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PDP/PS : la guerre de titans a eu lieu

Publié le lundi 9 fevrier 2015 | L`Observateur Paalga

Le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS), ou plus exactement l’aile de Théophile Dentiogue, a convoqué le samedi 7 février 2015 une assemblée générale aux Lauriers sis dans l’enceinte de la Cathédrale de Ouagadougou. Cette rencontre qui devait tenir lieu de rentrée politique a très vite tourné court puisque l’autre camp conduit par Salfo Lompo, lui aussi se réclamant président légitime du même parti, s’est dressé devant le premier pour empêcher la tenue de ladite assemblée générale qu’il qualifie de forfaiture. Devant l’impasse, les deux factions en sont pratiquement venues aux mains pour déterminer le dirigeant le plus légitime. Et pour ce faire, elles ont visiblement opté pour la formule du «plus fort reste.

Les Professeurs Joseph Ki-Zerbo et Ali Lakoandé, figures de proue du parti pour la démocratie et le progrès, après ce triste spectacle offert par les différentes factions du parti qu’ils ont biberonné pendant des décennies, doivent se retourner dans leurs tombes.

Les illustres disparus pourraient même regretter de n’avoir emporté avec eux le fameux héritage : le récépissé, tant querellé par les deux parties. Cette assemblée générale qui devait faire office de rentrée politique pour le PDP/PS afin d’affiner les stratégies électorales, évoquer les questions brûlantes et les perspectives après l’insurrection populaire de fin octobre 2014, a plutôt consacré la scission au sein du parti.

En effet, la presse invitée pour la couverture de l’événement prévu pour 10h 30 se posait déjà des questions en constatant que la salle de conférence était vide à l’heure convenue et qu’à l’extérieur de petits groupes de jeunes devisaient çà et là. Le «président» Théophile Dentiogue qui a convoqué l’AG et ses proches, eux, commençaient à nous donner le tournis par leurs incessants va-et-vient.

A peine se furent-ils installés dans la salle que nous entendîmes des voix de stentor fendre le silence qui règne habituellement en ces lieux. L’aile de l’autre «président», Salfo Lompo, nous ne tardâmes pas à le savoir, venait d’entrer en scène.

Des noms d’oiseaux fusèrent de part et d’autre ; la température monta d’un cran ; l’atmosphère se surchauffa ; on s’invectiva et chaque camp déversa autant qu’il le pouvait un torrent d’insanités sur l’autre. Ce havre de paix, de refuge et de quiétude se transforma en une foire d’empoigne.

Selon le «président» Théophile Dentiogue, cette cacophonie a été savamment orchestrée par le camp d’en face, celui de Salfo Lompo qui, après avoir été débouté par le ministère de l’Administration territoriale et le Conseil constitutionnel, n’a pas trouvé mieux que de tenter un passage en force et de chercher noise. C’est pourquoi, il aurait mobilisé des jeunes pour prendre en otage cette assemblée générale.

Ce que Salfo Lompo, l’autre «président», balaya d’un revers de la main. Pour lui, Théophile Dentiogue et son camp ne sont que des imposteurs. «Théophile Dentiogue a été éjecté de la présidence du parti lors du congrès du 29 novembre à mon profit. Il ne jouit d’aucune légitimité pour convoquer la moindre instance statutaire», a-t-il asséné. Il accuse par ailleurs son protagoniste et son camp d’avoir été corrompus avec 5 millions de FCFA pour rejoindre le MPP, toute chose que la base aurait réfutée.

Face à l’intransigeance des deux parties, à la démultiplication des frictions, aux risques de règlements de comptes et de rixe généralisée qui se profilaient, les organisateurs ont vite fait de reporter sine die cette assemblée générale « historique ».

Si les deux camps n’ont pas pu s’accorder sur le choix des leaders et de la direction à prendre, ils ont, en revanche, réussi la prouesse de rapprocher, le PDP/PS, déjà dans un état végétatif de ses illustres et charismatiques fondateurs mais aussi à perturber la légendaire quiétude des bonnes Sœurs.

Jean Stéphane Ouédraogo