Inscrit dans la catégorie des films documentaires pour la compétition à la 24e édition du Fespaco, «La sirène de Faso Fani» de Michel Zongo a été projeté le lundi 2 mars au CBC à la séance de 18 heures.
Il est le seul film burkinabè en compétition dans la catégorie des films documentaires. «La sirène de Faso Fani» de Michel Zongo, puisque c’est de cette œuvre qu’il s’agit, est une rencontre avec les ex-employés de l’ex-société de textile à Koudougou liquidé en 2001.
Il révèle les conséquences désastreuses d’une politique économique mondiale «aveugle» des réalités locales.
Pour Michel Zongo, cette œuvre vise à réhabiliter les déflatés dans leur dignité en leur donnant une voie d’expression.
«Ces gens ont été primés dans leur droit et survivent aujourd’hui suite à une injustice criarde. Ils ont traversé des moments très difficiles. Il faut reconnaitre qu’ils ont combattu pour la fierté du Burkina Faso en travaillant dans cette usine», souligne le jeune réalisateur.
Tout en souhaitant que le débat soit posé sur la base de ce que les Burkinabè veulent pour eux-mêmes, M. Zongo est revenu dans le film sur les années de la révolution pendant lesquelles l’ancien président Thomas Sankara prônait la consommation des produits locaux.
«Il avait réussi quelque chose de capital pour notre dignité, cette fierté de consommer ce que nous produisons et de produire ce que nous avons. Je souhaiterais que ce débat revienne parce qu’il y va de la survie de notre économie», étaye-t-il.
L’un des principaux acteurs du documentaire, un ex-employé, Emmanuel Yaméogo, apprécie positivement cette initiative qui, de son point de vue, leur permet de s’exprimer parce que le cinéma est un moyen de communication très puissant. «Nous avons profité interpeller nos dirigeants passés comme futurs, que dans l’avenir il faut qu’ils prennent toutes les dispositions nécessaires afin de ne pas gâcher la vie de travailleurs parce que nous avons subi est très marquant», conseille Emmanuel Yaméogo avec beaucoup d’émotion.
De son avis, ce qui est arrivé à Faso Fani pouvait être évité si les gouvernants avaient écouté les travailleurs. «De la privation en 1990 à la liquidation en 2001, tout a été mal fait.
Il y a eu des initiatives de la part des employé pour sauvegarder l’usine mais l’Etat n’a pas tenu compte», confie M. Yaméogo. Plus de dix ans après, il rassure avec optimisme qu’ils s’en sortent tant bien que mal avec leurs pensions mais aussi des activités de tissage artisanal.
Selon le réalisateur Michel Zongo, il n’y a pas de problème, aujourd’hui, pour remettre l’usine Faso Fani en marche du moment où il y a l’expertise, des installations encore récupérables et de la matière première en abondance.
En attendant, il essaie de mettre en relief, dans une démarche cinématographique, l’activité des tisseuses de la ville de Koudougou à travers la mise en place d’une coopérative.
Né le 11 juin 1974 à Koudougou, Michel Zongo est un réalisateur, cadreur. Il a suivi une formation en prise de vue au Centre national de la cinématographie du Burkina Faso (CNC), un stage de caméraman à la RTB-télé, un stage de premier assistant opérateur à la société de production Cinédoc Films en France.
De 2003 à 2008, il a été responsable du ciné-débat interactif à Cinomade, une association basée au Burkina Faso.
Joseph HARO