Dans moins de 48 heures, les femmes du monde entier, comme à l’accoutumée, célébreront la journée du 8 mars. C’est l’occasion pour nos mamans, sœurs et épouses de se retrouver entre elles pour oublier un tant soit peu les soucis qui sont les leurs. En tout cas, moi je suis déjà pressé parce que je sais qu’à cette occasion, il y aura à manger et à boire à gogo. Ce jour-là, j’irai à Rimkiéta, chez ma tante Rouki qui, chaque année, invite ses collègues et connaissances à prendre un lunch à son domicile. Et je sais qu’en y allant, je vais manger à satiété, au point même d’en amener à la maison.
Bref, excusez-moi si vous sentez que je vous plonge dans mes folies. En effet, pour revenir au 8-Mars, je fais le constat que c’est d’abord et avant tout une affaire des femmes citadines et fonctionnaires. Ce sont elles qui en font leur chasse gardée. Car je suis sûr que pendant qu’on fait le djandjoba à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso par exemple, il y a des femmes en campagne qui dorment le ventre creux. D’autres, je touche du bois, trouvent la mort en voulant donner la vie. Sans oublier toutes ces pauvres dames qui ploient au quotidien sous la férule de leurs intraitables époux.
Certaines d’entre elles travaillent non seulement comme des bêtes de somme, mais font aussi souvent l’objet de brimades de toutes sortes. C’est cela la triste réalité. C’est pourquoi, plutôt que de se rencontrer pour danser et boire, j’aurais bien aimé que sous la houlette du ministère de la Promotion de la Femme et du genre, on organise une caravane qui, à l’occasion du 8-Mars, sillonnera le pays tout entier pour sensibiliser les femmes sur leurs droits. Cela donnera, à mon avis, plus de sens et de relief à la Journée mondiale de la Femme que l’on célèbre depuis des décennies, sans changement réel sur le terrain. Ce qui me choque le plus, c’est quand je remarque que l’on a aujourd’hui presque réduit le 8-Mars à une simple histoire de pagne.
Je veux que l’on en finisse avec la célébration traditionnelle du 8-Mars
Chaque année avec ses problèmes, si bien que ce pagne du 8-Mars a fini par devenir un véritable facteur de division. Car, non seulement il divise les femmes entre elles, mais il divise aussi certains couples. Le prix du pagne n’étant pas à la portée de n’importe quelle bourse, il va de soi que des mésententes interviennent entre certaines femmes et leur époux pour qui, le 8-Mars devient parfois une hantise. Si fait qu’à l’analyse, je me demande même s’il ne faut pas supprimer carrément le pagne à l’occasion de cette journée pourtant pleine de symboles pour la femme. Cela permettra de couper l’herbe sous les pieds des commerçants véreux qui voient dans le 8-Mars une belle occasion pour se livrer à la spéculation.
Il faudra, à la longue, y songer parce qu’en vérité, le débat est tellement focalisé sur le pagne que l’on oublie les vrais problèmes de la femme. Cela dit, je demande aux nouvelles autorités qui viennent de donner un signal fort dans la lutte contre la corruption à travers le vote de la loi anticorruption, de prendre des mesures dans ce sens. Pour que désormais, chaque 8-Mars soit l’occasion pour les femmes de faire moins dans le folklore que dans la halte introspective. Pourquoi ne pas suivre l’exemple du Bénin où, par leur combativité, les femmes ont réussi à faire voter une loi instituant la gratuité de la césarienne ?
En tout cas, je veux que les choses changent. Je suis d’ailleurs heureux que la ministre en charge de la Promotion de la femme ait décidé de supprimer le côté festif du 8-Mars, cette année. C’est tout à son honneur. Je veux que l’on en finisse avec la célébration traditionnelle du 8 mars pour faire de cette date un moment de réflexion et d’introspection pour toutes les femmes du monde entier. Car, j’ai la fâcheuse impression que pendant que l’on lutte contre les inégalités sociales, les femmes, entre elles-mêmes, travaillent à les perpétuer. A chaque occasion de fête, chacune veut faire la différence avec les autres, pour montrer qu’elle n’est pas n’importe qui. C’est ce qui explique tout ce vacarme qu’il y a d’année en année autour du pagne du 8-Mars. Peut-être pourra-t-on envisager, s’il y a lieu, le port du Faso Danfani qui, au moins, a l’avantage de refléter nos us et coutumes.