Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

NIANGOLOKO :La voiture d’un proviseur incendiée 4 élèves en prison
Publié le mardi 10 fevrier 2015  |  Le Quotidien




Tous les professeurs de la ville refusent de travaillerSuite à l’agression de leurs collègues du lycée Santa et de l’incendie du véhicule du proviseur par des élèves, l’ensemble des enseignants du secondaire de la ville de Niangoloko dans la région des Cascades a décidé d’un arrêt de travail. Depuis le 2 février, les lycées et collèges de la ville sont fermés, tandis que 4 élèves, considérés comme meneurs des troubles, sont aux arrêts à la prison civile de Banfora, le chef-lieu de région.
Des fenêtres, des portes, des chaises cassés, le domicile du proviseur vandalisé. Les vitres de son domicile cassées, sa voiture, une Mercédès, incendiée. Des bâtiments et des meubles du lycée Santa saccagés, deux professeurs blessés physiquement, la fille de ménage du proviseur du lycée victime d’un jet de pierre, la cour de l’établissement quasiment vide tout comme dans les autres établissements secondaires de la ville. C’est le constat qui se fait présentement dans la ville de Niangoloko après que les enseignants ont décidé de l’arrêt des cours, suite à une manifestation d’élèves depuis le 2 février 2015. Evariste Samaté, proviseur du lycée Santa explique : « C’est le lundi 2 février 2015, en arrivant j’ai aperçu cinq élèves en train de faire sortir les autres élèves des classes. Parmi les cinq, deux sont de notre établissement, les trois autres viennent d’ailleurs et je ne les connais pas. Je les interpellés et je leur ai demandé ce qui se passait. Ils m’ont fait comprendre qu’ils voulaient parler à leurs camarades. J’ai tenté de leur faire comprendre que leur procédure était incorrecte, puisqu’ils ne s’étaient pas adressés à l’administration. Face à leur refus de comprendre, j’ai intimé aux deux élèves que je connais à savoir, Alexandre Soulama et Albert Soulama, de me rejoindre dans mon bureau. Mais les trois autres ont insisté pour nous suivre. Alors, j’ai dû surseoir à l’idée de les faire entrer dans mon bureau et appeler les surveillants pour qu’ils fassent rentrer les élèves dans les classes. Les cours ont repris, mais les cinq élèves restaient dans la cour continuant à faire du bruit, en sifflant. C’est ainsi que j’ai fait appel à la gendarmerie pour les expulser de la cour de mon établissement. Peu après, le délégué des élèves et un autre élève ont décidé de faire sortir toutes les classes sous prétexte que j’aurais permis qu’on vienne frapper leurs camarades dans l’établissement. Franchement, je n’y comprenais rien, parce qu’il s’agit des élèves qui perturbaient. Je ne peux pas permettre cela, d’autant plus qu’ils ne sont même pas de notre établissement. Ensuite j’ai appelé l’ensemble du personnel pour lui expliquer ce qui se passait. Mais, juste à la fin de cette rencontre, nous avons vu un groupe d’élèves qui venaient vers nous, voulant nous agresser. C’était finalement le sauve qui peut. Dans cette chasse- poursuite, il y a eu deux professeurs blessés dont une dame au bras et au genou et un monsieur qui s’est enlevé le genou complètement ».
Pour le proviseur, il s’agit d’une insurrection minutieusement préparée. Car les meneurs avaient, dit-il, tenu une réunion nocturne, le dimanche jusqu’à 4 h du matin chez un de leurs camarades. Le mobile de cette agitation de la part des élèves serait que ceux-ci protestent contre l’expulsion d’Issiaka Toro et de Bassalam Konaté, de la classe de terminale A, suite à un conseil de discipline au mois de décembre. Mais c’est le nommé Toro Issiaka qui est cité, avec Ramatou Ouédraogo, élève également, comme étant les meneurs de la manifestation. Ce sont ces deux élèves qui auraient dirigé la foule vers le domicile du proviseur où le véhicule de celui-ci a été incendié.

Pourchassé et lapidé par ses propres élèves

Face à cette situation, l’ensemble des enseignants et des autres personnels du lycée, au nombre de 42 personnes, a décidé d’un arrêt de travail à durée indéterminée, du moins jusqu’à ce que les auteurs des exactions soient arrêtés et sanctionnés. « Nous avons cessé les cours parce que nous nous sentons en insécurité », s’indigne Frederick Kagambéga, professeur des sciences de la vie et de la terre. En disant que « la situation est déplorable», Jean-Louis Sandaogo, professeur de français au sein même du lycée Santa, semble peu dire par rapport à certains de ses collègues. En tout cas, pour avoir été victime de lapidation de la part de ses propres élèves, Kader Gouem, professeur d’anglais, ne cache pas son amertume : « quel sentiment devrais-je avoir après avoir été pourchassé et lapidé par mes propres élèves, ceux-là mêmes que je dois encadrer pour qu’ils soient des hommes de demain ? ». Puis, poursuivant, il s’insurge contre l’Association des scolaires de la Comoé (ASC) et contre l’ancien gouvernement : « à Niangoloko l’ASC passe tout son temps à déranger le bon fonctionnement de nos établissement, alors qu’elle n’est pas officiellement reconnue par l’administration scolaire de la ville. Sans oublier non plus que l’année passée, parce que le gouvernement était embrouillé et ne savait plus comment gérer le pays, il se contentait tout simplement de concéder tout ce que les enfants demandaient. En un week-end, ils ont même eu à décaisser plus de 15 millions de f CFA pour donner des plafonds, des ventilateurs, des ordinateurs à des élèves, alors que pour nous cela est loin d’être la priorité. Nous, nous voulons ce qu’il faut pour enseigner correctement. Cette année, nous avons voulu appliquer un règlement qui puisse rétablir l’ordre dans nos établissements. Et voilà que nous devons encore subir les gaucheries de la part de l’ASC ».
Aucun parmi les quelques élèves qui viennent réviser leurs leçons dans la cour du lycée Santa n’a voulu s’exprimer sur le sujet. De peur d’affronter le courroux de leurs camarades. Mais la situation est vraiment grave. D’autant plus que la révolte des professeurs ne se limite pas qu’au seul lycée Santa, mais à l’ensemble des établissements d’enseignement secondaire de Niangoloko. Les professeurs des autres établissements ont voulu se montrer solidaires de leurs collègues, eux aussi ont décidé de respecter le mot d’ordre de suspension des cours. Les professeurs de Niangoloko exigent que leurs collègues qui ont été victimes de ces troubles soient entièrement dédommagés et que tous les élèves qui ont été de loin ou de près mêlés à ces agressions soient purement et simplement expulsés des classes. Enfin, ils veulent que la fameuse Association des scolaires de la Comoé soit dissoute.
Lors de ses interpellations la police a déjà pu arrêter quatre élèves qui sont présentement à la Maison d’arrêt de Banfora. Mais l’on apprend aussi que la plupart des meneurs est en cavale, certains auraient même traversé la frontière pour la Côte d’Ivoire1

Par Lassina Fabrice SANOU
Commentaires

Titrologie



Le Quotidien N° 595 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment