Société
Commune de Kongoussi : Un lotissement divise la population
Publié le mercredi 18 fevrier 2015 | Le Quotidien
|
Alors que partout ailleurs au Burkina l’on s’activait aux préparatifs des élections couplées de décembre 2012, à Kongoussi dans le Bam, l’on se préoccupait plutôt d’un lotissement qui fait aujourd’hui des émules. Du recensement jusqu’aux opérations d’attribution des parcelles, en passant par la publication des listes des candidats, des irrégularités notoires ont été constatées dans l’opération conduite, malgré ces impairs, par Daouda Zoromé, ex-maire de la commune de Kongoussi. Comme on pouvait s’y attendre, aujourd’hui un climat délétère, empreint de défiance et de division s’installe dans cette cité. Ce climat cache mal un risque de confrontation entre deux camps, à savoir d’un côté, les « pro-ex-maire », bénéficiaires de parcelles et de l’autre, les « anti- ex maire », non attributaires de parcelles.
La transition amorcée après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers requiert l’apport des forces vives de la Nation. Cette contribution de la société civile ne s’aurait se faire que dans l’union et la cohésion des filles et fils des différentes localités. Malheureusement, tel n’est pas le cas dans certaines cités du pays où les composantes des forces vives sont plutôt obnubilées par leurs divergences. Le problème foncier, notamment de logement en est généralement la cause et c’est le cas émouvant des habitants de la commune de Kongoussi dans la province du Bam où un lotissement réalisé en 2012 divise la population de cette cité. En effet, l’opération d’extension de cette ville qui a concerné les secteurs n°1 et n°5 de cette commune, conduite par Daouda Niondian Zoromé, maire à l’époque élu sous la bannière du parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) entretient aujourd’hui la contestation et la querelle au sein des populations de la commune. Des Organisations de la société civile dont le Mouvement pour tous de la cité des lacs montés sur leurs grands chevaux pour dénoncer un travail dénudé de toute transparence et de procédure légale. Ce mouvement représentant de l’aile lésé de la population a fait l’état de lieux d’un lotissement entaché d’anomalies. C’était le 25 janvier dernier au cours d’une assemblée générale de protestation organisée à cet effet à Kongoussi. Le mouvement parle de « graves injustices dont ont été victimes plus de deux mille personnes dans ce lotissement». Défendant corps et âme la cause des personnes délaissées dans cette opération, les organisations locales de la société civile pointent du doigt l’ex-premier responsable de la commune, en l’occurrence, Daouda Niondian Zoromé, le maire et ses services techniques qui ont mené l’opération. Face à cette situation très tendue dans la localité, des milliers de personnes étaient ce 25 janvier pour exiger que la lumière soit faite sur ce lotissement qui n’a fait que les diviser. Et c’est donc un audit que les manifestants ont revendiqué sur cette extension de la commune de Kongoussi. Ils ont aussi demandé l’informatisation du fichier de lotissement, la publication de la carte de lotissement et la justice pour les personnes lésées.
Pour la cause, ils ont été reçus par Dagouri Claudine Flore, Haut commissaire du Bam, auprès de qui le parole-parole des protestataires a expliqué les raisons de leur déferlement du jour. « Des personnes «non résidentes» ont été recensées comme «résidentes, des gens ont mis leur terrain en valeur et n’ont pas été recensés ; il y en a qui occupaient des lopins de terre depuis plusieurs années et n’ont pas été pris en compte dans l’attribution », a expliqué Clément Sawadogo, porte-parole des victimes. A en croire la masse « écartée » dans l’attribution, les demandes de parcelles qui ont été reçues pêle-mêle auraient été par la suite empilées dans des cartons sans enregistrement aucun, donc sans récépissé de dépôt. Ce qui justifie l’encombrement dans le travail où le même numéro de parcelle appartient à plusieurs personnes. C’est l’exemple des numéros 780, 787, 798, 858, 863, 897, 1040, 1094, 3942 qui sont à la fois attribués à plusieurs personnes. Cette cacophonie dans la levée topographique serait sciemment faite pour brouiller les pistes selon certains qui entrevoient dans ce lotissement, qu’on pourrait appeler, un «deal légalisé». Des témoignages concordants relèvent que plusieurs parcelles ont été attribuées à des personnes qui n’ont jamais déposé au préalable une demande.
