Le 16 janvier 2013, une quarantaine d’otages étrangers de plusieurs nationalités dont des Américains, des Français, des Japonais, des Norvégiens, des Irlandais et des Phillipins ont été séquestrés de force sur la «Base de vie» du site gazier In Amenas au centre-est de l’Algérie. Plutôt que de s’engager dans un processus de négociation dont on ne peut prévoir d’avance ni l’issue ni la durée, l’Armée algérienne a choisi un remake de Beslan, en donnant l’assaut comme le fit en septembre 2004 son homologue russe face à la prise d’otages à l’école n°1 de Beslan par des assaillants Tchtechènes.
Les infortunés d’In Amenas ont été enlevés par «la Brigade Almouthalimin», littéralement «les Signataires par le sang», dernier-né d’AQMI, créé par le transfuge Moctar Belmocktar, alias le «Borgne» ou «Mister Malboro», qui prend ainsi sa revanche sur l’AQMI originel, en donnant la preuve que lui et ses hommes peuvent frapper partout dans ce Sahel où leur mobilité n’a d’égal que leur cruauté. «Attention aux réseaux dormants», titrons-nous notre édition d’hier.
Certes, Belmoctar et ses hommes n’ont rien à voir avec ces cellules dormantes auxquelles nous faisions allusion. Mais leur coup d’éclat a de quoi justifier les craintes de tous les analystes qui redoutent des actes de représailles tous azimuts depuis le déclenchement de l’opération serval.
L’Algérie, qui partage une frontière longue de plus d’un millier de km avec le Mali, pas plus qu’aucun autre de nos pays, n’a les capacités de sécuriser ses limites territoriales par des miradors et autres minitmen dont se servent Washington pour stopper les clandestins.
De prime abord, on ne peut donc pas blâmer ce pays pour n’avoir pas vu venir ni su prévenir, même si on est surpris qu’au regard de la conjoncture qui prévaut, un dispositif sécuritaire à la hauteur des circonstances n’ait pas été mis en place sur ce site très sensible.
En effet, Alger ne pouvait pas ignorer que fermer officiellement ses frontières terrestres et ouvrir son espace aérien aux avions de frappe français serait considéré par les djiadistes de tout poil comme un casus belli.
L’Algérie on le sait est un terreau du terrorisme de type djiadiste, ne fût-ce qu’à titre résiduel : hier c’était les Djamel Zitouni, Antan Zouabri ou Hassan Hatab dont les seuls noms faisaient frémir. Aujourd’hui, c’est l’évocation d’Abderazak, le Para, d’Abou Zei, de Droukdel et, bien sûr de Moctar Belmoctar qui donnent la chair de poule.
Face à ces terroristes, dont les chefs sont si prompts à proférer des pantalonnades, mais aussi à prendre la poudre d’escampette au premier coup de feu tout en exhortant leurs ouailles à offrir leur poitrail aux balles des mécréants, on finit par rallier le concept néoconcervateur bushien du Global War on terror (GWOT), la guerre mondiale à la terreur. Tout en évitant bien sûr d’assimiler terrorisme et islam.
C’est pourquoi on peut dire que François Hollande a eu le nez creux en engageant l’opération «Serval» contre ces fous de Dieu, qui ne croient en vérité en rien.
La solitude française ou prétendue telle doit donc rapidement faire place à une coalition à dimension internationale contre cet Axe du mal, pour emprunter une fois encore la terminologie bushiste, sans en épouser forcément toutes les implications.
Alea Jacta est ! disaient les latins : le sort en est jeté répétons-nous aujourd’hui. Il n’y a pas de temps à perdre, chacun doit franchir sa part du Rubicon dans cette guerre totale à livrer aux fous de Dieu ou plutôt à ces narcotrafiquants.