Le chef de l’Etat, Michel Kafando, a initié une rencontre d’échanges avec le monde des professionnels de la culture du Burkina Faso, jeudi 26 février 2015 au palais de Kosyam. Il s’est agi, pour le président du Faso, de recueillir les préoccupations des acteurs culturels.
La Culture, dans toutes ses composantes, est un maillon important et indispensable dans la chaîne de développement d’un pays. C’est fort de ce postulat que le président du Faso, Michel Kafando, a rencontré les artistes et acteurs du monde de la culture du Burkina Faso, le jeudi 26 février 2015, au palais de Kosyam. «Nous sommes conscients de votre importance dans le développement et le progrès social de notre pays. C’est pourquoi, j’ai souhaité organiser cette rencontre à tout prix avec vous», a expliqué le chef de l’Etat à ses hôtes. Il a, dans la même veine, soutenu que la grandeur d’un pays ne se mesure qu’à l’aune de sa culture. Les grands pays de l’Europe, de l’Asie se sont développés sur la base de leurs richesses culturelles intrinsèques. Il appartient donc, a-t-il ajouté, aux politiques et aux praticiens de la culture dans ses différentes facettes d’œuvrer à tous les niveaux pour ranimer et entretenir la flamme culturelle. Les hommes et femmes de la culture, de l’avis du président du Faso, ont joué un rôle important dans l’avènement de la révolution d’octobre 2014. «En organisant une telle rencontre, nous pouvons évaluer tout ce qui a été fait depuis l’insurrection populaire. Nous avons donc besoin de vous», a-t-il déclaré. Pour sa part, il a promis de continuer à soutenir la culture burkinabè, non sans avoir auparavant appelé ses acteurs à accompagner la transition.
Plus de 160 000 emplois culturels créés en 2009
L’honneur est d’abord revenu à la chorégraphe Irène Tassembédo de prendre la parole au nom de ses pairs culturels. «Cette rencontre est une marque d’estime accordée ą notre secteur dont les acteurs apportent chaque jour leur pierre à l’édification de notre chère patrie», a-t-elle indiqué d’entrée de jeu. Aussi, le rayonnement international du Burkina Faso est dû à sa diplomatie culturelle dynamique et à la vitalité de ses acteurs culturels. Une réalité, selon elle, qui a permis au "pays des Hommes intègres" d’organiser des événements culturels d’envergure internationale. C’est pourquoi, elle s’est réjouie de l’institution du secteur de la culture au titre des secteurs prioritaires de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD). D’ailleurs, la contribution du secteur de la culture au développement économique et social du Burkina Faso n’est pas négligeable. En effet, a-t-elle illustré, une étude réalisée en 2009 par le Ministère de la Culture et du Tourisme (MCT) a révélé que la culture contribue à hauteur de 2,02% au Produit intérieur brut (PIB) avec en toile de fond 164 592 emplois culturels créés. Cependant, pour un secteur culturel plus dynamique et pour la consolidation de l’identité nationale, la porte-parole des acteurs de la culture, Mme Tassembédo a, au nom de ses collègues, soumis au chef de l’Etat, deux dossiers non moins importants.
Privatiser le FESPACO
Il s’agit de rendre fonctionnelle l’Agence de développement des industries culturelles et créatives et de l’opérationnalisation du statut de l’artiste. En ce qui concerne ladite agence, elle a souligné qu’elle permettra d’avoir des ressources nécessaires pour la production d’œuvres artistiques et de professionnaliser davantage le secteur de la culture. Le président du Faso et ses invités de marque ont, ensuite, échangé à bâtons rompus et sans tabou.
Pour une question, sans doute de timing, M.Kafando a suggéré de répondre aux différentes préoccupations au fur et à mesure. Le promoteur de salle de cinéma, Rakis Rodrigue Kaboré a, avec humour, souhaité voir le président lui-même, fréquenter les salles obscures pour encourager la fréquentation assidue de celles-ci par les cinéphiles et également voir le chef de l’Etat s’habiller en tenue traditionnelle. Ce qui n’a pas manqué de laisser le public hilare. Dans la mźme lancée humoristique de son vis-à-vis, le locataire de Kosyam a répondu : « Je serai avec vous dans les salles de cinéma à condition que vous promettiez de diffuser le film Timbuktu ». Rires à nouveau dans la salle. Tout en indiquant être un féru de cinéma, il a dit avoir prévu de porter trois tenues traditionnelles au cours de la 24e édition du FESPACO. « Mais, ce n’est pas parce que vous l’avez mentionné. C’était déjà prévu », a-t-il pris le soin de préciser. Pour le président de la Fédération nationale de cinéma, Emmanuel Sanon, le FESPACO doit être privatisé. Du moins, «si vous voulez élever ce festival au rang de celui de Cannes, en France», a-t-il laissé entendre sous les regards médusés d’une grande partie de l’assistance. Il a aussi plaidé pour un renforcement de la formation des formateurs de la frange jeune de la profession. Michel Kafando a indiqué qu’il n’y voit aucun inconvénient à la privatisation du FESPACO. « Si cela est le vœu de tous les cinéastes burkinabè et nécessaire pour faire avancer le FESPACO, il faut le faire », a-t-il dit. Enfin, après le ballet incessant des différents intervenants, le chef de l’Etat a invité les acteurs et artistes culturels burkinabè à rester déterminés et convaincus au regard du rôle joué par ceux-ci dans le développement du Burkina Faso. « Nous comptons sur vous pour nous aider à accomplir notre mission. C’est une mission pour la patrie », a-t-il conclu.
Aubin W. NANA
nanaubin@yahoo.fr
Le président Michel Kafando rencontre les acteurs du monde de la culture burkinabè Publié le: 26/2/2015 | RTB |
© aOuaga.com par A.O
(Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration et ne correspond pas forcément avec le contenu de l`article)
|