Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a animé une conférence de presse, le 10 janvier 2013 à Ouagadougou, en vue d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur la composition de la nouvelle équipe gouvernementale et les missions qui lui ont été assignées.
Le chef du gouvernement, Luc Adophe Tiao, s’est inscrit dans une logique de communication avec les Burkinabè. C’est la raison pour laquelle il a organisé un point de presse, le 10 janvier 2013 à Ouagadougou, dans l’intention d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur les changements intervenus dans la composition de la nouvelle équipe gouvernementale et les missions qui lui ont été assignées. M. Tiao a fait savoir que le gouvernement qui a été mis en place a pour objet d’accélérer l’exécution du programme présidentiel destiné à construire un Burkina émergent. Il a parlé de la consolidation des fondamentaux de l’économie, la stimulation de la croissance, l’accroissement des indicateurs pour le bien-être des Burkinabè et la poursuite des efforts pour le renforcement de la bonne gouvernance. Ce faisant, M. Tiao a invité tous les partis politiques et les acteurs de la société civile à travailler au renforcement de la paix sociale, à l’unité nationale et à l’ancrage des valeurs républicaines et démocratiques.
Le Premier ministre a salué l’élection de Soungalo Appolinaire Ouattara à la tête de l’Assemblée nationale avant de dire qu’il reste persuadé que la collaboration entre le parlement et le gouvernement va se renforcer. En réaction à la déclaration liminaire de Luc Adolphe Tiao, les hommes des médias ont formulé une foultitude de questions. En ce qui concerne les préoccupations relatives à la politique, le chef du gouvernement a souligné que la formation du nouvel exécutif a été guidée par la tradition du chef de l’Etat à s’ouvrir à toutes les forces sociales et politiques qui peuvent contribuer à la mise en œuvre de son projet de société. C’est dans cette dynamique, a-t-il dit, que des partis comme l’Union nationale pour la démocratie et le développement et l’Autre Burkina/PS, ont fait leur entrée dans la nouvelle équipe gouvernementale.
Pas de remaniement ministériel à l’ordre du jour
Sur l’absence de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement africain (ADF/RDA dans le gouvernement, Luc Adolphe Tiao a indiqué qu’il n’y a pas eu d’accord sur le nombre de portefeuilles ministériels à pourvoir à ce parti ainsi que le positionnement. Il a soutenu que les négociations se poursuivent en affirmant qu’il ne sait pas s’il va avoir un remaniement ministériel, mais il a fini par lâcher, que celui-ci n’est pas à l’ordre du jour. Le Premier ministre a expliqué que l’augmentation du nombre de ministères relève d’un souci d’efficacité. A l’en croire, les départements sont ingérables lorsqu’ils sont « géants ». Il a pris l’exemple du ministère de l’Agriculture en arguant qu’il fallait le scinder.
Interpellé sur le non-respect du quota genre dans le nouvel exécutif, il a reconnu que les compétences sont là, mais qu’il est difficile de les trouver. C’est pourquoi, a-t-il mentionné, qu’il a instruit la ministre du département en charge de la Promotion de la femme d’établir une base de données fiable afin de faciliter les consultations dans le cadre des nominations, soit au gouvernement, soit à des postes de responsabilité. Partant de ce fait, il a appelé les formations politiques à revoir leurs stratégies pour permettre à un plus grand nombre de femmes de siéger à l’Hémicycle. « Nous allons travailler pour obtenir 40 à 45% dans les années à venir », a-t-il révélé.
A propos des personnes qui ont été mis en cause dans le rapport de l’Autorité de régulation et de contrôle de l’Etat, M. Tiao a distingué trois cas de figure. Des gens qui sont allés s’acquitter totalement de ce qu’ils devaient, ceux qui ont commencé à payer et demandent un délai pour verser le reste des sommes dues et ceux qui ne se reconnaissent pas dans les faits à eux reprochés. Au sujet de ces derniers et de ceux qui tarderaient à payer les sommes restantes, le chef du gouvernent a averti que les dossiers vont être transmis à la justice. Il a avancé que le gouvernement travaille dans le silence, pas dans le tapage, comme cela se passe dans des pays étrangers. Selon lui, les choses avancent et le plus important, c’est la moralisation de la société, la préservation des valeurs et la promotion de la bonne gouvernance. Abordant la question de l’ancien Directeur général des douanes qui a été élu comme conseiller municipal dans sa localité, il a affirmé que cela ne veut pas dire qu’il a été blanchi. "Ce n’est pas parce que Ousmane Guiro a été élu conseiller municipal qu’il est blanchi". Le Premier ministre a confié que le gouvernement a accompli sa part de responsabilité et qu’il appartient à la justice de jouer sa partition. Il a fini par dire : « Nous souhaitons que les choses aillent jusqu’au bout pour ne pas qu’on ait l’impression qu’on protège les gens au Burkina Faso ».
