Société
Sénégal: Karim Wade risque 7 ans de prison et plus de 380 millions d’euros d’amende
Publié le mardi 17 fevrier 2015 | AFP
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Dakar - Le parquet a requis mardi sept ans de prison ferme et plus de 380 millions d’euros d’amende contre Karim Wade, fils et ancien ministre de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, devant une juridiction sénégalaise anti-corruption qui a également condamné ses
"complices".
Cheikh Tidiane Mara, procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI, une cour spéciale) a requis "sept ans de prison ferme, 250 milliards de franc CFA d’amende" (plus de 380 millions d’euros) contre Karim Wade et l’application de l’article 34 du code pénal sénégalais qui prévoit une interdiction de droits civiques d’un prévenu condamné, selon des journalistes de l’AFP.
Il a en outre réclamé une confiscation des biens de M. Wade, qui est poursuivi pour "enrichissement illicite et corruption".
Karim Wade, 38 ans et en détention préventive depuis avril 2013, est accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre "du ciel et de la terre" de son père qui a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012.
Ses biens comprennent, selon l’accusation, notamment un patrimoine immobilier, des sociétés au Sénégal et à l’étranger, des comptes bancaires et des voitures.
D’après la défense, son patrimoine est d’environ deux millions d’euros, gagnés pour l’essentiel quand il était trader en Europe avant de travailler auprès de son père.
Le réquisitoire a été prononcé en l’absence de Karim Wade et de ses avocats qui n’assistent plus aux audiences de la CREI depuis la mi-janvier pour réclamer leurs droits.
"Il n’y a aucune possibilité pour qu’il (Karim Wade) échappe à une condamnation", a déclaré mardi le substitut du procureur de la CREI, Felix Antoine Diome.
- procès de la "mal-gouvernance" -
"Le présent procès est celui de la mal-gouvernance et le prévenu Karim Wade en est l’expression la plus achevée", avait déclaré lundi un avocat de l’Etat du Sénégal, Me Moussa Félix Sow, au premier jour de la plaidoirie des avocats.
"Karim Wade, bien que son nom n’apparaît pas clairement dans la plupart (des biens qui lui sont attribués), a un rôle prépondérant" dans la "mal-gouvernance au Sénégal" alors que son père était au pouvoir, avait renchéri Me Simon Ndiaye, un autre avocat de l’Etat du Sénégal.
Karim Wade est jugé depuis le 31 juillet 2014 avec une dizaine de prévenus, "des prête-noms et complices" de son enrichissement illicite présumé, dont cinq sont "en fuite" et pour lesquels la Cour a requis des peines allant de quatre à dix ans de prison ferme.
- une centaine de témoins -
Ce procès a vu depuis son ouverture passer près d’une centaine de témoins.
L’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, bientôt 89 ans, avait déclaré le 4 février, lors d’un rassemblement à Dakar, être "prêt à donner" sa "vie" pour empêcher une condamnation de son fils.
Il estime que le procès intenté contre son fils est "politique" et est motivé par la volonté du président Macky Sall de l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle prévue en 2017.
Plusieurs manifestations, dispersées par la police, ont été récemment organisées à Dakar par une coalition de l’opposition pour réclamer la libération de l’ancien ministre.
Les partisans et les avocats de Karim Wade ont également régulièrement accusé le président Sall de vouloir le condamner pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2017, ce dont le pouvoir s’est défendu.
Arrivé au pouvoir en mars 2012, le président Sall avait réactivé la CREI, une juridiction créée par l’ancien président Abdou Diouf (1981-2000).
Plusieurs responsables de l’ex-pouvoir sont poursuivis dans le cadre de cette traque des biens présumés mal acquis. Au moins deux d’entre eux sont actuellement en prison alors que plusieurs autres, dont d’anciens ministres, sont interdits depuis plusieurs mois de sortie du territoire.
str-mrb/sba
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