La 17e édition du Marché international de la télévision et du cinéma africains (MICA) ouvrira ses portes, du 27 février au 6 mars prochain, au SIAO. Ce marché, d'une importance capitale pour le cinéma africain, veut vendre et faire découvrir les films venus de tous les pays d'Afrique. Suzanne Kourouma, déléguée artistique du MICA nous parle des grandes lignes de l’événement.
Sidwya (S.) : Quelle est l'importance du MICA pour le cinéma et la télévision africains?
Suzanne Kourouma S.K : Le marché est très important pour le cinéma parce que quand on produit sans vendre, on ne peut pas avoir de retombées pour continuer la production. Lorsqu’on réalise un film, c'est pour que les cinéphiles puissent le découvrir, le critiquer, et l'apprécier. Cela permet de rebondir sur d'autres chantiers. On dit souvent aux réalisateurs de s’intéresser au marché du film. C’est à ce niveau que l'on peut savoir si le cinéma se porte bien ou pas.
S. : Quels sont les objectifs du MICA ?
S.K. : Les objectifs se rapportent d'abord à la production de films africains, la création d'espace d'échanges entre les producteurs, les distributeurs, les réalisateurs et les cinéastes en général qui viennent au FESPACO. Nous leur permettons de nouer des partenariats entre eux. Il s’agit par exemple de permettre à une production togolaise et une ivoirienne de s'associer pour développer un projet ou voir comment deux télévisions peuvent s'unir pour réaliser des séries.
S. : Quel rapport existe-t-il entre le MICA et le FESPACO ?
S.K. : Le FESPACO est un cadre, le MICA en est un autre. En réalité, le MICA est autonome et devrait se tenir tous les ans. S'il y a des productions, chaque année il doit y avoir des ventes. Comme nous sommes toujours rattachés au FESPACO, nous profitons des éditions de ce festival pour tenir notre marché. A la longue, nous réfléchirons afin de mettre quelque chose en place pour que le marché soit autonome et ait ses capacités financières pour s'autogérer.
S. : Combien de films seront présentés au MICA 2015 ?
S.K. : Au MICA 2015, 68 films seront présentés, tous genres confondus. Mais, il y a toujours une liste additive pour ceux qui n'ont pas pu s'inscrire plus tôt et qu'on pourrait peut- être proposer à ceux qui viendront pour participer au FESPACO.
S. : Combien de visiteurs sont-ils attendus au MICA?
S.K. : Je ne saurais donner une idée exacte du nombre de visiteurs qui viendront au MICA. Mais il y aura beaucoup d'activités au MICA. Il y a aura une journée du Burkina, un cadre pour les jeunes, une animation des stands qui seront au nombre de 66, un grand espace pour les producteurs et les réalisateurs qui vont se retrouver pour des échanges. C’est à la fin que l'on pourra savoir combien de personnes nous ont rendu visite.
S. : Où se tiendra le MICA cette année ?
S.K. : Il se tiendra au SIAO, dans le pavillon jaune. Malgré le cadre que nous offrons aux professionnels du cinéma pour promouvoir leurs œuvres, nous devons également les talonner pour qu'ils viennent occuper l'espace. Je trouve que c'est vraiment dommage. En plus, il faut les poursuivre et négocier pour qu'ils viennent animer les stands. Pourtant, nous remarquons que nos amis de la Côte d'Ivoire accordent un intérêt au MICA, car tous les jours, des demandes d'accréditation nous parviennent de leur part. Je pense que l'on doit se mobiliser davantage, surtout les professionnels du cinéma burkinabè pour s'approprier cette manifestation, car toutes les portes, à mon avis, sont grandement ouvertes.
S. : D’autres difficultés pour promouvoir les films africains ?
S.K. : Nous offrons un cadre pour que les producteurs et les réalisateurs puissent faire la promotion de leurs films et de leurs structures .Nous essayons aussi de les aider à vendre leurs films. Nous demandons souvent aux producteurs de faire des DVD de leurs productions car sur place les gens peuvent en acheter.
Malheureusement, il arrive que ces producteurs n'aient pas de DVD des films africains pour proposer aux visiteurs. En plus, nous n'avons pas un contrat avec les producteurs pour que le MICA s'engage à vendre leurs films. A la réflexion, nous verrons comment les réalisateurs ou les producteurs pourront céder leurs films afin de pouvoir les vendre même en dehors du marché.
S. : Les télénovelas ont envahi les télévisions africaines. Est-ce que le MICA a des stratégies pour contrecarrer cette invasion?
S.K. : Le MICA n'a pas d'influence sur les programmes de la télévision. C'est plutôt le rôle des télévisions. Vous savez, ce sont les télévisions qui achètent les programmes et comme nos télés sont pauvres, elles n'ont pas un gros budget pour acheter des films. Ce sont des paquets qu'on leur donne et ces paquets ne sont que ces films-là, qui sont d'ailleurs les moins chers.
Si vous remarquez, ce sont de vieux films de 2005, 2006, etc., les gens finissent de les d'exploiter et les vendent de façon abordable. Mais je pense qu'un effort est fait au niveau du Burkina. Avec Affaire publique, c'est déjà un bon pas.
Si ces genres de productions passent petit à petit à la télé, les autres vont laisser la place à aux productions locales. Nous encourageons nos producteurs à réaliser des films qui intéressent nos sociétés pour que nos télévisions puissent les diffuser.
S. : Parlez-nous des perspectives
S.K. : Le nouveau délégué a promis qu'il y aura des réflexions pour voir dans quelle mesure stabiliser le MICA.
Je crois que si nous avions un espace comme le pavillon du SIAO, cela pourrait prendre toutes les sections du marché parce que quand on parle du marché, c'est autant de stands et de projections.
Nous pourrons compter heureusement sur les partenaires afin d'obtenir cet espace pour notre marché. Trouver un site pour le marché afin de donner une dimension réelle à ce marché nous tient à cœur.
Après le bilan, nous allons poursuivre la réflexion pour que les choses puissent changer véritablement.
Entretien réalisé par Elélé KANTORO