Les gens me connaissent mal. L’erreur la plus souvent commise est de prendre un élucubreur pour un « s’en fout la mort ». Le dernier cité écrit par wasard c’est-à-dire qu’il s’en fout de tout. Mais moi je suis élucubreur, pas s’en fout la mort. Même lorsque je suis gnontorisé à mort, je garde toute ma tête. Et contrairement à ce qu’on croit, l’élucubration à ses règles. Avant d’élucubrer je prends d’abord le temps de tremper 7 fois ma plume dans de l’encre. Pour parler des Bonnets rouges par exemple, je commence d’abord par élucubrer recto.
Ensuite j’élucubre verso. Je mélange les deux versions, recto et verso. Je les secoue vivement et je les passe au tamis. Selon le cas, une lueur verte s’allume avec l’inscription « y a bon élucu » ce qui signifie que je peux livrer cette élucubration à Nakib. Souvent aussi c’est une lumière rouge qui apparaît avec cette voix se répétant comme un disque rayé : « ya kaka Toégui……..Toégui, ya kaka». Dans ce cas je désélucubre aussitôt sans chercher à voir si l’élucubration affichée est élucubrante ou non. Ainsi, lorsque le Premier ministre s’était réfugié chez le Moro Naaba puis rejoint par le Président JBO et le Général Diendéré, est-ce que vous m’aviez lu ou entendu ? Pas du tout. C’est parce qu’il y avait « Toégui, kaka. Toégui, kaka ». Pourtant j’avais une envie folle de crier : « On est où là !? ».
C’est la même chose lorsque j’avais aperçu Gilbert Noël Ouédraogo en posture de Yogi au palais impérial accompagné du Bureau Politique National de l’ADF/RDA. J’eus encore envie de crier: « On est où là ?! ». Mais la lumière rouge m’avait mis en garde. Pourtant je suis Mochichiphile hein…La Mossiterie j’en redemande toujours …même quand elle s’invite dans les affaires de la République et du Faso.
Je vous vois me lire d’un air narquois. Gens du Faso, pensez donc à remercier le ciel pour vous avoir donné un élucubreur. S’il n ‘y avait pas d’élucubreur au Faso il n’ y aurait pas non plus de chercheur au CNRST. S’il n’ y avait pas Toégui l’élucubreur il n’ y aurait pas Pierre Innocent Guissou agrégé de toxicologie et Président de l’Académie des Sciences. C’est parce qu’il y a Toégui, élucubreur du ciel et de la terre qu’il y a des monstres sacrés comme Laurent Bado et Frédéric Guirma. L’élucubreur c’est comme le non loti. A quoi servirait un duplex à Ouaga 2000 s’il n’y avait pas d’« Entrer-coucher » dans les « non loti » !? à là où le chien est mort ? Et à quoi servirait une 4x4 s’il n’y avait pas de charrette à âne !?
Fort heureusement il n’y a pas que le duplex et la 4x4 de milliardaire.
Mardi passé, suite aux élucus « Espèce de milliardaire », j’ai reçu la visite d’un homme que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam. Il portait une grosse cantine dans chacune de ses mains et il m’a tenu des propos pour le moins inattendus.
-Toégui, je t’en prie, viens à mon aide. Je n’en peux plus. Tu vois ces cantines, elles contiennent des milliards mais je n’en veux plus. Je viens te les offrir. Prends-les et fais en ce que tu veux.
- Des milliards ? Pour moi ? Et pourquoi voulez-vous vous en débarrasser ?
- Toégui, c’est pénible. Mes nuit sont un enfer. Je ne peux pas dormir, malgré le climatiseur, j’étouffe de chaleur. Lorsque je ferme les yeux je vois une multitude de yeux qui me regardent et j’entends des voix.
- Des yeux ? Des voix ? Que disent les voix ?
- Elles disent que ça va arriver à mon argent parce que mon argent n’est pas mon argent.
- Ah bon ?!
- Oui Toégui et beaucoup d’autres méchantes choses à mon endroit. Elles disent qu’après ma mort je vais faire KK.
- Ah bon ?! Comment avez-vous eu ces milliards ?
- Pose pas des questions Toégui. Prends l’argent et laisse moi m’en retourner. Ce serait trop long à expliquer. C’est compliqué.
- Les 10% ?
- Y a de ça.
- Les surfacturations ?
- Y a de ça.
- Les chantiers de barrage ?
- Y a de ça. Laisse tomber Toégui. Y a pas que ça.
- Bon ! Je ne veux pas de vos miliards. Mais je vais vous indiquer quelqu’un de très gentil qui les prendrait volontiers pour vous rendre service.
- C’est qui ?
- Luc Marius Ibriga.
- Quoi ? Qui ça ?
- Ibriga.
