Le 8 janvier dernier, les élus locaux de la commune rurale de Soubakaniédougou, dans la province de la Comoé, étaient invités à élire leur maire. Contre toute attente, c’est Soulama Bamassi, un élu issu du parti du lion, l’Union pour le changement et le progrès (UPC) de Zéphirin Diabré, qui a été élu face au maire sortant de la commune, Soulama Bakoye.
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), avec une majorité absolue au soir du 2 décembre 2012, à savoir 20 conseillers municipaux contre 5 pour l’UPC et 4 pour le Rassemblement pour le développement du Burkina (RDB), ne s’attendait pas du tout à un tel dénouement du scrutin dirigé par le préfet. Dans la salle, deux candidats se sont présentés à savoir le maire sortant, Bakoye Soulama (CDP), et Bamassi Soulama de l’UPC.
Sur les 28 votants présents (il y avait un absent), au décompte final, le candidat de l’UPC sortit vainqueur avec 15 voix contre 13 pour le challenger. La surprise a été totale et la pilule de la défaite difficile à avaler pour les militants du parti majoritaire qui, selon des sources proches de la localité, ont voulu débrayer. Mais, selon les mêmes sources, les forces de l’ordre, prépositionnées, veillaient discrètement au grain.
Comment en est-on arrivé là ? C’est la question que se pose plus d’un, surtout au sein du parti majoritaire. “Ce qui nous a aidé, c’est la division en leur sein et les élus ont préféré voter quelqu’un qui a plus la tête sur ses épaules”, a justifié Gabriel Coulibaly, responsable provincial de l’UPC, agréablement surpris avec tout son staff. La joie est naturellement grande au sein de l’UPC, et certains prévoient de fêter l’événement si le climat délétère qui règne là-bas revient à la normale. En rappel, le maire élu est un mécontent du CDP, qui a claqué la porte au moment de la confection des listes du parti.
Du côté du CDP, on explique la situation par la corruption de leurs élus par un opérateur économique de Bobo-Dioulasso. Ce dernier, à entendre le secrétaire général provincial du CDP, Moustapha Ouattara, aurait soudoyé leurs conseillers afin qu’ils ne votent pas pour le candidat désigné par le parti, Bakoye Soulama. Du reste, dans cette élection pour le contrôle de la mairie, il y a eu comme une revanche de l’UPC.
En effet, le parti majoritaire semble avoir été victime d’ambitions égoïstes. Des primaires ont dû départager dans un premier temps deux candidats en lice. Il s’agissait du maire sortant issu du RDB, et qui a rejoint le navire CDP au même moment que l’édile de Banfora, et le président du conseil régional des Cascades, Foumbié Héma, par ailleurs chef de canton de Soubaka. A ces primaires organisées peu avant la convocation du conseil, le maire sortant damait le pion au chef de canton par 17 voix contre 3.
Cadre de banque à la retraite, le maire élu de Soubaka devrait batailler dur pour se maintenir. Car, a entendre Moustapha Ouattara, le CDP, qui ne digère pas cet affront de ses propres élus, aurait donné des consignes en vue de “récupérer tranquillement leur mairie”.
