Un problème de chefferie oppose des populations à Kougri, une localité située dans la province du Ganzourgou. En effet, dans la soirée du samedi 7 mars 2015, les protestataires venus de 9 villages à savoir, Dawaka, Koiratenga, Nawougtenga, Wayen, Zoungou, Patie, Gogin, Zomogdo, Banghinson et Goghin, voulaient coûte que coûte déloger le chef de Kougri de son fauteuil. Selon eux, ce dernier ne serait pas de la localité, par conséquent, il n’a donc pas le droit de régner sur leurs terres.
Chaude journée du samedi 7 mars 2015, dans le village de Kougri, dans la localité de Zorgho. En effet, des populations très remontées voulaient en découdre avec le chef de cette localité. Vieux, jeunes étaient de la partie. Qui avec des machettes, qui avec des coupe-coupe, des dabas, des poulets pour les mânes, sont sortis pour déloger le chef de Kougri, intronisé il y a plus d’une année maintenant. Tout laissait croire à un affrontement. Fort heureusement le pire a été évité de justesse parce que selon les informations, le chef Naaba Sonré, puisque c’est de lui qu’il s’agit était en déplacement dans la capitale. Toutefois, les manifestants ont procédé à des sacrifices. Par cet acte, ils ont laissé entendre qu’ils ont « demandé aux mânes de bénir toutes les personnes qui sont dans cette localité et punir quiconque, qui d’une manière ou d’une autre se sachant étranger sur leurs terres, veut y régner ». Pour revenir à la genèse de cette affaire, selon les propos des protestataires, il y a de cela 41 ans que le père de celui qui s’est fait introniser, était venu demander un lopin de terre pour y abriter. Leurs pères, en son temps, avait accepté sa requête en lui attribuant ce village, nommé Kougri. Donc, au décès de ce dernier, ses enfants ont revendiqué la chefferie. Ce qui n’est d’ailleurs pas possible, du point de vue des protestataires qui stipulent qu’un étranger n’a pas le droit de gouverner dans cette localité, sans au préalable avoir eu leur autorisation. Selon Lazare Sawadogo, un des manifestants, le fait que le nommé Madi Congo, le mis en cause, s’est fait introniser chef de Kougri n’est pas de leur goût. « Cette localité ne lui appartient pas. C’est grâce à mon défunt père que ces gens ont eu cette zone pour habiter. Il n’y avait aucun problème entre nous, en ce moment. Au décès du bénéficiaire de cette terre, ses enfants se sont levés pour aller se faire introniser. On lui avait dit que cela n’était pas possible du moment où ils ne sont pas originaires du village. Sans nous prévenir, ils sont allés voir le Weetenga Naaba qui a intronisé Madi Congo comme chef de Kougri avec comme nom Naaba Sonré », a-t-il expliqué. Un autre protestataire, Samuel Sawadogo, celui-là même qui a procédé au sacrifice a, quant à lui, nié catégoriquement l’existence d’un chef à Kougri. « Ce que nous voulons, c’est qu’on ne dise plus jamais que Kougri a un chef. Nous avons amené nos poulets. S’il persiste, que cette zone lui appartient, nous allons tuer nos poulets et demander à nos mânes de trancher et que le fautif soit sévèrement puni », a-t-il clamé. Même son de cloche pour Emmanuel Kagambèga qui a expliqué que le mobile de leur déplacement se justifie par le fait que le chef de Weetenga a intronisé un chef à Kougri. Alors que la localité ne relève pas du territoire de Weetenga Naaba. « Nous sommes venus exprimer notre ras-le-bol. On était contre le fait qu’un autre chef donne la chefferie à Kougri. Normalement, il ne devrait pas aller se faire introniser là-bas. S’il avait suivi la voie normale en partant voir le chef de Tonsgo, là il n’y avait aucun problème. Le chef de Weetenga n’est pas la personne indiquée pour introniser un chef à Kougri, sans une autorisation ». A l’en croire, cette histoire de chefferie remonte depuis l’année passée. En son temps, a-t-il affirmé, « on avait appelé celui qui s’était fait introniser pour lui