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Bruno Jaffré: «Des témoins disent que Compaoré a tiré lui-même sur Sankara»
Publié le lundi 9 mars 2015  |  FasoZine
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© aOuaga.com par Séni Dabo
Affaire Thomas Sankara : des partisans du défunt face à la presse
Samedi 7 mars 2015. Ouagadougou. Centre national de presse Norbert Zongo. Le Réseau international Justice pour Thomas Sankara a animé une conférence de presse. Photo : Bruno Jaffré, président du Réseau international Justice pour Thomas Sankara




Un des animateurs du site internet thomassankara.net et d’un réseau qui recherche la justice et la vérité sur la mort de Thomas Sankara, auteur de « Les années Sankara : de la révolution à la rectification » et « Les biographies de Sankara », Bruno Jaffrey a co-animé, le 7 mars 2015, une conférence de presse à Ouagadougou, avec des admirateurs du défunt président. Dans l’entretien qui suit, il nous parle des objectifs de ce point de presse à laquelle ont pris part, entre autres, le rappeur burkinabè Smockey, le député Alexandre Sankara de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste.

Fasozine : Quel est l’objectif de cette rencontre que vous avez voulue avec les journalistes ?
Bruno Jaffrey : L’objectif de ce point de presse est de focaliser sur les responsabilités extérieures formées sur une démarche des députés burkinabè du Conseil national de la transition (CNT) qui sont en train de signer un courrier à l’adresse de l’Assemblée nationale en France pour demander l’ouverture d’une enquête parlementaire.
Que vous inspire la décision au Burkina Faso d’ouvrir la tombe de Thomas Sankara pour identifier son corps ?
Je vais reprendre ce qu’a dit madame Sankara : c’est une première étape, mais l’essentiel étant la vérité et la justice. On en est encore loin.

Avez-vous quand même l’espoir de voir advenir cette vérité et cette justice ?
Je pense que le Burkina Faso a quand même montré que l’espoir existait. J’espère qu’on aura des éléments nouveaux qui vont venir du Burkina, malgré les difficultés. Il y a un livre qui a déjà publié le nom des gens qui faisaient partie du commando qui a tué Thomas Sankara. Il faut effectivement les interroger. Depuis quelques années, nous savons, parce qu’ils l’ont dit eux-mêmes, que les compagnons de Charles Taylor étaient présents au Burkina Faso, mais dans les interviews ils ne disent pas ce qu’ils ont fait eux-mêmes très clairement.

Il y a des choses étonnantes, il y en a qui disent que c’est Blaise Compaoré qui a tiré lui-même sur Thomas Sankara. C’est un témoignage que je ne valide pas, il faut chercher, on est loin d’avoir tout trouvé. Nous considérons que l’assassinat de Thomas Sankara est le début de l’organisation d’alliances qui vont attaquer le Liberia et la Sierra Léone. Puisqu’on a appris d’une agence américaine il n’y a pas très longtemps, que Charles Taylor travaillait pour les Américains, et qu’il était chargé d’infiltrer les révolutionnaires africains. Comme beaucoup de gens, Charles Taylor a suivi sa démarche personnelle.

Pourquoi l’assassinat de Thomas Sankara signe cette alliance ?
Nous savons que la Côte d’Ivoire a participé à cette affaire. Blaise Compaoré est marié à une Ivoirienne, tout cela a dû créer une certaine ambiance. Il y a des gens qui ont dit que Félix Houphouët-Boigny avait envoyé de l’argent pour déstabiliser cette période qui a préparé l’assassinat. Moi je n’étais là. Mais je me rappelle avoir vu des tracts qui, d’une part, insultaient Blaise Compaoré et d’autre part insultaient Thomas Sankara. C’est typiquement une tentative de déstabilisation des liens qu’ils pouvaient avoir.

Vous avez aussi la main de Kadhafi, il reste à avoir des éléments, dans la mesure où Sankara n’obéissait pas à Kadhafi. Kadhafi avait promis beaucoup d’aide, elle n’est pas arrivée, Kadhafi, dans son entreprise, c’est quelqu’un de très contradictoire, il avait pu considérer que Charles Taylor était quelqu’un qui pouvait faire du bien puisqu’il se présentait ici. Et les Français aussi d’une façon indirecte, puisque Thomas Sankara gênait la région. Il gênait tous les pays étrangers, il déstabilisait la région simplement par l’exemple d’intégrité qu’il était, sa volonté de construire son pays.

En somme ?
On va avoir ici confirmation du nom du commando qui a tué Thomas Sankara. Mais on n’a fait que le début du travail. Que ce soit pour les Américains, la France, les Libyens, les Burkinabè, il est quand même essentiel que l’ensemble de la vérité soit faite, et on a beaucoup de travail avant d’y arriver.

Pourquoi ?
Parce que les intérêts sont puissants, ils empêchent que la vérité sorte, qu’on dénonce la mainmise de la France sur l’assassinat de Thomas Sankara.

Vous avez annoncé une autre conférence de presse pour le mardi 10, que vise-t-elle ?
Ce sera en concertation avec Me Bénéwendé Sankara, qui a parlé avec Mariam Sankara. Vous pourrez parler avec lui de toute la stratégie des avocats, des éléments du dossier qu’ils ont en leurs mains, des rapports qu’ils ont eus avec le gouvernement, etc.

Propos recueillis par Juste SAMBA
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