En allant, malgré tout, jusqu’au bout du procès des barrons du régime Gbagbo, Abidjan vient de prouver qu’il était possible de laver le linge sale de la crise poste électorale en famille, sur les bords de la lagune Ébrié, au lieu de le déporter jusqu’à la Haye. Mais on ne peut guère affirmer que Simone Gbagbo a eu plus de chance que son mari qui continue de croupir dans les geôles de la Cour pénale internationale (CPI). La justice ivoirienne a plutôt eu la main très lourde en condamnant l’ex-première dame à 20 ans de prison et à 10 ans de privation de ses droits civiques.
Le verdict prononcé tard dans la nuit du lundi au mardi dernier cache mal l’intention du pouvoir d’écarter définitivement les hérauts de l’ancien régime. Jusqu’à la fin constitutionnelle de son mandat, Alassane Ouattara ne devrait plus craindre un quelconque come-back ni de Gbagbo encore moins de son épouse. Il a désormais le boulevard libre pour briguer un second mandat afin de «terminer ses chantiers» en toute légalité. Et peut-être en toute quiétude.
Seulement, le règlement judiciaire de la crise postélectorale ivoirienne n’a finalement rien de surprenant. C’est la «justice des vainqueurs» qui a triomphé. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cet aboutissement des choses apporte finalement de l’eau au moulin de ceux qui ont toujours pensé dès le départ qu’il s’agissait d’un procès politique.
Peut-on alors soutenir qu’une telle issue vaudrait mieux que les fourches de la justice internationale? La réponse variera sans doute, selon de quel bord politique elle est donnée. Car, il y a aussi les Ivoiriens qui auraient préféré qu’il n’y ait pas du tout de procès de «pro-Gbagbo», encore moins de Gbagbo. Dans l’intérêt de la réconciliation, arguent ces derniers.
Bark Biiga