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Sidwaya N° 7335 du 15/1/2013

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Intervention militaire au Mali : Approbation unanime des Burkinabè
Publié le mardi 15 janvier 2013   |  Sidwaya


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© AFP par DR
Une troupe de jihadiste au mali


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Depuis la semaine dernière, les évènements se sont accélérés au Mali, avec la décision de l’armée française d’en découdre avec les rebelles islamistes. Le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays de la sous-région, a annoncé l’envoi d’un contingent de 500 hommes pour soutenir l’armée malienne. Des acteurs de la classe politique burkinabè, aussi bien de l’opposition que de la majorité, analysent cette nouvelle donne.

Me Bénéwendé Sankara, président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) : « Je ne condamne pas l’attitude de la France, mais… »
Franchement, je n’aime pas la guerre. Nous avons tous, au début de l’année 2013, souhaité, pour le Burkina Faso, pour l’Afrique et pour tous les peuples du monde, la paix. Quand on fait la guerre, on a échoué là où le dialogue devrait prévaloir. Avec les islamistes, Ansar Dine, le MUJAO et tout ce qu’il y avait comme groupes, le débat était voué à l’échec, surtout que sur le terrain, il y avait des amputations, des prises d’otages… c’était trop. Ce n’est pas que j’approuve l’intervention de l’armée française. C’est un fait accompli, un constat. Le vin est tiré, il faut le boire. C’est une décision prise par le président français, François Hollande. J’ai lu dans la presse qu’en ce moment, le président de l’Union africaine et celui de la CEDEAO n’étaient même pas dans leurs pays. Cela veut dire, en réalité, que la France ridiculise ses anciennes colonies. Paris a vu beaucoup plus ses intérêts menacés et a décidé de ne plus tergiverser, d’aller de l’avant. L’opinion, de façon générale, retient que c’est un aveu d’impuissance des Africains. Même si c’est une honte pour l’Afrique, même si c’est contre la dignité africaine, il fallait choisir le moindre mal. Ce serait criminel d’assister à l’avancée des Djiadistes, à cette barbarie de ce siècle. C’est abominable et on ne peut pas se taire. On n’avait plus le temps de discuter. Le président Blaise Compaoré a joué toutes les cartes de la médiation. En son temps, nous avions dit que ça n’allait pas marcher. Je ne condamne pas l’attitude de la France, mais si l’Afrique pouvait, on n’en serait pas là.
Le Burkina Faso a décidé d’envoyer 500 soldats pour soutenir l’armée malienne. Pour envoyer des troupes, même en France, le chef de l’Etat est obligé de passer par l’Assemblée nationale. En cette matinée du lundi 14 janvier, je pense qu’il est en train de consulter les présidents de commission, c’est constitutionnel et c’est règlementé. Le hic souvent au Burkina, c’est qu’on envoie d’abord les troupes avant de revenir à l’Assemblée nationale. Cette fois-ci, ça urge. Ce n’est pas une affaire typiquement burkinabè. D’autres pays envoient aussi des troupes. C’est pour sécuriser toute la zone. Nous sommes exposés parce que ces Djiadistes affirment qu’ils vont frapper autrement. On souligne, par exemple, que les ambassades françaises sont aujourd’hui exposées. Qu’est-ce qui dit que les intérêts des Burkinabè ne sont pas aussi exposés dans une telle guerre ? C’est au regard de cette analyse que je dis que quand le canari se casse sur votre tête, il n’y a qu’à se laver de son eau. Il faut assumer, c’est surtout cela qui interpelle l’opposition et la majorité. C’est une question de souveraineté nationale, une question burkinabè.

Assimi Kouanda, secrétaire exécutif national du CDP : "Le CDP salue la prompte réaction des forces armées françaises"
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) est un parti attaché à la paix et à la stabilité de tous les Etats de la sous-région. C’est pourquoi, nous suivons avec beaucoup d’intérêt l’évolution de la situation politique et sécuritaire au Mali depuis quelque temps. Les groupes terroristes coalisés qui occupent le Nord du Mali ont entrepris de lancer un assaut barbare sur les paisibles populations de Konna, en vue de se frayer une voie pour l’occupation du Sud.
Le CDP salue la prompte réaction des forces armées françaises qui appuient l’armée malienne et les forces de la CEDEAO pour accélérer le processus de libération du Nord du Mali et de sécurisation de la sous-région.
Pour ce qui est de l’envoi d’un contingent de 500 militaires burkinabè au Mali, le CDP soutient le gouvernement qui, par cette décision, réaffirme sa solidarité, sa fraternité et son appartenance à la CEDEAO et à son espace communautaire. Le CDP appelle toutes les parties à un sursaut afin de donner la chance au dialogue politique pour aboutir à une paix durable au Mali et dans la sous-région.

