Ouagadougou- Emigration clandestine, enfants soldats,
révoltes, chômage... les films en compétition au 24e Fespaco, l’un des
principaux festival de cinéma africain, qui s’achève samedi à Ouagadougou,
abordent les fléaux meurtrissant l’Afrique contemporaine, avant la diffusion
jeudi soir de "Timbuktu". Courte sélection.
-- Rapt à Bamako --
La compétition électorale bat son plein dans un pays imaginaire. Obnubilé
par sa future victoire, Moustapha n’accorde aucune importance au rapt d’une
Française, observatrice électorale. Trois neveux de Moustapha enquêtent dans
Bamako pour la retrouver.
Servi par d’excellents jeunes comédiens, le réalisateur malien Cheick Oumar
Sissoko accorde une place importante à l’enfant au sein de la cellule
familiale africaine, dans un continent où ce dernier a rarement voie au
chapitre.
"Il ne faut pas désespérer de l’Afrique comme le font certains. Le
changement est en marche", affirme à l’AFP M. Sissoko, également politicien,
qui depuis sa victoire en 1995, n’est jamais reparti bredouille d’un Fespaco.
-- Four Corners--
Deux gangs s’affrontent sans merci dans l’Afrique du sud post-apartheid,
minée par le chômage. Alors que Chris, sorti de prison, vit désormais dans la
légalité, son fils est contraint d’intégrer un gang jadis ennemi du sien.
Le Swazilandais Zola Maseko avait déjà été consacré meilleur réalisateur
africain en 2005 avec son film "Drum". "Four Corners" a, lui, conquis
critiques et journalistes grâce à un jeu d’acteurs sans faille.
-- Des étoiles --
Abdoulaye, parti de son Sénégal natal, rejoint l’Europe puis l’Amérique par
l’intermédiaire de passeurs clandestins. Aux Etats-Unis, ce sans-papier ère de
ville en ville en quête d’un emploi.
Sa femme, Sophie, lasse de l’attendre, entreprend de le rejoindre à Turin,
quand il vit déjà outre-Atlantique. Le petit Thierno, né à New-York, revient
de son côté à Dakar avec sa mère pour assister aux funérailles de son père.
La Sénégalaise Dyana Gaye, par ces destins croisés, aborde à nouveau les
dures réalités de l’émigration clandestine, dans un film rehaussé d’une pointe
d’amour et d’espérance.
-- L’oeil du cyclone --
Une guerre civile atroce se déroule dans une république imaginaire pour le
contrôle de mines. Le colonel Hitler Mussolini, capturé par l’armée loyaliste
est placé dans une prison de haute sécurité.
Une jeune avocate accepte de le défendre. Elle y découvre son passé
d’ancien enfant soldat, un fléau ayant ravagé et ravageant encore l’Afrique,
cette fois-ci vu par le Burkinabè Sékou Traoré.
-- C’est eux les chiens --
Mahjoul sort de prison, où il a passé 30 ans pour avoir participé aux
mortelles "émeutes du pain" ayant embrasé le Maroc en 1981. Partiellement
amnésique, il doit tout réapprendre et vivre dans une société moderne où les
valeurs ont changé.
Autour de lui, le printemps arabe gronde en Tunisie, Egypte et Libye. Le
réalisateur marocain Hicham Lasri filme les tiraillements d’une société arabe
dominée par un conservatisme puissant mais avide de liberté.
-- Morbayassa, le serment de Koumba --
Bella, prostituée, est obligée d’abandonner son bébé faute de pouvoir lui
offrir une bonne éducation. Libérée d’un trafiquant violent, elle accède au
confort mais ne peut oublier son enfant. Une séance de purification lui permet
de retrouver sa place dans la société.
"Morbayassa, le serment de Koumba", prône la rencontre entre la tradition
africaine et la modernité. Le Guinéen Cheick Fantamady Camara ouvre l’Afrique
au monde tout en revendiquant l’authenticité de l’identité africaine.
roh/jf/de