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Le Pays N° 5276 du 14/1/2013

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Intervention militaire au nord-Mali : récit d’une journée de violents affrontements
Publié le lundi 14 janvier 2013   |  Le Pays


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© AFP par DR
Une troupe de jihadiste au mali


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Les Maliens et la communauté internationale l’ont longtemps redoutée et ils la vivent aujourd’hui : l’intervention militaire au Nord-Mali. En effet, avec les derniers évènements, tout semble indiquer que l’option militaire a pris le dessus sur le dialogue. L’armée malienne est entrée en action, catapultée par l’armée française pour reprendre la ville de Konna, tombée aux mains des djihadistes jeudi dernier. Selon les témoignages recueillis sur place, la reconquête de la ville a été d’une rare violence. Ces combats ont coûté la vie à des dizaines de personnes et fait de lourdes pertes en matériels. En somme, l’enfer vécu par les Konnalais soulève une interrogation : quelle sera la suite des événements et combien de temps durera la guerre ouverte dans la partie septentrionale du Mali ?

Konna est une commune rurale de la cinquième région du Mali (Mopti) située à 65km de Sevaré, sur la route nationale N°16 (axe Bamako-Gao). Peulhs et Bozos constituent en majorité les habitants de cette petite ville qui dispose d’un autogare, d’un marché (fréquenté par les Burkinabè) et surtout d’un transport fluvial, car traversée par le fleuve Niger. Mais Konna serait restée dans l’anonymat le plus complet si elle n’avait pas été le théâtre d’affrontements entre l’armée malienne et les djihadistes. La contre-offensive déclenchée par l’armée malienne, soutenue en cela par des armées étrangères, a permis de reprendre la localité de Konna. L’assaut, selon des sources, a provoqué la mort de plusieurs combattants dont un de l’armée française. Le maire de Konna, Ibrahim Diakité, que nous avons joint au téléphone dans la nuit du samedi à dimanche à 20h00 a confirmé ces informations. Selon le bourgmestre, en plus de nombreux morts enregistrés dans les rangs des militaires, des civils ont été aussi tués au cours des combats qui, selon lui, ont été des plus acharnés. « Je peux vous confirmer que beaucoup de militaires sont tombés sur le champ de bataille. Nous ignorons le nombre de militaires tués, mais en ce qui concerne les civils, nous avons dénombré, à l’heure qu’il est, 7 morts. 3 autres personnes ont perdu la vie au même moment, mais là, il s’agissait d’une embarcation qui a chaviré », nous a-t-il confié avant de continuer : « Ce soir, Konna est redevenue calme ; la ville vit dans la psychose, certes, mais les combats ont cessé. L’armée malienne et ses alliés ont repris le contrôle de la ville et font du ratissage ».

Des cadavres vus à Gao

Quid des blessés ? Le maire Ibrahim Diakité répond : « Je ne peux pas vous dire combien de blessés il y a, mais je sais qu’il y a de nombreux blessés ». Un habitant de la localité qui a requis l’anonymat est angoissé : « Ma femme et moi étions dans la maison quand les armes tonnaient. Des tirs retentissaient et nous étions dans une grande angoisse lorsque les tirs se rapprochaient de notre maison. Par la fenêtre, j’ai vu des véhicules militaires transporter des blessés et des cadavres ». Si à Konna, la situation était encore confuse, à Gao, à 250km de là, par contre, la ville était calme. C’est du moins la confidence que nous a faite au téléphone le président de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) section de Gao, Mohamed Ibrahim Touré. Selon lui, la ville s’était vidée de ses militaires. Joint aux alentours de 21h00, le samedi dernier, il décrit l’ambiance qui y prévalait : « La ville est calme. Pas de panique. Pas de mouvements particuliers. Gao est tranquille ce soir. De nombreux hommes en armes ont convergé vers Konna avec des véhicules blindés. Ce que je pourrais ajouter, c’est que hier, j’ai pu voir 3 véhicules de retour de Konna et dans lesquels il y avait de nombreux morts et blessés. Avant que vous ne m’appeliez, j’étais au téléphone avec mon collègue de Tombouctou qui m’a fait savoir que les Arabes fuyaient la ville. Beaucoup sont allés cacher leurs femmes à Niafounké, Goudam et Diré ». L’information nous a d’ailleurs été confirmée par le maire de Tombouctou, Ousmane Hallé. Selon lui, les événements en cours à Konna ont semé un vent de panique dans cette ville. « Beaucoup de voyageurs voulant rejoindre Bamako ont été brutalisés. Les cars étaient fouillés de fond en comble et les passagers soumis aux mêmes fouilles. » Selon une source militaire, la bataille de Konna avait été menée par des forces combinées qui ont attaqué les positions des djihadistes. « Elles ont réussi à percer les défenses islamistes sur une profondeur de 5km environ, précise notre interlocuteur. L’avancée des islamistes vers le Sud avait pour objectif de faire tomber la ville de Sevaré où est basé un poste de commandement militaire dirigé par le colonel Didier Dacko. » Selon des sources militaires, lui et ses hommes, appuyés par les forces françaises, ont détruit des chars, tué beaucoup d’ennemis, mais ont enregistré des morts en leur sein. Dans le même temps, la force interafricaine de la CEDEAO s’apprête elle aussi à entrer dans la danse. « Si la CEDEAO s’entête à intervenir au Mali, elle aura en face l’armée malienne », ainsi nous confiait le docteur Oumar Mariko dans notre édition du 8 octobre 2012 lors de notre passage à Bamako. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Interrogé sur ses propos d’octobre au téléphone, Oumar Mariko répond : « Je ne voudrais pas revenir sur ces questions mais je suis sûr d’une chose : notre armée a tout pour se défendre.