Sans plus attendre il reprit ses deux cantines et gagna la porte. Je l’entendis maugréer :
- C’est bien ce qu’on m’avait dit de toi, Toégui. Sous des dehors d’élucubreur, tu es mauvais. Très mauvais.
- Si vous ne voulez pas d’Ibriga, il y a un autre, tout aussi gentil
- Qui ça ?
- Le Balai Citoyen
- Que le diable t’emporte Toégui…Luc Ibriga avec …Le Balai citoyen avec… Chysogone Zougmoré avec …Laurent Bado avec.
Les hommes de Ouaga… Alfred, on ne l’entend plus. Je parle d’Alfred Kaboré, l’autre monstre sacré de la politique… l’ex-Président de l’Union Générale des Etudiants Voltaïques sous la 1re République, unanimement reconnu comme un fort en thème. On ne l’entend plus, disons depuis 3 mois.
3 mois ? Voyons voir : 30 Octobre 2014 … 31 Octobre 2014, Novembre, Décembre, Janvier, Février et Mars. C’est plutôt 7 mois. Il y a donc 7 mois qu’Alfred Kaboré s’est tu. Pour être plus précis, il ne s’est pas tu, il se tait. Et en se taisant il ne fait que suivre le cours des choses. L’instinct de conservation ! Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire. Un temps pour ouvrir sa bouche et un temps pour fermer sa bouche.
Et Toégui élucubre toujours puisqu’il ne sait rien faire d’autre qu’élucubrer.
Je n’ai pas vu le nom d’Alfred Kaboré dans le sondage publié dans la presse il y a une dizaine de jours et qui continue d’être abondamment commenté. Un sondage qui a failli susciter une guéguerre entre les deux présumés favoris. Une guéguerre avant l’heure.
Je n’ai pas vu non plus le nom d’Hermann, ni d’Alain Zougba, ni de Ram, ni de Maxime Kaboré, ni d’aucun autre leader du Front Républicain. Mais moi Toégui j’ai appris la technique du sondage au Bantaaré. Et je peux vous dire que les résultats du sondage qu’on nous a donnés à voir n’ont pas de quoi fouetter un chat. Le meilleur est devant nous. Après la guéguerre viendra la guerre. A la mi-Octobre. Il suffit d’aspirer fortement l’air ambiant pour sentir l’odeur du 11 octobre. Du régal dans peu de temps. Mais contrairement à vous ce n’est pas le premier tour que j’attends impatiemment. Au premier tour ce sera fade comme à chaque élection. Avec des candidats qui se présentent alors qu’ils savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas gagner. L’attraction que j’attends c’est le second tour avec ses alliances, ses désalliances, ses promesses de fauteuil Premier ministériel et de maroquins juteux. Vivement donc les consignes de vote : tout sauf Zeph… Tout sauf RSS… Tous pour Zeph… Tous pour RSS… Ablassé ou la mort… Bénéwendé ou la mort… Front Républicain nouveau contre CFOP nouveau.
En outre, certaines conclusions du sondage me laissent perplexe, moi l’ancien du Bantaaré. Il est écrit que le trio de la Transition a vu ses côtes de popularité baisser. Pour confirmer cette assertion, le sondage soutient qu’à sa prise de fonction le Président Kafando avait une côte de popularité de 66,2% et qu’au second sondage cette côte est descendue à 55,3% soit une baisse d’environ 11%. La côte du Premier ministre Zida et du Président Chérrif Sy ont régressé respectivement de 15 points et de 8,7 points .
Question : ce sont les mêmes personnes qui ont participé au premier sondage puis au second sondage ? Si ce sont les mêmes personnes on ne peut qu’applaudir le journal Bendré. Si par contre il s’agit de différentes personnes, alors ..hum !
L’affaire OBOUF ? Pour dire quoi ? Je ne sais pas ce que c’est qu’une canette. Selon ce qu’on dit la canette a le goût du bissap. Or le bissap et le gnontoro ne font pas bon ménage.
Je retiens tout de même l’image du magnat OBOUF à la télé au cours de l’interrogatoire avec les forces de l’ordre. Il était à visage découvert alors qu’il jouissait du statut de présumé coupable. Habituellement c’est aux exiceuses qu’on inflige un tel affront. Même Balla le pétrolier avait eu le visage caché.
Je retiens encore que monsieur OBOUF a joué de modestie en prenant une attitude de repenti. C’est tout le contraire de ses avocats dont le communiqué paru dans la presse avait un ton quelque peu guerrier. Même avec des arguments juridiques bien ficelés il était trop tôt de chercher à innocenter leur client, l’instruction ne faisant que commencer.
Et puis, dans cette période post-insurrectionnelle une attitude va-t-en-guerre pourrait avoir pour effet d’ajouter de la colère à la colère.
Par Charles GUIBO