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Younoussa Sanfo (Intrapole): le génie qui veut servir son pays
Publié le mardi 10 fevrier 2015  |  FasoZine




Il fait certainement partie des hommes qui, au Burkina Faso, sont au fait des grands enjeux de la sécurité et de la protection des données, les nouvelles technologies ayant ce côté obscur de servir de champ d’expression à toute une faune de cyber criminels. Sa mission est de vous protéger contre les intrusions et les vols de données que cela soit depuis le réseau internet, l’ordinateur ou le téléphone. Lui, c’est Younoussa sanfo, expert en sécurité informatique et directeur de la société Intrapole.

Alors que de nombreuses compétences africaines préfèrent valoriser leurs expertises hors du continent, Younoussa Sanfo lui, a pris l’option, après s’être formé en Europe, de mettre les siennes au service du Burkina Faso et de l’Afrique. Il est pourtant, dans le domaine de la protection des données, l’un des rares Africains à avoir atteint ce niveau d’instruction et de compétence. Ils ne sont pas encore nombreux, les experts africains en sécurité informatique.

Cet ancien inspecteur de la police nationale burkinabè est persuadé qu’en matière d’informatique, les Etats tout comme les institutions privées sont extrêmement vulnérables. Et les risques sont énormes, qui vont du piratage des données personnelles et des entreprises à la déstabilisation d’un Etat à l’aide de l’outil informatique. Les criminels de «online» sont ainsi en mesure de plonger tout un pays dans le chaos en coupant l’électricité, l’eau courante, le téléphone et rendre même impossible le paiement des salaires des fonctionnaires.

Un bon flic
Il a fallu à l’entreprise française qui a contribué à fabriquer ce génie, investir l’équivalent de 70 millions de francs CFA pendant quatre ans. Sans compter qu’avant ces quatre ans, Younoussa Sanfo avait déjà fait cinq autres années d’études. Pourtant le jeune homme avait abandonné les études en classe de seconde pour tenter sa chance dans les concours de la fonction publique burkinabè. «Je suis le seul garçon de ma mère et je ne supportais plus de la voir souffrir pour nous venir en aide, mes sœurs et moi», se justifie-t-il.

C’est alors que Younoussa passe avec brio le concours d’entrée à l’Ecole nationale de police. Très vite, il se révèlera un bon flic associé à la plupart des missions sensibles. Il évolue tour à tour de la Brigade de recherche, à la Direction de la sûreté de l’Etat en passant par les Renseignements généraux et l’aéroport.

Partout où son boulot l’amène, le jeune homme est brillant et ne manque pas de faire des envieux autour de lui. Ceci expliquant peut-être cela, Younoussa sera affecté, loin, très loin de Ouagadougou, à Bogandé à la frontière avec le Niger, à l’insu même des premières autorités de la police de l’époque.

Mais comme le dit l’adage à quelque chose malheur est bon. C’est lorsqu’il a rejoint son poste à Bogandé que l’histoire de cet informaticien hors norme commence… Dans cette localité, Younoussa Sanfo fit la rencontre qui va bouleverser sa vie. Une fille, «belle et sensuelle», au point de couper le souffle à un super flic lui tape dans l’oeil. M. Sanfo succombe. Les deux tourtereaux décident de s’envoler pour la France. Mais pour cela, il faut que les premières autorités du pays lui accordent une disponibilité. «Je ne sais pas pourquoi, mais cette autorisation là, c’est le président Blaise Compaoré lui-même qui l’a signée», souligne t-il.

Avant de s’envoler pour l’hexagone, tient à rappeler celui qu’on avait surnommé «Younouss bandit», le colonel Jean Pierre Palm, qui était à l’époque le Directeur général de la Police, ayant constaté son absence, l’avait fait ramener dans la capitale. Trop tard! Le sort du jeune homme était déjà scellé. Il devrait suivre sa tendre moitié de l’autre côté de l’océan.

Une fois à Caen, en France, Younoussa Sanfo qui ne savait pas vraiment quoi faire sera pris en charge par le Centre d’information des jeunes pour l’emploi qui l’a soumis à un test psychotechnique. C’est à l’issue de ce test que des enseignants lui suggèrent la formation d’analyste-programmeur en télétraitement et conversationnel. A peine cette formation entamée que les enseignants découvrent en lui des potentialités énormes. Ils lui proposent une inscription au Conservatoire national des arts et métier (CNAM). Là-bas, le jeune burkinabè suivra un cycle d’ingénieur et se spécialisera ensuite en sécurité informatique.

