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2iE : les étudiants prennent le pouvoir
Publié le vendredi 6 mars 2015  |  L`Observateur Paalga
2IE
© aOuaga.com par A.O
2IE : les travailleurs en sit-in pour exiger le départ du DG
Lundi 21 octobre 2013. Ouagadougou. Les travailleurs de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) ont organisé un sit-in pour exiger le départ du directeur général, Paul Giniès




L’Institut International d'Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement Haut du formulaireBas du formulaire (2iE) est fermé jusqu’à nouvel ordre. Un bras de fer entre l’administration et les étudiants sur leur plate-forme revendicative a nécessité l’intervention de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) dans la nuit du mardi 03 au mercredi 04 mars 2015. Conséquence : le directeur général et ses collaborateurs ont déserté les lieux et les étudiants conditionnent toute reprise d’activité par la satisfaction de leurs revendications.

La grille métallique de l’entrée principale du campus de Zogona des 2iE était baissée à 12h tapante ce mercredi 04 mars 2015. Pourtant, à cette heure de la journée sur ce site qui abrite l’administration de l’Institut, il y a d’habitude un agent à l’accueil pour renseigner tous ceux qui s’y amènent. Les hommes de médias, ameutés pour un mouvement d’humeur entre l’administration et les étudiants, commençaient à s’agglutiner là quand une tête s’est élevée au-dessus du portail du parking auto pour leur dire : « Tiy n yê Karambisâ ». On n’entendra pas plus que cette phrase lancée en mooré, qui conseille d’aller voir les étudiants. Le fameux locuteur ayant disparu sans avoir demandé son reste. Des étudiants ? Ce sont plutôt eux qui viendront à nous en faisant le tour par l’entrée du personnel. Brassards rouges aux poignets, au bras, au cou ou sur la tête, ils entendent ainsi manifester leur mécontentement. C’est sous escorte de cette « milice » que les hommes et femmes de médias sont conduits à la porte d’entrée du personnel. Là, certains d’entre eux, matraques en main, filtrent les entrées et les sorties, sous le regard médusé des vigiles commis d’habitude à cette tâche.

« Ce sont des journalistes ». On croirait que note guide avait dit plutôt « sésame ouvre-toi », sa phrase ayant eu le don de libérer le passage. Une fois au milieu de la cour, un coup de sifflet annonce la présence des visiteurs. Un soldat sonnant le rassemblement dans un camp militaire n’aurait pas fait mieux. De tous les recoins, des gens accourent. Chacun tient à raconter sa mésaventure.

A ce jeu où on crie à se rompre les cordes vocales, certaines voix arrivent tout de même à se faire entendre : « Regardez les douilles de gaz lacrymogène ! Ils ont mis du gaz jusque dans nos chambres !» ; « Nous sommes dans une enclave diplomatique et ils sont venus nous attaquer !» ; « Ils nous ont chargés à 2h du matin comme des voleurs !» ; « Nous n’avons rien cassé au sein du campus !»

Il faut se soustraire à cette fournaise pour retrouver le secrétaire général de l’Association des étudiants de 2iE. Retranché dans un bureau avec quelques-uns de ses collaborateurs, Hamani Tahirou Saïdou relate le film des évènements : « Le dimanche 1er mars nous avons eu une assemblée générale avec plus de 400 participants à l’amphi 3 de Kamboinsin. Les étudiants ont fait des revendications (voir encadré) et mandaté alors le bureau de l’association de les porter à l’administration. Le lendemain lundi 02 mars dans la matinée, nous nous sommes rendus au secrétariat du directeur général pour lui remettre la plate-forme revendicative. Mais nous avons été refoulés, car le directeur n’était pas disponible. Sur notre insistance, il nous a donné rendez-vous pour 15h30. Mais à 13h, le président de l’association a reçu un mail qui annulait la rencontre. Nous en avons immédiatement informé nos camarades qui ont décidé de tenir une autre assemblée générale à 19h sur le même site. A l’issue de cette rencontre, nous avons décidé de tenir un sit-in jusqu’à ce que la direction nous reçoive. Mardi à 11h, nous avons pu lire nos revendications devant le directeur général qui y a opposé une fin de non-recevoir. Nous avons alors décidé de maintenir le sit-in. Dans la soirée, les délégués du personnel ont proposé de jouer à la médiation entre la direction et les étudiants. Ils seront rejoints par le secrétaire général et le directeur de cabinet du ministère en charge de l’Agriculture qui est notre ministère de tutelle. Vers 1h du matin, nous étions parvenus à ce que le directeur nous fournisse un document où il s’engage à donner un avis favorable à nos doléances. Le secrétaire général du ministère nous a quittés alors qu’on attendait la rédaction du document. Moins de 45 minutes après, les éléments de la CRS nous ont assaillis avec des gaz lacrymogènes et des coups de matraque. Nous déplorons un blessé grave qui reçoit des soins dans une clinique et huit (08) d’entre nous ont été arrêtés ».

