Nouveau parlement, nouveau gouvernement et bientôt nouveau maire pour la ville de Ouagadougou… Le Burkina institutionnel se met à l’heure du changement en ce début de l’année 2013. Changement? Disons plutôt renouvellement. L’échiquier politique national est en effet en pleine recomposition, entre divorces annoncés et réconciliations assumées…
Etape cruciale avant la prochaine élection présidentielle de 2015, les dernières consultations législatives et municipales ont redessiné la carte politique du Burkina Faso, avec la montée au filet de nouvelles forces. Et la formation, mercredi soir, de la troisième équipe gouvernementale du Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao, reconduit dans ses fonctions lundi dernier, est venu lifter quelque peu le visage de la nomenklatura politique du «pays des Hommes intègres». Un gouvernement plein de surprises cependant, avec notamment la sortie de l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), alliée de longue date du président du Faso, et l’entrée dans la salle du Conseil des ministres d’une personnalité comme Alain Zoubga, jusque-là en rupture de ban avec le pouvoir. De même, cela n’aura échappé à personne, c’est Dramane Yaméogo, qui s’était rendu célèbre dans l’affaire Norbert Zongo en tant que procureur du Faso, qui garde les Sceaux de la République et hérite du ministère de la Justice.
Par-delà les treize sorties et les onze départs de ce gouvernement Tiao III, on peut noter un petit clin d’œil à la gent féminine, bénéficiaire de cinq des 32 portefeuilles ministériels. Juste un clin d’œil cependant, qui ne soigne en rien la représentativité des femmes présentes au sein de l’Exécutif, puisqu’elles étaient 4 sur 30 dans la précédente équipe. Mais il y a aussi, sans doute, une volonté de coller au vent de changement qui souffle sur les institutions, quitte parfois à faire du neuf avec du vieux. En tout cas, le chef du gouvernement a maintenant l’obligation de rythmer la cadence de tout ce monde pour relever les défis qui se posent à la nation, qui amorce une délicate transition politique.
Dans cette optique, le Parlement renouvelé doit jouer pleinement sa partition en s’élevant au-dessus des intérêts politiciens. On a du reste pu percevoir, dans l’élection de Soungalo Apollinaire Ouattara au perchoir, un signe de la nécessaire modération à imprimer aux débats dans l’hémicycle. «Je serai un président de concorde, humble, respectueux et travailleur pour l’intérêt général», a dit le nouveau président de l’Assemblée nationale. De quoi satisfaire sans doute les uns et les autres, même si Soungalo Ouattara sait qu’il est attendu au tournant, tant la gestion de cette législature s’annonce épicée. Mais l’homme a su faire preuve, dans ses fonctions précédentes, et notamment en tant que ministre des Fonction publique, de sa capacité d’écoute et d’innovation et semble avoir les atouts pour conduire à bien traduire sa profession de foi en actes concrets.
En attendant l’élection du nouvel édile de la capitale du Burkina, le pays s’avance tout doucement vers une nouvelle étape politique, résolument dans l’antichambre des prochaines joutes électorales. Le moins que l’on puisse dire, c’est que 2015, c’est déjà demain et que les grandes manœuvres ont d’ores et déjà commencé…