Sur les bancs déjà, Younoussa fait des merveilles. Grâce à son savoir-faire, la France tout entière découvrira le visage hideux de pédophiles qui commettaient leurs forfaitures à partir de la toile. Pourtant, fait-il savoir, «l’ordinateur d’un pédophile est plus sécurisé que les données de certaines banques».

Trois jours après sa soutenance, il signe son premier contrat en qualité de responsable informatique de GDE, la filiale française de Traffigura Industries, présente dans 17 villes françaises, en Angleterre et en Hongrie. Cinq ans après, il démissionne pour rejoindre une autre entreprise du nom de IN-SNEC, un des prestataires de services de l’armée française.

Parallèlement, il développe petit à petit Intrapole, son entreprise à lui, qui s’impose comme l’une des structures incontournables en matière de sécurité informatique dans l’hexagone. Un jour, il apprend que les serveurs de son pays ont été attaqués par des pirates.

Le jeune expert trouve là un moyen de montrer son sens du patriotisme. Il rentre au bercail pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Avec des informaticiens locaux, il aide à débloquer la situation… C’est là qu’il commence véritablement à s’interroger sur son utilité pour son pays.

Pendant quelques années, il fait la navette entre le Burkina Faso et l’Europe avant de se résoudre à délocaliser son entreprise au Faso. «Nous voulons faire en sorte que la jeune fille de 16 ans, qui discute dans un cybercafé avec des inconnus, ne se retrouve pas dans un réseau de prostitution très loin de sa famille », explique t-il.

«Nous travaillons aussi à protéger les informations sensibles des entreprises afin d’éviter que celles-ci ne tombent entre les mains de personnes malveillantes. Dans le domaine de la cybercriminalité, outre la sensibilisation, nous aidons les entreprises à se protéger contre les menaces en réduisant considérablement leurs vulnérabilités».

A la lumière de ces éclaircissements, M. Sanfo dit pouvoir être très utile dans les investigations électroniques, surtout pour ce qui concerne les affaires criminelles pour lesquelles un ordinateur, un réseau, un téléphone, l’internet, ont été utilisés.

«Notre rôle consistera alors à participer à la manifestation de la vérité en aidant le juge ou les forces de l’ordre dans les enquêtes », relève «le génie de l’informatique ». C’est en cela que l’ancien flic dit pouvoir être utile à ses ex collègues.

Il précise: «Déjà, j’ai formé les policiers de plusieurs pays de la sous région, notamment la Côte d’Ivoire. Et je pense qu’en ce moment où l’on parle de grand banditisme, je dois pouvoir apporter ma modeste contribution ne serait-ce qu’en montrant aux policiers comment localiser des délinquants seulement sur la base de leur numéro de téléphone».

Victime de son savoir
L’informatique a pris toute sa vie. Même à ses temps libres, il est sur son ordinateur. Heureusement qu’il trouve le temps de transmettre son savoir aux étudiants en DESS d’informatique à l’institut burkinabè des arts et métiers (Ibam).

Convaincu que l’ignorance est la plaie la plus nauséabonde dont le continent doit se débarrasser, «Youn» a mis sur pied, depuis 2002, une association dont le but est de partager gratuitement le savoir informatique. «A ce jour, nous avons formé plus de 22 000 enfants», a-t-il laissé entendre.

Même si l’expert est rentré dans son pays, il n’en demeure pas moins qu’il continue de monnayer ses compétences aussi bien en Afrique qu’en Europe. En cela, il dit toujours bénéficier de la confiance de structures comme France Télécoms ou encore de nombreuses banques du continent, qui lui font appel dans le domaine qui est le sien.

Malheureusement, constate t-il, son savoir à tendance à se retourner contre lui dans son propre pays. Il en donne les causes: «Les ministres, les députés et d’autres personnalités me fuient. Il semble qu’ils ont peur de moi. Ils se disent que je suis dangereux et que je les mets tous sur écoute téléphonique ». Il clame haut et fort son innocence: «C’est faux. C’est du pur fantasme». Younoussa Sanfo explique avec force détails que son métier a une déontologie qu’il respecte scrupuleusement. «S’il est vrai que je peux gagner ma vie en piratant les autres, je peux mieux la gagner en les protégeant», rassure t-il. «Je ne suis pas un pirate», se défend-il. Mais comme le dit le dicton, nul n’est prophète chez soi.
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