Jusqu’à hier dans l’après-midi, ce sont les étudiants qui étaient les maîtres des lieux à l’Institut. Pour eux, la reprise des activités sur le campus de Zogona et le site de Kamboinsin est subordonnée à la satisfaction de leurs revendications. Le bras de fer n’est pas près de s’arrêter, car la direction n’entend pas céder. (Lire en encadré l’interview du DG de 2iE).

Moumouni Simporé

Encadré

Les revendications des étudiants

Au regard de ce qui précède, l’assemblée générale exige :

- l’annulation de la note de service n°2015/DG/SG/DFIP/DDD/IC n°008 relative aux dispositions réglementaires pour passer en classe supérieure ;

L’annulation de la note de service N° n°2015/DG/SG/DFIP/DDD/IC n°007 relative à la date limite des inscriptions et réinscriptions pour le semestre en cours ;

- l’annulation des frais de reprise d’unité d’enseignement (UE) ;

- l’accès sans condition aux copies des étudiants pour les réclamations ;

- l’établissement du livret d’étudiant ;

- le rétablissement d’une connexion à haut débit sur tout le campus ;

- la représentation des étudiants dans toutes les instances de prise de décision les concernant ;

- le règlement de la situation académique des boursiers suspendus l’année dernière ;

- la restitution de tous les badges de nos camarades ;

- le règlement du problème d’actualisation des notes ;

- L’adéquation entre le semestre académique et le logement à IMODEV ;

- la preuve de l’accréditation de 2iE par le CAMES ;

- le traitement respectueux de tous les étudiants par l’administration de 2iE.

Encadré 2

Le Pr Amadou Hama Maïga, Directeur général de 2iE :

«Leurs doléances remettent en cause la qualité de la formation»

Accusé de rompre le dialogue, le directeur de 2iE que nous avons reçu dans notre rédaction hier dans la soirée s’en défend. Il s’agit plutôt d’une minorité d’étudiants qui veut induire les autres en erreur. Pour le Pr Amadou Hama Maïga, leurs doléances remettent en cause la qualité de la formation de sa structure et il est hors de question qu’il cède à de telles revendications.

Les étudiants vous accusent de fuir le dialogue et de surtout ignorer leurs revendications. Est-ce le cas ?

Le dimanche 1er mars, les étudiants ont tenu une assemblée générale sans nous prévenir contrairement à ce que les textes demandent. Le lendemain, ils ont été programmés pour l’après- midi mais j’avais un engagement et j’ai dû ramener la rencontre à mardi 12h. Ils sont repartis tenir une assemblée générale dans la soirée à l’issue de laquelle ils ont fait sortir des griefs contre 2iE avec l’ultimatum qu’ils puissent trouver solution au plus tard jeudi à midi. Malgré tout, je les ai reçus. Ils ont exposé leurs revendications. Tous leurs points ne sont pas pertinents. Pire, la plupart de leurs revendications sont de nature à remettre en cause la qualité de la formation. Notre formation est reconnue non seulement en Afrique, en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Elle respecte des critères d’évaluation, de validation des unités d’enseignement, de qualification technologique et scientifique, et de langue notamment l’anglais. Ils demandent qu’on revienne sur tous ces éléments et cela n’est pas possible. L’excellence de 2iE tient au respect de ces qualités qui font d’elle une école d’ingénieurs labélisée par la Banque mondiale, l’UEMOA, la CEDEAO, le NEPAD…

Le bras de fer qui vous oppose depuis le début de la semaine a connu l’intervention de la police sur le campus. Le dialogue n’est-il définitivement pas rompu ?

Ce sont eux qui ont rompu le dialogue. Nous leur avons expliqué point par point pourquoi on ne peut pas accéder à leur requête. Ce n’est pas cette année que nous allons revenir sur les bases de la qualité de notre structure, car, eux-mêmes, ils ont été attirés à 2iE par la qualité de la formation. Nous étions même prêts, par exemple, pour de nouvelles modalités de la mise à jour des relevés de notes, mais ils voulaient tout, et se sont dits prêts pour une grève d’un mois.

A Kamboinsin et à Ouagadougou, ils ont bloqué les entrées, refoulé les travailleurs, congédié les vigiles, fait sortir les autres étudiants en cours et nous ont tenus en otage toute la journée et une partie de la nuit. Le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et le directeur de cabinet sont venus pour une médiation qui n’a pas abouti. De 16h à 1h du matin, le dialogue n’a pas servi.

Qu’est-ce qui vous a amené à recourir à l’intervention de la police ?

J’ai la responsabilité de la protection du personnel et des infrastructures de 2ie.Il n’y a aucune raison que l’on prenne en otage des hommes et des femmes parmi lesquels il y avait des femmes qui devaient allaiter leurs enfants. Je devais donc pendre mes responsabilités. En concertation avec les autorités du Burkina qui est notre pays siège, j’ai juste mis en application les réquisitions prévues dans ce sens. Il a fallu élaborer les documents nécessaires et les services de l’ordre sont donc intervenus pour exfiltrer le personnel.

Les étudiants exigent un document écrit de votre part donnant un avis favorable à leurs doléances ou au moins la promesse de sous y pencher. Est-ce à dire que vous n’allez pas leur accorder cela ?

Nous n’avons jamais refusé le dialogue. Mais il est hors de question que je fournisse un document écrit.
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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