Hama Arba Diallo, député du Parti pour la démocratie et le socialisme (PDS/Metba) : « Nous avons le devoir d’appui sans réserve en direction du peuple frère du Mali »
Je salue l’intervention de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA). Je pense qu’elle a mis beaucoup de temps avant de se mettre en branle. Mais c’est heureux que les Etats aient enfin décidé de voler au secours du peuple malien qui, depuis bientôt 9 mois, est en train de subir toutes sortes de vexations et d’humiliations d’un pays occupé par des agresseurs qui n’ont pas d’état d’âme. Nous pensons que l’occasion est bonne de rappeler que c’est une intervention qui aurait dû arriver depuis longtemps, car c’est une agression caractérisée pour laquelle il n’y a aucune explication et que tous les atermoiements autour d’une négociation n’étaient qu’une naïveté que nous avons fini par découvrir. Maintenant, nous connaissons les vrais visages de ces agresseurs et il n’y a plus de raisons d’hésiter. Je pense que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a enfin bien fait. Au lieu de chercher à punir tel ou tel régime au niveau de Bamako, la seule personne qui mérite d’être punie, c’est l’agresseur, d’où qu’il vienne. Si l’intervention française s’inscrit dans le cadre de la mission des forces internationales, c’est bien. Pour le Parti socialiste, c’est aussi un moyen de redorer son blason et de faire disparaître toutes suspicions relatives aux velléités qui ont toujours entouré la position des autorités françaises. Je pense que c’est tout à l’honneur du Parti socialiste et j’espère que ces années sombres de quiproquos et de non-dits et autres sont derrière nous. Tout le monde y gagne. Les peuples et les partis progressistes gagneraient à ce que la position du gouvernement français soit sans ambigüité aucune. Le moment est aussi venu pour les patriotes maliens de tout faire pour gérer le problème politique. Nous les connaissons tous, nous leur faisons confiance et nous savons qu’ils pourront être à la hauteur des défis auxquels ils sont confrontés. C’est à eux et à eux seuls de montrer la voie. Tous les autres, en réalité, ne peuvent qu’être des accompagnateurs. Les jeux sont clairs, il faut que l’armée malienne et le régime malien sachent qu’ils ont derrière eux, l’opinion de l’Afrique de l’Ouest.
Pour ce qui concerne l’intervention du Burkina Faso, le pays a promis d’envoyer des troupes. Le Burkina Faso est le voisin le plus proche du Mali. Je considère, qu’à partir du moment où un voisin est agressé et qu’il y a au niveau de la CEDEAO, des dispositions qui demandent que les voisins et amis se mobilisent comme un seul homme pour refouler l’agresseur, l’intervention de la CEDEAO a mis trop de temps. Nous sommes de la CEDEAO, il ne faut pas l’oublier. Par conséquent, nous avons le devoir d’appui sans réserve en direction du peuple frère du Mali. Le Mali a assez enduré les conséquences de l’agression des islamistes. J’espère enfin que nous irons jusqu’au bout, et je souhaite qu’il n’y ait aucune ombre au tableau et que tous les voisins du Mali, y compris l’Algérie et la Mauritanie sachent que les frères et les patriotes de l’Afrique de l’Ouest ne comprendraient pas qu’un seul d’entre eux hésitent un moment à voler au secours du Mali. Car si on ne le fait pas aujourd’hui, c’est l’un ou l’autre ou nous tous qui sommes en danger, d’être envahis par la horde des extrémistes de tous bords et des trafiquants de toute nature qui ont toujours occupé la partie Nord du Mali et celle du Sud de l’Algérie.

Lassana Barry, chargé de communication de l’ADF/RDA : « Si l’intervention militaire vise à ramener la paix, elle est la bienvenue »
La situation au Mali préoccupe les premiers responsables de notre parti au plus haut point. Nous sommes un parti démocrate, qui a toujours prôné la paix. C’est en cela que la situation au Mali, un pays frère, est tout à fait préoccupante pour nous. En ce qui concerne l’intervention militaire au Nord-Mali, nous pensons que le Mali est un Etat souverain et assez responsable pour accepter cette intervention sur son territoire. C’est aux Maliens de décider ce qu’ils veulent. Comme vous le savez, c’est le président malien qui a demandé l’intervention militaire de la France. Si l’intervention militaire vise à ramener la paix, elle est la bienvenue. En outre, le terrorisme international préoccupe beaucoup la CEDEAO et toute la sous-région ouest-africaine. C’est en cela que l’union sacrée autour de la lutte contre un tel phénomène est importante. Si toutefois, l’intervention militaire vise à ramener la sérénité et la paix dans la sous-région, nous saluons cette initiative. Malgré l’intervention militaire, la médiation conduite par le président Blaise Compaoré se poursuit. Il y a des contacts qui sont noués et sur cette question, nous n’avons pas à émettre un jugement de valeur. Tout ce que nous espérons, c’est que la paix revienne au Mali.

Abdoulaye Mien, étudiant en Droit : « Le Burkina Faso ne peut être arbitre et partie »La crise malienne perdure depuis longtemps du fait de la tergiversation des politiciens et des militaires de ce pays. L’intervention de la France, en phase avec la résolution de l’ONU, vient à point nommé, même si on peut dire qu’elle a des intérêts à défendre, notamment assurer sa sécurité et celle de l’Europe comme l’a souligné le président François Hollande. L’implication du Burkina Faso avec 500 soldats n’est pas la bienvenue. En tant que médiateur dans cette crise, le pays devrait adopter une attitude de neutralité et non déployer une force belligérante. On ne peut pas, en même temps, être arbitre et partie. Pour tout dire, on ne peut pas être médiateur et vouloir déployer des troupes sur le territoire malien.

