« Quand les élections au Ghana vont finir, vous verrez que les choses vont s’accélérer », avait prévenu Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne, aux partisans pro-Gbagbo, exilés en République du Ghana à qui on attribuait à tort ou à raison, les attaques récurrentes qui se produisent en République de Côte d’Ivoire. Plus d’une dizaine de jours après l’investiture du président nouvellement élu, John Dramani, voilà que les choses commencent à bouger au pays de Kwamé N’Krumah. Alea jacta est pour un pro-Gbagbo et pas n’importe lequel ! Charles Blé Goudé, président des jeunes patriotes et le dernier ministre de la Jeunesse et de la Formation professionnelle de Laurent Gbagbo, quitte définitivement la rue pour un autre terrain, non moins difficile à conquérir : les geôles.
En exil clandestin depuis le 11 avril 2011, date de la chute du régime de Laurent Gbagbo, Blé Goudé a été arrêté dans la matinée, du 17 janvier 2012, à Tema au Ghana par huit policiers ghanéens et ivoiriens. Après 2 ans donc de cavale, le très tristement célèbre, « Le général de la rue », a été cueilli par les fins limiers ghanéens et ivoiriens et conduit au Bureau national d’investigation (BNI) alors qu’il s’apprêtait, dit-on, « à se rendre dans les locaux d’une chaîne de télévision pour y donner une interview ». En attendant les charges officielles qui seront prononcées par une autorité judiciaire contre l’ancien ministre de la Jeunesse et de la Formation professionnelle, on peut d’ores et déjà, subodorer que les causes de son arrestation sont à rechercher dans les événements de 2011 et antérieurs qui ont coûté la vie à des milliers d’Ivoiriens et au cours desquels, le chef des patriotes a été très actif.
Du reste, ce farouche partisan de l’ancien président ivoirien fait l’objet d’un mandat d’arrêt des autorités ivoiriennes « pour kidnapping, détentions illégales, actes de torture et crimes économiques ». Et voilà, la kyrielle des charges pour lesquelles, l’une des figures de proue du régime de l’ancien président ivoirien est appelé à se défendre. Fini donc les appels à l’incitation à la haine. Car, sauf revirement spectaculaire, il faut affirmer sans risque de se tromper que le patron de la galactique patriotique ivoirienne en aura pour longtemps entre les mains des autorités judiciaires. En tout cas, pour quelqu’un qui était recherché comme une perle, tant par la Cour pénale internationale que par les autorités ivoiriennes, sa capture ne peut qu’être salvatrice. Avec tous les crimes les plus abominables dont on lui charge la tête, le président du Congrès panafricain des jeunes patriotes (COJEP) doit se rendre à l’évidence que désormais, son avenir dépendra de la justice, laquelle de toute évidence ne sera pas tendre.
Puisque les faits à reprocher à Blé Goudé sont d’une extrême gravité. Reste maintenant à savoir celui à qui, cet homme qui sait enflammer les foules à son époque sera remis. A la Cour pénale internationale où aux autorités ivoiriennes ? L’un dans l’autre, l’homme qui a été au cœur de toutes les actions qui se sont produites en Côte d’Ivoire durant la crise socio-politique qui a secoué la Côte d’Ivoire plus d’une décennie durant, est réclamé à cor et à cri par tous les deux camps. Pendant que ni même l’avocat israélien, Me Nick Kaufman, ne sait jusque-là, l’autorité judiciaire qui scellera le sort de son client.
Pour l’instant, une seule chose est sûre, les charges qui pèsent sur celui qui se faisait affectueusement appeler « Général de la rue » sont lourdes de conséquences.
Au delà de tous les arguments empreints de partialité qu’avancent les détracteurs de Blé Goudé, il est indéniable, nous en sommes convaincus, que le rôle négatif joué par le leader des patriotes a véritablement causé des préjudices. Incitation à la haine, xénophobie, tortures, assassinats, crimes politiques et économiques, autant de faits qu’on peut reprocher à ce baroudeur digne des époques moyenâgeuses. Durant tout le temps du régime de Laurent Gbagbo, celui qui se trouve dans les locaux du BNI ghanéen s’est illustré comme un véritable animal sauvage en appelant les militants qui lui sont fidèles à perpétuer des actes contre des communautés étrangères ou dans le pire des camps contre ceux du camp politique adverse. A-t-il pensé qu’un jour l’histoire finira par le rattraper ? Evidemment pas, étant donné que l’ivresse du pouvoir pousse à tout. Aucun pouvoir n’étant éternel, celui de Blé Goudé aussi ne l’est pas.
Plus que jamais, son avenir dépendra de la justice, qu’elle soit internationale ou nationale. Toujours est-il que cette arrestation ouvre un autre chapitre dans la vie de Blé Goudé. Il sera sans doute l’objet de tous les sujets que les autorités ghanéennes, ivoiriennes et celles de la CPI aborderont les jours prochains