demander ses origines ». Ce dernier avait laissé entendre qu’il n’était pas originaire de cette localité, mais ayant une forte population, il a estimé avoir le droit de gouverner. Ainsi, leur fronde vise à dire au chef qu’il ne mérite pas la chefferie. « Il faut qu’il sache que sa place n’est pas à la chefferie. Il faut qu’il continue de prêcher dans les radios et laisse le pouvoir tranquille. Il est un très grand imam et je l’apprécie beaucoup pour ses prêches. Donc, qu’il reste dans ce domaine et ne pas mélanger les choses. Qu’il mette à profit ce don de Dieu et laisser le pouvoir, parce qu’on ne veut plus de discorde entre nous. Il n’est même pas de la lignée d’un roi, car ni son père, ni son grand-père, n’a été roi », a fait savoir un autre frondeur, Souleymane Ouédraogo. A l’en croire, leurs tentatives de rentrer en contact avec celui qui s’est fait introniser, se sont avérées vaines. « Comme nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde, il refuse de répondre à nos invitations. Le comble dans tout cela, est que ce soi-disant chef veut introniser ses propres notables, le lundi 9 mars 2015. Donc, notre souhait maintenant est qu’il quitte le pouvoir pour qu’on intronise quelqu’un d’autres, parce que nous ne voulons plus d’histoires. On a essayé de lui faire entendre raison, mais rien. Cette-fois ci, on en a marre »a-t-il poursuivi. De ces propos, il ressort que des chefs, tels l’empereur des Mossis, le Ouidi Naaba, sont au courant de cette affaire. S’ils ont eu à contacter ces chefs, a-t-il confié, c’est pour ne pas créer la zizanie au sein du Burkina Faso. Après avoir rencontré les protestataires, nos tentatives pour recueillir les propos de l’autre camp furent vaines. Et des injures ont été proférées des à l’encontre des journalistes qu’ils accusent d’être de connivence avec les protestataires. Il a fallu de peu, pour que l’équipe de reportage ne soit passée à tabac. Joint au téléphone, le dimanche 8 mars, Moussa Congo, petit frère du chef, a finalement accepté, dans la matinée du lundi 9 mars, de se prononcer et nous a mis en contact avec le chef de Kougri, Naaba Sonré. Ce dernier que nous avons rencontré dans l’après-midi, du lundi 9 mars 2015, nous a affirmé que contrairement à ce que les frondeurs ont relaté, son père a été bien et bel chef à Kougri. « Donc, pourquoi son fils, après le décès de son père, ne peut-il pas le succéder ? », s’est-il demandé. Selon lui, du vivant de leur père, ce genre de problème n’avait jamais subsisté. Quant aux déclarations des manifestants qui stipulent que les habitants de cette localité sont des étrangers donc, ils n’ont pas le droit de se faire introniser, il a affirmé que cela n’est pas du tout vrai. « Nous sommes ressortissants de Weetenga. Notre père a quitté Weetenga pour habiter ici avec l’autorisation du roi de Weetenga. Une fois installée, celui-ci est allé voir le chef de Wayen pour des bénédictions, mais pas pour lui demander une terre », a-t-il indiqué. En ce qui concerne les propos des protestataires qui accusent l’actuel chef de Kougri de n’avoir pas suivi la voie normale pour se faire introniser, le chef de Kougri répond : « notre père a été intronisé par le chef de Weetenga donc, nous ne pouvons pas faire autrement. Pourquoi aller chez le chef de Wayen pour se faire introniser ? Nous n’avions aucunement failli, en allant se faire introniser par le chef de Weetenga. Je n’ai fait que porter le pantalon de mon père ». A la question de savoir s’il y a quelque chose derrière tout cela, il a répondu par l’affirmative. Selon lui, comme le pouvoir était vacant après le décès de l’ancien chef, son père, les contestataires faisaient tout ce qu’ils voulaient sur son territoire et se partageaient les terres à leur gré. Mais, dès son intronisation, il a mis fin à tous ces agissements. Selon lui, cette grogne peut être liée à l’histoire des terres