Caroline Léger Kalmogo née Yenkoné, conseiller d’administration scolaire et universitaire : « C’est normal que le Burkina Faso soutienne un pays frère »
Depuis un certain moment, la situation au Nord-Mali est devenue inquiétante avec la volonté des islamistes d’imposer la charia. Le problème, c’est qu’ils veulent l’instaurer de force et cela a conduit à la perte de vies humaines. Il est plus que nécessaire que les pays voisins et d’autres pays prennent leurs responsabilités pour pouvoir limiter les dégâts. Cette intervention est nécessaire. C’est normal que le Burkina Faso soutienne un pays frère comme le Mali par le déploiement de 500 soldats car nous ne sommes pas à l’abri d’un tel scénario. Il vaut mieux aider le Mali à éteindre son feu pour que ça n’embrase pas notre pays et pourquoi pas toute l’Afrique de l’Ouest. Parler d’échec de la médiation burkinabè est une position radicale, mais elle ne s’est pas passée comme on le voulait. On recherchait, à travers cette médiation, à réinstaurer un climat de paix au Mali, mais avec la volonté affichée d’une partie d’aller à la guerre, on ne peut que prendre acte et trouver d’autres moyens pour sortir ce pays de cette crise.

Nabé Arouna Ivo, étudiant en 4e année SEG : « L’intervention militaire au Nord du Mali a beaucoup tardé »
L’intervention militaire au Nord du Mali a beaucoup tardé car elle aurait dû être menée depuis bien longtemps, avant que les islamistes ne puissent s’organiser. Le déploiement de 500 soldats burkinabè pour secourir le Mali est dans l’ordre normal des choses parce que ce sont deux pays frères liés par la géographie et l’histoire. En cela, c’est tout à fait normal qu’on parte aider notre frère qui est dans une situation difficile. S’il y a des troubles au Mali, cela a forcément des répercussions chez nous, celà est perceptible à travers les différents réfugiés que nous avons accueillis. Il est tout à fait normal qu’on apporte un soutien à ce pays. Le paradoxe dans cette histoire, c’est que le chef de l’Etat est médiateur dans cette crise et cela pose un problème. Il est bien vrai qu’à un moment donné, certains compatriotes avaient demandé son retrait de cette médiation. J’estime que cette médiation est un échec à partir du moment où nous envoyons des soldats pour intervenir.

Irène Simporé, citoyenne : « S’il ne tenait qu’à moi, on allait déployer plus de 500 soldats burkinabè »
Cette intervention militaire est logique. Le déploiement de 500 militaires burkinabè pour résoudre cette crise est peu. S’il ne tenait qu’à moi, on allait aller au-delà de ce chiffre. On ne peut pas dire que la négociation burkinabè a échoué. Depuis longtemps, nous nous évertuons à résoudre la crise malienne par le dialogue, mais cette stratégie a montré ses limites. Il faut donc passer à autre chose et si nécessaire, par un affrontement pour soulager la souffrance du peuple malien.

Dokah Aboubacar Ouattara, étudiant en 4e année de Géologie : « Il faudrait que cette intervention aille jusqu’au bout »L’intervention de la France au Mali est une bonne action qui augure des lendemains meilleurs pour ce pays en difficulté. Je dirais même qu’elle arrive tardivement car les islamistes ont eu beaucoup de temps pour s’organiser et s’implanter dans le septentrion malien. Il faudrait que cette intervention aille jusqu’au bout c’est-à-dire qu’on puisse débarrasser le territoire malien de ces groupuscules. L’implication de notre pays par le déploiement de 500 militaires arrive à juste titre. A mon avis, la médiation du Président Blaise Compaoré pour tenter de résoudre cette crise par la voie de la négociation était une bonne chose même si elle n’a pas abouti. Cette médiation en elle-même n’est pas un échec car elle était nécessaire en ce sens qu’elle a contribué à avoir la position des différents protagonistes sur certains points.

Mathias Yao, cordonnier : « Le déploiement de 500 militaires burkinabè est une bonne chose »
La crise malienne nous touche, en tant qu’Africains. Les dirigeants africains doivent prendre rapidement des décisions en vue de sortir ce pays du joug des islamistes car trop d’innocents ont perdu la vie. Cette situation n’arrive pas qu’aux autres. Fort de ce constat, l’intervention militaire est salutaire. Je trouve que la participation de notre pays à l’effort de guerre par le déploiement de 500 hommes est une bonne chose. Je suis même pour qu’on aille au-delà de ce chiffre car cette crise est vraiment complexe.

Propos recueillis par
Bachirou NANA
Adama BAYALA
badam1021@yahoo.fr
Abdel Aziz NABALOUM
emirathe@yahoo.fr
Nestor BAKI

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