Sport
Laurent Kipré à propos des étalons : «avec ses ennuis judiciaires, Paul Put n’était plus dans le coup»
Publié le vendredi 13 fevrier 2015 | L`Observateur Paalga
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Entraîneur du Santos FC en D1 au Burkina et d’origine ivoirienne, Laurent Kipré, bien connu des passionnés du football, revient, dans cette interview, sur les éléments qui ont fait la force de l’équipe ivoirienne à la CAN 2015. S’il estime par ailleurs que les Étalons ont vraiment besoin d’un psychologue, il soulignera que les ennuis judiciaires du sélectionneur Paul Put lui ont été préjudiciables.
Comment avez-vous vécu cette CAN 2015 ?
Elle a été assez bien du point de vue du niveau. Quand on regarde les statistiques et les buts marqués, on se rend compte qu’il y avait le concept de l’offensive à tout moment. De ce point de vue, l’on a joué au football sans trop serrer par-derrière et les joueurs ont tenté de rendre ce qu’ils avaient dans les tripes. Et c’est bon pour le football africain dans son ensemble. Du point de vue tactique, il y avait de très bonnes choses à voir, car dans les enchaînements de jeu, dans la construction du jeu depuis la défense, dans les balles profondes dans le dos des défenseurs, il y a eu des scenarios intéressants. Cela est dû à la valeur des joueurs qui composent les équipes nationales, tous étant des professionnels évoluant en Europe, nantis d’intelligence tactique et capables de répondre aux volontés de l’entraîneur en général. Cela nous a permis de voir, en tant que techniciens, des choses valorisantes pour le football africain.
Contrairement à 2013, les Etalons n’ont pas franchi le premier tour. A quoi cela peut-il être dû ?
Je me dis que les Étalons sont tout le temps restés dans leur but. Parce que le Nigeria absent, les Étalons se disaient superfavoris. Alors que cette compétition n’a pas de favori, tout est à recommencer. C’est comme un devoir de philosophie : aujourd’hui vous pouvez le réussir et demain, passer carrément à côté du sujet. Donc il va de soi, chaque fois qu’on doit aborder une compétition, qu’on s’y mette dans le mental telle qu’elle s’annonce. Ayant été vice-champion en 2013, cela aurait dû être pour eux une motivation supplémentaire pour 2015.
Mais je pense qu’il manque aux Étalons un psychologue. Ils devraient se faire entourer de psy. Ce dernier essayerait de voir dans quelle dynamique les Etalons doivent fonctionner pour aborder les compétitions.
Mais face à un tel échec, est-ce que c’est le coach qui a failli ?
S’il a failli, c’est sûrement du point de vue de la préparation psycho. Les garçons se sont endormis et il fallait les fouetter comme il a pu le faire quand il venait d’arriver. Quand il venait d’arriver, à l’instar d’Hervé Renard en Côte d’Ivoire, il a compris le problème de la dynamique du groupe, surtout dans les interférences relationnelles. Il s’est appesanti sur ce point et a pu motiver et réactiver la machine et ça a produit ce que ça a produit. Je pense que l’entraîneur, ce n’est pas seulement celui qui sait montrer comment on joue. C’est un meneur d’hommes, une personne-ressource morale, mentale. C’est la raison pour laquelle on demande à l’entraîneur d’être un homme complet.
C’est ce genre de coach qu’il faut aux Etalons ?
Pour qu’on soit un bon entraîneur, il faut rassembler tous ces aspects dynamiques. Pour recruter un entraîneur, il faut même mener des enquêtes de tout genre. Voyez-vous, Paul Put a accusé un coup avec son problème de justice. Pour que quelqu’un te dise «fais ceci», il faut que lui-même soit un exemple en la chose. Ça lui a manqué et c’était compliqué.
23 ans d’attente et votre pays, la Côte d’Ivoire, remporte la CAN. Vous attendiez-vous à la voir à ce sommet ?
Je n’en doutais pas. Ce que je craignais, c’est qu’on ne laisse pas Hervé Renard travailler selon sa conception et ses valeurs propres. Je le sais bon meneur et intégré dans son groupe et surtout gagneur. C’est fabuleux, ce qu’il affiche comme valeur intrinsèque ! Je pense que s’il continue comme ça, il fera une très longue et excellente carrière dans le métier.
Pourtant la Côte d’Ivoire ne semblait pas être la plus grande équipe de cette CAN-là ?
Vous savez, les plus grandes équipes attendues pèchent souvent soit par complexe de supériorité, soit par culte de vedettariat qui a tendance à les gangréner. Si vous prenez l’équipe de 92, avec Yéo Martial (un entraîneur local qui n’avait pas de joueurs professionnels) qui est parti jouer toute la compétition sans encaisser de but, cela veut dire qu’il y avait un collectif qui savait où il allait et qui savait fermer les verrous et attaquer l’adversaire. Même s’il ne gagne pas, on ne le gagne pas non plus. Donc c’est cette dynamique-là qu’Hervé Renard a su insuffler à ses garçons, leur faisant comprendre que ce n’est pas Drogba qui fait gagner une CAN, ni Yaya Touré, ni Hervé Renard, encore moins Zokora mais que c’est tout un ensemble avec un objectif déjà fixé où tout le monde se mobilise, se donne à fond et va chercher la victoire dans ses tripes. C’est là qu’on parle d’équipe. Sinon on est stationnaire à l’étape de sélection. Connaissant Hervé Renard, et l’appétit venant en mangeant, il les a fait rêver et ils ont rêvé juste. Celui qui ne rêve pas de grandes œuvres ne peut pas progresser.
Parlons du Santos ; quels sont vos objectifs pour la suite du championnat ?
Si je dis que c’est pour maintenir le club en D1 et que je n’arrive pas à le faire, on descendra au purgatoire. Donc je vise le sommet pour tomber dans le ventre mou du classement. Pour ce faire, je mobilise mes garçons et je pousse les dirigeants à aller dans le sens du facteur de motivation. Même si on n’est pas champion, on n’est pas la dernière roue du carrosse. Il faudrait le prouver à chaque match et démontrer à nous-mêmes que nous savons faire quelque chose et qu’ensemble nous pouvons former un très bon collectif.
Propos recueillis par
Kader Traoré
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