Face à la dégradation des sols, les techniques ou stratégies développées par les agriculteurs et la recherche sont variées. Ces techniques visent toutes, le contrôle de l’érosion, le maintien de la matière organique et des propriétés physiques du sol. L’importance accordée à la conservation des sols ou à la récupération de l’eau peut varier selon la moyenne pluviométrique, le type de sol et la situation du terrain dans le relief. Ainsi, dans les zones humides où le lessivage des éléments nutritifs du sol et l’érosion en nappe sont des problèmes pour la production agricole, les mesures de conservation des sols sont d’une importance capitale. Par contre, dans les zones sèches où l’eau est la contrainte de la production agricole, les techniques de collecte d’eau sont à valoir. Selon donc les zones agroclimatiques au Burkina Faso, on dénombre une panoplie de techniques traditionnelles de conservation des eaux et des sols à effet plus ou moins efficace dans la préservation et la restauration des ressources naturelles. L’une des techniques les plus efficaces est le cordon pierreux. C'est est un alignement semi-perméable constitué de lignes de pierres rangées selon les courbes de niveau de façon à se renforcer l’une l’autre. Les ouvrages sont réalisés en lignes continues ou discontinues faisant que les extrémités des parties discontinues sont parfois recourbées vers l’amont. La distance entre les cordons varie entre 15 et 50 m. C’est une technologie locale d’aménagement antiérosif, améliorée par la recherche, dans le but de contribuer à la prévention de la dégradation des terres et à la réhabilitation ou réduction des terres dégradées. Leur effet est le ralentissement du ruissellement de l’eau afin qu’elle s’infiltre plus rapidement provoquant ainsi la sédimentation successive des sables, des particules fines humifères. Le cordon filtre également les pailles et diverses matières organiques flottantes. Toutefois il est nécessaire d’implanter les cordons de pierres sur les courbes de niveau afin d’éviter les écoulements parallèles aux cordons et les concentrations d’eau qui peuvent provoquer des brèches. Les zones agroclimatiques où les cordons pierreux sont les plus adaptés sont les zones soudano-sahélienne et soudanienne. Les cordons jouent alors un rôle de protection des sols contre les risques d’érosion. Du point de vue topographique, aucune restriction faite car, plus le terrain est pentu, plus rapprochées devront être les implantations de cordons. La technique exige un travail collectif ou une main d’œuvre familiale importante, une disponibilité des cailloux à proximité des zones à aménager. Elle exige également une bonne maîtrise des méthodes de détermination des courbes de niveau, une disponibilité de la matière organique et/ou une maîtrise des techniques de compostage. Enfin, la technique de cordons pierreux implique aussi que le producteur soit propriétaire du terrain à aménager. Ainsi, celui-ci pourra véritablement bénéficier des retombées de son investissement et avoir la possibilité d’accéder au crédit ou d’être subventionné afin de supporter les coûts d’acquisition du matériel de traçage et de transport des cailloux sur le site. Il faut saluer les projets qui œuvrent dans le domaine pour soutenir et encadrer les paysans dans certaines localités du pays. Que les services techniques des ministères en charge de l’Environnement et de l’Agriculture soient renforcés pour vulgariser cette technique de conservation des sols au grand bonheur des populations du Burkina Faso.
Kowoma Marc DOH
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