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Art et Culture

FESPACO  2015 : «Le numérique a aussi ses contraintes», selon Yssouf Koussé
Publié le mercredi 4 mars 2015  |  Sidwaya
FESPACO
© aOuaga.com par A.O
FESPACO : c’est parti pour la 24e édition !
Samedi 28 février 2015. Ouagadougou. Palais des sports de Ouaga 2000. Le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a donné le clap de départ de la 24e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui se déroule jusqu`au 7 mars prochain sur le thème "Cinéma africain : production et diffusion à l`ère du numérique"




Présent au 24e FESPACO en sélection hors-compétition dans la catégorie Panorama long-métrage avec le film Avant l’audience (coréalisé avec feu Kouka Aimé Zongo), le jeune cinéaste Yssouf Koussé revient dans cet entretien accordé à Sidwaya sur le scénario du film et donne sa lecture des innovations de la présente édition.

Sidwaya (S.) : De quoi traite le film Avant l’audience ?

Yssouf Koussé (Y. K.): Avant l’audience est un documentaire qui traite de la question des droits de l’Homme en général. Nous sommes partis d’un cas parmi tant d’autres en décidant de pénétrer un univers qui n’est pas toujours accessible au grand public à savoir, la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Nous y avons rencontré des détenus et échangé avec eux sur les différents problèmes qu’ils rencontrent pendant leur détention. Le sujet de Avant l’audience porte principalement sur la lenteur administrative dans l’instruction des dossiers de justice. C’est-à-dire que moi par exemple, je suis incarcéré à la MACO pour avoir été en porte-à-faux avec la loi, je peux facilement y passer quatre, voire cinq ans sans être jugé. C’est aussi banal que cela. Et si au bout des cinq ans je suis jugé et déclaré innocent, je suis simplement libéré sans aucun dédommagement ni mesure d’insertion.


S. : A quand remonte le film et quel est son palmarès ?


Y.K. : L’écriture du film a débuté en 2008 par le regretté Kouka Aimé Zongo. Nous avons commencé la réalisation en 2010 et il a été bouclé en 2013. Parlant de palmarès, il a participé la même année au Festival du Film policier de Lièges (Belgique) où il était en compétition officielle. Il a également remporté le troisième prix du meilleur film documentaire à la dernière édition du festival Ciné droit libre en 2014 et il est présentement retenu en sélection hors-compétition dans la catégorie panorama long-métrage à cette édition du FESPACO. Il vient d’être projeté ce 1er mars et le sera pour une deuxième fois le 5 mars à partir de 20h 30 à l’Institut français.

S. : Quels sont vos objectifs avec le film à ce festival ?

Y. K. : Le FESPACO offre un important cadre de rencontres entre professionnels du cinéma venus d’horizons divers. C’est toujours une opportunité de se frotter à plus aguerris que soi dans le métier et partant, se faire des partenariats qui pourront servir dans les projets futurs. S’agissant de notre film, c’est une occasion pour faire sa promotion en tant qu’outil pour une justice plus équitable entre des hommes qui se disent libres et égaux en droits. L’objectif est donc d’amener le maximum de personnes à voir le film et en savoir plus sur ce qui se passe à la MACO qui, je le rappelle, n’est qu’un cas parmi tant d’autres.


S. : Quel a été l’impact de la disparition brutale de votre coréalisateur avant la finalisation du film sur la suite aussi bien de ce
projet commun que sur le jeune réalisateur que vous êtes ?

Y.K. : Je ne parlerai pas d’impact sinon peut-être que nous serions aujourd’hui à l’étape de projet inachevé. Kouka Aimé Zongo était plus aguerri que moi qui n’étais à l’époque que son assistant. C’est lui qui m’a appris ce que je sais dans la réalisation. Vous vous imaginez votre professeur qui est en train de vous apprendre quelque chose et subitement il disparaît sans que personne d’autre ne soit à mesure d’achever un de ses projets si ce n’est vous ? Il y avait surtout cette pression et la crainte de ne pas être à la hauteur en ce sens que tous les partenaires qui accompagnaient le projet se sont retournés vers ma personne et il fallait relever le défi afin de pouvoir continuer à bénéficier de leur confiance. Nous avons fait ce que nous avons pu et le résultat est là.C’est vrai que le film a été bouclé et se comporte bien mais aujourd’hui encore je ne peux pas dire que le film est tout comme Kouka Aimé Zongo l’aurait fait s’il était encore parmi nous.


S. : Quel regard portez-vous en tant que jeune cinéaste sur le cinéma africain ?


Y.K. : Le cinéma africain est toujours en proie à d’énormes difficultés dont la principale réside dans le financement surtout pour les jeunes que nous sommes. Déjà que les aînés n’ont pas la tâche aisée dans la recherche de fonds nécessaires pour leurs projets, pour la jeune génération avec un CV peu étoffé, c’est encore plus difficile. Nous sommes obligés de faire recours aux bailleurs hors du continent et là nous partons largement défavorisés.

S. : Comment appréciez-vous l’innovation de la 24e édition qui a consisté à ouvrir la compétition aux films réalisés dans le format numérique ?


Y.K. : Ce sont toujours les innovations qui font évoluer les choses et celles-ci sont les bienvenues. C’est une bonne chose parce que le numérique permet de faire des films à moindre coût surtout pour la jeune génération que nous sommes. Mais si cette option permet aujourd’hui de faire des films avec de petits budgets, il faut cependant garder à l’esprit que le numérique a aussi ses contraintes. Comme exemple, nous avons l’effet de contraste du fait du climat très ensoleillé sous nos cieux. Encore faudrait-il la connaissance requise dans le savoir-faire pour contourner cette difficulté, d’où la nécessité de la formation à l’usage de cette technologie. C’est dire donc que le numérique, il faut l’accompagner des mesures qui siéent pour des productions de qualité.

Propos recueillis par Voro KORAHIRE
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