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FESPACO 2015 : le 17e MICA ouvre ses portes Dimanche 1er mars 2015. Ouagadougou. Site du SIAO. Le 17e Marché international du cinéma et de la télévision africains (MICA) a officiellement ouvert ses portes en marge de la 24e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) |
Après avoir réalisé plusieurs documentaires et produit des films primés notamment à Cannes (Rêves de poussières en 2010), Sékou Traoré réalise son premier long métrage traitant de plusieurs sujets brûlants d’actualité : la collusion entre l’Etat et la rébellion, le devenir des enfants soldats. C’est une première pour un film africain. Dans le cadre du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), « Œil du cyclone », son premier long métrage est l’un des deux films burkinabè en compétition pour le grand prix de l’Etalon du Yennenga 2015. Dans cet entretien que le réalisateur a bien voulu nous accorder, nous vous invitons à découvrir « œil du cyclone ».
Fasozine : L’œil du cyclone fait échos à réalités de beaucoup de pays d’Afrique, est ce qu’au départ l’idée était de parler d’enfants soldats, ou bien une collusion entre le pouvoir et des rebelles qui parfois sont des rebelles biens utiles?
Sékou Traoré: Le thème principal c’était les enfants soldats, sauf qu’ils ne sont pas là par hasard et donc il y a eu interconnexion entre ces pouvoirs qui ne finissent pas, ces histoires de trafic de diamant. On ne pouvait pas traiter l’un sans l’autre.
Et pour traiter de ce sujet, vous entretenez le face à face entre deux personnages à priori antagonistes, une avocate commise d’office et un colonel indocile…
En fait, il y a eu plusieurs versions du scénario, mais pas totalement un face à face. Il y a eu souvent des personnages secondaires qui prenaient un peu de place et nous avons épuré le scénario de 2007 à 2014, pour arriver à ce face à face qui paraissait beaucoup plus intéressant.
Ce qui est passionnant dans l’œil du cyclone, c’est que vous arrivez toujours à faire ressortir l’unanimité des personnages, que ce soit des chefs rebelles ou cette avocate dont on va découvrir qu’elle a reçu de lourds secrets de famille ?
On pense qu’il y a d’un côté quelqu’un qui est très bon et de l’autre côté quelqu’un qui est très mauvais et il y a toujours de l’humanité quelque part et c’est pour cela qu’il y a peut être un petit espoir. On pense surtout qu’on peut récupérer cet enfant soldat. S’il n’y avait pas d’humanité et qu’on se disait qu’il n’y a rien à faire, ce n’était pas la peine de faire ce film parce qu’il faut forcement qu’on récupère un jour cet enfant soldat.
Il y a plusieurs scènes saisissantes dans l’œil du cyclone que vous avez tourné dans des prisons qu’on retrouve non seulement au Burkina mais dans d’autres pays d’Afrique. Est-ce que ça été facile ou difficile le tournage ?
Je pense que ça été facile parce qu’on a une chance extraordinaire au Burkina d’avoir un Etat qui nous soutient dès lors qu’on parle de cinéma. Ce ne sont pas forcement les portes des finances mais les portes des institutions nous sont ouvertes avec beaucoup plus de facilité. Nous avons pu tourner dans une vrai prison, sauf qu’à l’intérieur nous avons reconstruis notre propre décor pour avoir une cellule à la taille de ce qu’on souhaitait.
Dans l’œil du cyclone, on découvre ce face à face entre cette avocate et cet enfant soldat, on se demande si l’idéal de justice triomphe vraiment ?
Je pense que l’idéal de justice triomphe puisqu’avant la fin du film, elle transmet sa robe d’avocate à un jeune avocat qui était son assistant. Et lui, il va continuer puisque ce n’est pas une seule personne qui peut faire triompher la justice. Cela se transmet de génération en génération pour aboutir à une justice, la plus juste possible.
Votre film est présent au Fespaco quatre mois après la chute du président Compaoré, est ce cet idéal de justice qui a triomphée ?
Je pense que cet idéal de justice est en train de prendre corps un peu partout en Afrique. Peut-être que le Burkina Faso a donné le ton mais on sent qu’il y avait cette envie de justice partout et nous nous sommes retrouvé en phase avec cette actualité. Tout le monde se disait que ça allait se limité au Maghreb lorsque le printemps arabe avait commencé. On remarque que finalement, tout était prêt pour que ça commence ici aussi.
L’œil du cyclone c’est une fiction, un thriller sur les enfants soldats, sur le diamant de sang, le pouvoir, beaucoup d’autres thèmes aussi. Vous tourniez des documentaires, pourquoi êtes-vous passé à la fiction ?
J’ai fais beaucoup de documentaires mais déjà en 2001, j’avais tourné un moyen métrage de 45 mn pour traiter des histoires de comment est ce que les gens s’enrichissent lorsqu’on parle de crise alimentaire.
C’est votre premier long métrage, mais vous avez déjà produit des films de belle facture comme Gris-Gris de Mahamat Saleh Haroun… est-il facile de faire des films en Afrique ?
Il est vrai que j’ai été dans les équipes techniques de plusieurs films africains, j’ai aussi été dans l’équipe de production du film Timbuktu de Abdheramane Sissako où nous avons travaillé en Mauritanie. Je ne dirai pas que c’est facile mais ce sont les mêmes exigences que le cinéma 35 et que c’est le même budget lorsqu’on veut faire la même qualité de film.
Quel est l’état du cinéma au Burkina Faso aujourd’hui quand on sait qu’il y a deux films burkinabè qui sont en compétition pour ce 24è Fespaco. Est-ce un signe de vitalité ou celui de l’arbre qui cache la forêt?
Je crois qu’on ne devrait pas avoir que deux films burkinabè en compétition. Ce n’est pas un signe de vitalité. Notre seule chance au Burkina Faso, est que nous avons encore un public. Et c’est ce que je reproche toujours aux autorités burkinabè. Les festivals qui nous entourent dans d’autres pays africains sont morts du fait de manque de public. Il se trouve qu’une ville comme Ouagadougou n’a que trois salles de cinéma alors qu’il y a la demande. L’Union nationale des cinéastes burkinabè, c’est près de 250 personnes et au moins 50 réalisateurs. Ce n’est pas normal que nous n’ayons que deux films en compétition.
Abel Azonhandé
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