Oumar Mariko, désavoué par Haya Sanogo

« Nous sommes contre cette intervention militaire encouragée par certains pays de la sous-région et de la France. » Or, dans un message radio diffusé, Amadou Haya Sanogo s’est dit « ravi » de l’intervention militaire de la France. Autant dire que l’homme fort de Kati et Mariko ne regardent plus dans la même direction. En tout cas, Mme Sagara, du service de communication de Haya Sanogo que nous avons jointe au téléphone a soutenu fortement les propos de son « boss » en parlant « d’intervention utile ». Commentant les dernières marches de Bamako pour exiger le départ de Dioncounda Traoré du pouvoir, Mme Sagara précise : « Il ne faut pas confondre les choses. Ceux qui marchent à Bamako sont des politiques. Haya Sanogo et le président par intérim travaillent en symbiose pour libérer les régions occupées. » Contacté, un officier proche de Haya Sanogo, en poste au camp Soundiata Kéita de Kati fait son mea culpa : « Certains d’entre nous ont eu tort d’avoir diabolisé prématurément la France. L’engagement de la France à nos côtés est sincère, franc ». Un diplomate africain accrédité à Bamako reconnaît que les rebelles ont été poussés jusqu’à Gossi. C’est d’ailleurs cette localité qui avait abrité, il y a quelques années, la signature des accords entre les autorités maliennes et les rebelles touarègues. Pour le reste, les 8 cercles que compte la région de Mopti retiennent leur souffle. Koro, l’un des 3 cercles de la falaise limitrophe de Douentza est dans l’expectative. Le maire de ladite localité, Somaila Djimdé que nous avons pu joindre déclare : « Ma ville fait frontière avec le Burkina Faso. Une certaine rumeur envahit la cité comme quoi, les islamistes auraient contourné la RN.16 pour rejoindre notre ville. Ces derniers temps, nous vivons dans l’insécurité marquée par de nombreux cas d’attaques à main armée ». ‘’Combien de temps durera cette guerre ?’’, s’interroge une autorité administrative de Mopti, pour qui sa ville est en train de perdre l’essentiel de ses habitants en fuite vers le Sud. A en croire des sources basées à Kidal ,Iyad Ag Aghaly, le patron de Ansardine et ses sbires n’écartent pas l’idée de mener une ‘’guerre fluviale’’. Que feront maintenant les colonels Ag Gamou et Ould Médou réfugiés depuis au Niger ? Mopti, une des plus vastes régions du Mali, compte plus de 2 millions d’habitants. Son gouverneur, Seydou Toumany Camara, pense que Mopti ne tombera pas comme les régions de Kidal, Tombouctou et Gao aux mains des terroristes. Ces 3 régions, à elles seules, constituent plus des 2/3 du Mali.

Hamed Nabalma

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