Parmi les films burkinabè en compétition en cette 24e édition du Fespaco qui bat son plein depuis samedi 28 février dans la capitale burkinabè, le film documentaire « La sirène de Faso Fani », du jeune réalisateur Michel Kiswendsida Zongo.
Dans ce film d’une durée de 80 minutes, le réalisateur retrace les péripéties de la fermeture de Faso Fani, ce fleuron de l’industrie textile du Burkina Faso. A travers le témoignage de travailleurs déflatés de l’usine basée à l’époque dans la ville de Koudougou, des femmes tisseuses qui tentent de reprendre la main, Michel Zongo expose l’importance du Faso Danfani, du nom de ce pagne produit jadis par Faso Fani et dont tous les Burkinabè restent nostalgiques.
Dans ce film, les institutions de Breton Wood ainsi que le gouvernement du Burkina Faso sont indexés pour avoir commandité le démantèlement des entreprises d’Etat dans les années 1990 par le biais des Programmes d’ajustement structurels (PAS), mettant au chômage des centaines de personnes et avec pour seul dédommagement, le certificat de travail.
Aujourd’hui, à en croire « les survivants » de Faso Fani, beaucoup de déflatés sont morts des effets des produits chimiques auxquels ils étaient exposés. Ceux qui vivent encore trainent des maladies. Mais ils ne peuvent pas se prendre en charge du fait de la non prise en compte de leur retraite par l’Etat. Pour Michel Zongo, « il fallait montrer que, malgré la difficulté de la situation, ces travailleurs déflatés ont réussi à garder leur dignité. » Le film se termine par la constitution de la Coopérative Danfani Koudougou, une fédération des ex-travailleurs de Faso Fani et des femmes tisseuses de ladite ville.
A.S.