Le secteur de la santé préoccupe
Outre les questions liées aux aspects politiques, Luc Adolphe Tiao a abordé les questions d’ordre socio-économique. Au nombre desquelles la grève qui prévaut au niveau du secteur de la santé. Le chef du gouvernement a souligné qu’à ce niveau, les négociations sont en cours. « Nous étions bien avancé dans les discussions avec le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (Syntsha) lorsque le gouvernement a été dissout. J’ai donc instruit le nouveau ministre de la Santé, d’en faire une priorité absolue et de nous soumettre des propositions concrètes d’ici à la fin du mois de janvier… », a confié Luc Adolphe Tiao.
Il a, en outre, souligné que le gouvernement est conscient des difficultés auxquelles sont confrontés les agents du secteur de la santé. Mais le chef du gouvernement estime que même si un problème subsiste, il y a lieu pour les agents de garantir un minimum de service. Le Premier ministre garde l’espoir qu’une issue rapide sera trouvée pour résoudre le problème des agents de la santé afin que les populations n’en souffrent pas. Quant à la situation à l’Université de Ouagadougou, Luc Adolphe Tiao s’est dit affecté par ce qui y arrive, mais il se réjouit du fait que le rapport du comité scientifique commandité par le gouvernement sur le problème à l’Université soit maintenant disponible. « Le comité a fait des propositions que nous allons examiner afin de trouver une issue définitive à la situation qui prévaut à l’Université de Ouagadougou », dixit le chef du gouvernement. A ce propos, il a souligné qu’à la fin du mois de janvier 2013, une décision sera prise en concertation avec les étudiants et le personnel enseignant. Et d’ajouter la tenue, d’ici au mois d’avril 2013, des états généraux des universités afin de trouver des solutions aux crises que connaissent les universités publiques et les remettre sur de bons « rails ».
Parlant du budget, Luc Adolphe Tiao a fait savoir que celui-ci est focalisé sur l’atteinte des objectifs du gouvernement contenus dans la SCADD. Par ailleurs, il a annoncé qu’une loi rectificative du budget sera voté, très prochainement, pour tenir compte du nouveau remaniement ministériel, des nouveaux découpages et également pour recentrer les priorités du gouvernement.
« Ce qu’on peut saluer dans le budget gestion 2013, c’est la progression des recettes qui nous permettent aujourd’hui de financer 65% du budget », a-t-il précisé.
Bientôt des états généraux du logement
Que compte faire le gouvernement pour permettre à une grande majorité de Burkinabè de pouvoir se loger ? En réaction à cette question, Luc Adolphe Tiao s’est dit déçu du fait que la cité de Bassinko dont les travaux devaient prendre fin en décembre 2012, soit toujours en chantier. Il espère que la cité pourra être prête, d’ici à la fin du premier trimestre de 2013, afin de mettre à la disposition des populations, un certain nombre de villas. Selon lui, la politique du logement au Burkina Faso est liée à la problématique du lotissement.
Dans cette optique, le Premier ministre a indiqué qu’il est prévu des états généraux du logement pour recenser le type de lotissement qu’il faut promouvoir afin de permettre l’accès plus facile des populations les plus défavorisées aux différents terrains lotis. L’autre question sur laquelle le gouvernement travaille, a dit Luc Adolphe Tiao, c’est le coût des loyers. « Aujourd’hui, il n’y a aucune base juridique au Burkina Faso, chaque propriétaire fixe le coût du loyer comme il le souhaite. Nous allons travailler à apporter des propositions devant le parlement en vue d’établir les critères de fixation des prix des différents logements », a fait savoir le chef du gouvernement.
Pour ce qui est du bilan de la campagne agricole 2012-2013, le Premier ministre a précisé que le bilan de la campagne se fait chaque année au mois de février. Mais en attendant ce bilan, le chef du gouvernement pense que le Burkina est loin de la situation de 2011 où il y a eu un déficit dans plusieurs régions. Quelles actions entendent mener le gouvernement dans le domaine de la presse ? Et qu’en est-il de la convention collective ? Luc Adolphe Tiao a souligné que le Burkina Faso est en passe d’adopter la loi sur la dépénalisation du délit de presse.
Mais nonobstant l’effectivité de cette loi, le Premier ministre soutient que les journalistes doivent faire preuve de professionnalisme et de rigueur dans leur travail afin d’être crédibles. Pour ce qui est de la convention collective, il a indiqué que le ministre de la Communication organisera une concertation avec le Conseil supérieur de la communication (CSC), le ministère des Finances et les associations de journalistes afin que des dispositions soient prises.
« La convention collective est un défi que je dois relever pour que les conditions de vie des journalistes soient améliorées… », a confié le chef du gouvernement.
Une autre épine que le gouvernement tente d’enlever de ses pieds, c’est le cas de l’hôpital Yalgado Ouédraogo. « En principe, à la fin de janvier 2013, l’hôpital aurait dû être fermé et transféré au niveau du CMA du secteur n°30, mais il y a eu un dysfonctionnement. J’ai donc instruit le nouveau ministre d’engager une étude pour permettre de régler cette question », a affirmé M. Tiao. Et d’ajouter que c’est un projet prioritaire pour le gouvernement.
Au terme des questions-réponses, le chef du gouvernement a exhorté les journalistes à faire des points de presse, des temps forts d’échange entre eux et le gouvernement. « Je pense que nous allons renforcer les points de presse du gouvernement afin que les populations puissent avoir le maximum d’informations », a-t-il conclu.