Auraient été les privilégiés de cette ‘’largesse’’ de l’ex- maire, toutes personnes influentes de la localité, capable de remettre en cause ce projet juteux. Des parents ou proches de Daouda Zoromé se seraient taillés, la part du lion dans ce lotissement, selon le Mouvement pour tous qui souligne que des familles de plus de quarante personnes restent « amassées » dans leur logis, tandis qu’il y en a qui se sont retrouvés avec chacun plusieurs parcelles. « D’autres personnes ont été attributaires sous le couvert de «résidents» ou de «non résidents» au détriment de ceux qui ont été déguerpies, qui avaient déjà investi sur le terrain », s’indigne le Mouvement né de l’insurrection de fin octobre dernier. Environ quarante (40) parcelles de la zone commerciale ont été vendues aux enchères faisant abstraction aux procédures d’acquisition de parcelles en zone commerciale. Il ressort que lors de l’identification des parcelles à vendre, des « attributaires » étaient déjà en chantier pendant que la spéculation battaient elle son plein dans les bars et autres lieux publics.
La population divisée, l’autorité locale prise en sandwich
Les mecontents avaient formulé une demande d’autorisation pour l’organisation de leur marche de protestation sur la voie publique qu’ils avaient déposée le 24 janvier 2015. Cette requête n’a pas été accordée par les services de la mairie qui avaient aussi enregistré une autre demande de la partie adverse qui voulait elle aussi marcher contre les protestataires le même jour, à la même place et à la même heure pour soutenir Daouda N. Zoromé, l’ancien maire et son Conseil municipal dissout. Les manifestants du 25 janvier dernier ont soumis une autre demande le 29 janvier. Le même groupe a de nouveau introduit sa demande le 20 janvier 2015 pour sa contre marche le 25 janvier 2015. Face à cette situation troublante qui frise la provocation, l’administration, pour prévenir tout conflit et affrontement, a demandé au premier groupe de surseoir à sa marche. C’est cette marche qui a été transformée en assemblé générale de protestation devant le Haut-commissariat. Une attitude saluée par les autorités provinciales.
Dénommée comite de soutien à l’ex-maire de Kongoussi, Daouda zoromé, ce groupe a tenu son mouvement de « contre-protestation » le 29 janvier dernier soit quatre jours après le premier mouvement. « Madame le Haut Commissaire, face à un groupuscule, manipulé et instrumentalisé depuis quelques temps et qui n’a d’objectif que de troubler la paix et la cohésion sociale et de semer la délation et suite aux bons résultats engrangés dans divers domaines par l’ancien maire et son Conseil municipal, nous, comité de soutien à l’ancien maire, N. Zoromé, tenons à travers ce rassemblement pacifique, exprimer notre reconnaissance et notre soutien indéfectible à Daouda Zoromé et son conseil pour les efforts consentis au bénéfice de la commune toute entière ». C’était la substance du message transmis par Clément Dieudonné Sawadogo, porte-parole dudit comité au Haut commissaire de la province du Bam.
Les contre marcheurs qui disent soutenir les activités de développement au niveau de la commune ont salué l’effort de l’ex-maire Daouda Zoromé en matière d’activités de développement réalisées au profit de la commune. Ces activités, a souligné le représentant du groupe, ont été réalisées dans le domaine des infrastructures, de l’éducation, de la santé, de l’aménagement marchand et du lotissement des secteurs N° 1 et 5 réalisé au cours de l’année 2012 « qui ont permis de dégager de nombreuses parcelles au bénéfice des populations ».
Le groupe qui ne rejette pas la revendication de l’autre partie contestataire, demande que s’il « advenait que des contrôles ou des vérifications se réalisaient, que les autorités compétentes prennent en compte la gestion du Conseil municipal de 1995 à 2000 »
Somme toute, cette situation qui se cristallise dans la commune de Kongoussi, si on y prend garde risque d’avoir des conséquences malheureuses. C’est pourquoi il est temps qu’une solution soit vite trouvée afin d’instaurer la confiance et l’unité entre les filles et fils de la cité, au nom de l’intérêt supérieur de cette commune qui a longtemps souffert de la fracture de ces bras valides.
Kassoum Sawadogo/ DIGICOM
Commentaires
Dans le dossier
Sondage
Autres articles
Rencontre CDP
Le Quotidien - 18/2/2015
Soutien du gouvernement aux sinistrés du marché des chaussures à Ouagadougou : « Quelque chose sera fait », le ministre Hyppolyte Dah
Le Quotidien - 17/2/2015
Retour tambour battant des dignitaires du pouvoir déchu : ‘’Les gardiens de la démocratie’’ appellent le gouvernement à brandir le bâton
Le Quotidien - 17/2/2015
Arrondissement 6/Ouagadougou : Le CDP refait surface
Le Quotidien - 17/2/2015
Formation politique : Les jeunes de l’UNIR/PS outillés
Le Quotidien - 17/2/2015
Tous les articles d'actualités
Le Quotidien - 18/2/2015
Le Quotidien - 17/2/2015
Le Quotidien - 17/2/2015
Le Quotidien - 17/2/2015
Le Quotidien - 17/2/2015