Le séminaire de renforcement des capacités des acteurs de la Transition démocratique au Burkina Faso a débuté hier mardi 24 février 2015, dans la salle de conférence internationale de Ouaga 2000. Placé sous le thème : « Réussir la Transition démocratique au Burkina Faso », ce cadre de partage d’expérience et de réflexion a été initié par la Communauté des Etats sahelo-sahariens (CEN-SAD), en collaboration avec la Fondation allemande Hanns Seidel.
La CEN-SAD et la Fondation Hanns Seidel, conscientes des difficultés liées à la gestion des Transitions démocratiques entendent apporter leur contribution à la réussite du processus de Transition burkinabè. Pour ce faire, elles organisent, du mardi 24 au jeudi 26 février 2015 à Ouagadougou, un séminaire de renforcement des capacités des acteurs de la Transition. La cérémonie d’ouverture de ce séminaire a été ponctuée par quatre allocutions. L’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne auprès du Burkina Faso, Dietrich Pohl, a salué le courage, l’esprit de dialogue du peuple burkinabè à l’issue de l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Ce qui a abouti à la mise en place de nouvelles institutions. Parlant des nombreux défis (l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, les infrastructures, l’emploi, etc.), il a indiqué que ces sujets ne peuvent et ne doivent pas être la priorité de la Transition (disposant d’un temps court). Pour lui, l’objectif est de parvenir à une vie démocratique normale tout en préservant la paix. Et cela passe par l’organisation réussie des élections présidentielle et législative, libres, inclusives, transparentes et crédibles. Il a invité tous les Burkinabè à ne pas oublier que la fin de la Transition n’est pas la fin de la transformation amorcée au lendemain de l’insurrection populaire. Dietrich Pohl pense que les nouvelles autorités auront la charge de continuer les réflexions, les consultations et la recherche de consensus afin de trancher les questions fondamentales de l’avenir du pays. Aussi a-t-il lancé un appel à tous les acteurs de toujours privilégier la voie du dialogue, d’être à l’écoute, de formuler des attentes réalistes , et d’opter finalement pour une communication pragmatique axée sur les faits et les solutions. A l’endroit de ceux qui envisagent de menacer la Transition, il les invite à se faire à l’idée qu’ils courent le risque d’isoler le pays, d’enrayer « massivement » le développement et de contrecarrer les aspirations légitimes du peuple burkinabè à un avenir meilleur. « Nous fournirons également un appui à l’organisation des élections présidentielle, législative pour permettre l’achat du matériel électoral » a-t-il mentionné. Il ose croire que le Burkina Faso va profiter de cette « opportunité » pour bâtir un avenir meilleur et inspirer le continent africain.
Pour le Secrétaire général par intérim de la CEN-SAD, Ibrahim Sani Abani, l’institution, nonobstant la crise grave dans le pays de siège ( la Libye), estime qu’il est de son devoir de soutenir le Burkina Faso pour une Transition réussie. Ce processus doit permettre la réalisation de réformes politiques et juridiques à même de consolider la démocratie et l’Etat de droit. Pendant trois jours, les acteurs de la Transition réflléchiront avec des experts d’horizons divers, sur des thèmes tels que : les facteurs déterminants pour la réussite d’une Transition démocratique, les réformes institutionnelles pendant la Transition, les prérequis pour des élections libres et transparentes, le rôle de la société civile, des partis politiques et des médias en période de Transition, pour ne citer que ceux-là. Ibrahim Sani Abani les invite à garder à l’esprit les dispositions de la Charte de la Transition et cell de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. « Puisse ce séminaire être couronné du succès escompté » a-t-il conclu.
Les recommandations de Mohamed Bazoum
Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur, Mohamed Bazoum, a fait des propositions pour une réussite de la Transition au Faso. « Le grand défi de la Transition est d’arriver à une bonne articulation et à une bonne synergie entre les différentes institutions et les différents acteurs » a-t-il a affirmé. Et de poursuivre que pour cela, il faut beaucoup de lucidité et de savoir établir une hiérarchie entre les objectifs et même entre les priorités. S’appuyant sur l’expérience du Niger, Mohamed Bazoum a signifié qu’il faut « mettre l’accent sur l’aspect politique du cahier des charges de la Transition ». Les acteurs devront s’assurer d’un bon débat à même de générer la mise en place d’institutions fondées sur une bonne évaluation de l’expérience des institutions remises en cause par la « révolution ». A cela s’ajoute l’application de contenu de la Charte de la Transition, en ce sens qu’elle comporte des engagements moraux et éthiques mais aussi programmatiques. Le grand engagement demeurant l’organisation des élections, base du nouveau départ du Burkina Faso. Les acteurs de la Transition doivent en sus jeter les bases d’une gestion économique moralisée en luttant « vigoureusement » contre la corruption et l’impunité. Il a exhorté les autorités à « ne pas trop mettre l’accent sur les revendications sociales tendant à tirer profit de l’énorme contribution des syndicats dans la réussite de la révolution ». Il a terminé son propos en rendant hommage au peuple burkinabè, à travers et toutes ses composantes pour avoir réalisé une « révolution grandiose » dans des conditions « pacifiques ». Plein succès à la Transition et un grand avenir pour le Burkina Faso est le souhait de Mohamed Bazoum.
Selon le Président du Faso, Président de la Transition, Michel Kafando, ce séminaire vient à point nommé. Il a salué cette initiative « digne d’intérêt » qui vise à renforcer les capacités des acteurs de la Transition, à tous les niveaux de responsabilité. « Plus nos capacités seront renforcées, plus nous nous acquitterons avec efficacité de cette mission cruciale que le peuple burkinabè nous a confiée » a signifié le Chef de l’Etat. Ce séminaire, utilisant une méthode participative, va permettre aux séminaristes d’examiner les principaux défis de la Transition en vue de rechercher les voies et les moyens de les relever. Michel Kafando, au nom du peuple burkinabè et en son nom propre, a traduit sa reconnaissance aux organisateurs de ce séminaire, aux personnes ressources qui y participent aux fins de partager leur expertise et expérience en matière de transition politique, avant de déclarer l’ouverture des travaux.