leur corps, afin que « la marginalisation sociale » dont ils souffrent prenne fin. Débuté depuis le mardi 10 mars 2015, les agents conditionnent la reprise des activités par la prise en compte effective de leurs revendications.
« Nous avons tout fait pour que cela n’arrive pas. Nous avons initié une correspondance pour dire à madame (Ndlr ; Joséphine Ouédraogo, ministre de la Justice) que le climat n’est pas bon dans les rangs. Mais, on ne nous a pas écoutés ». C’est par ces mots que Hermann Bayala, secrétaire général du Syndicat national des Agents de la Garde de sécurité pénitentiaire (SYNAGSP) nous a accueillis dans les locaux de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). C’est donc après avoir tenté en vain de rencontrer leur ministère de tutelle (Ndlr ; ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique), que les acteurs en charge de la sécurité du monde carcéral ont fini par mettre leur menace à exécution, à compter de mardi 10 mars 2015. « Le 23 février dernier, nous avons demandé une audience auprès de la ministre, qui estime qu’elle n’a pas le temps pour nous recevoir. Donc, nous nous sommes patientés en vain », a expliqué, Hermann Bayala. Les raisons de ce mouvement d’humeurs, selon les grévistes, résident dans le fait que des décrets, pris antérieurement par le gouvernement, allant dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail n’ont toujours pas été appliqués. Entre autres, on retient le décret portant réorganisation du corps des agents de la GSP, qui devrait revoir le processus de recrutement et d’évolution desdits agents. En plus, il y a celui portant sur la limite d’âge pour ces agents d’aller à la retraite professionnelle. A cela, s’ajoutent le décret portant sur la grille indemnitaire et celui portant sur la grille salariale. Un autre point de revendication concerne la suspension de la moitié des salaires pour les agents ayant des ennuis judiciaires. Une mesure que les agents de la GSP jugent injuste dans la mesure où elle n’est pas appliquée à tous les niveaux des agents de la fonction publique. « Nous sommes le seul corps, où si tu as un problème avec la justice, on suspend la moitié de ton salaire. Alors que pour les autres corps ce n’est pas le cas. Il faudrait qu’on traite équitablement les agents de la Fonction publique », a révélé Hermann Bayala. Pour ce dernier, les agents en charge de la sécurité du monde carcéral sont marginalisés, non seulement au niveau social, mais également par les autorités. Celui-ci s’est justifié en expliquant que parmi les 8 commissions mises en place par le ministère de la Justice, en prélude aux états généraux de la justice, leur corps n’est point représenté, sauf le directeur de la MACO qui est vice-président de la commission Sécurité. « En plus, sur les 7 conseillers du département de la Justice, il n’y a aucun membre de la GSP », a-t-il déploré.
Pas de réception de nouveau détenu dans les maisons d’arrêt et de correction du pays
Ce mouvement d’humeurs handicape sérieusement les activités des centres de détention, car un certain nombre de services ne sont pas assurés. Parmi lesquels, « l’arrêt total des communiqués » et des « auditions ». Aucun détenu, selon les protestataires, ne sera admis dans leurs locaux, sur toute l’étendue du territoire national, jusqu’à ce que leurs revendications soient diligemment traitées. Pareillement, les audiences sont ajournées. Une situation qui, selon les protestataires, est déplorable. Quand même, ils ont souhaité qu’une issue favorable soit vite trouvée afin de désamorcer la crise. C’est pourquoi le secrétaire général du SYNAGSP a affirmé que « le mouvement sera encadré pour éviter des dérives ». Par ailleurs, nous avons tenté vainement de rencontrer le directeur la MACO. Son adjoint a, lui aussi, dit qu’il n’a pas reçu d’autorisation de s’exprimer sur la question. Au moment où nous bouclions cette édition, nous eûmes appris que les protestataires seront reçus par le premier ministre, Yacouba Isaac Zida (Ndlr ; dans la soirée du mardi 10 mars). La suite des événements, de l’avis de Hermann Bayala, dépendra de ce qui sera assorti de la rencontre d’avec le premier ministre 1
Par Lassané SAWADOGO
(stagiaire)