Politique
Grogne des militaires du RSP : Des militaires exigent la démission du Premier ministre Zida / Le Conseil des ministres du 4 février annulé
Publié le jeudi 5 fevrier 2015 | Le Quotidien
© Autre presse par Roger Nana
SCADD : le comité de pilotage en session extraordinaire Mardi 3 février 2015. Ouagadougou. Le comité de pilotage de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) a tenu sa session extraordinaire en présence du Premier ministre Yacouba Isaac Zida, président du comité |
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La grogne au sein du Régiment de la sécurité présidentielle s’est exacerbée dans la matinée du 4 février 2015. Pour cause, les éléments du RSP attendaient de pied ferme le lieutenant-colonel, Premier ministre et ministre de la Défense, Isaac Yacouba Zida à Kosyam lors du Conseil des ministres qui y était prévu. Ce mouvement d’humeur fait suite au non respect par Zida de l’ultimatum de deux semaines qui lui auraient été données par des hommes du RSP pour régler certaines questions militaires comme l’affectation des officiers supérieurs comme le colonel Boureima Kéré et le général Gilbert Diendéré à en croire notre source.
La matinée du 4 février 2015 a été l’une des plus chaudes au Régiment de sécurité présidentielle, si ce n’est encore jusqu’au moment où nous tracions ces lignes. Dans un contexte empreint de grogne sociale avec la marche de la Coalition contre la vie chère (CCVC) devant le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, le 4 février 2015, le Conseil des ministres devrait avoir lieu à Kosyam. Isaac Yacouba Zida, le Premier ministre et ministre de la Défense devrait naturellement prendre part à ce Conseil des ministres.
Isaac Zida « empêché » de venir à Kosyam
A en croire notre source, l’homme fort de la Transition n’a pas pu fouler le sol de Kosyam pour ce Conseil. Puisqu’informé pendant qu’il se rendait à Kosyam que les militaires du Régiment de la sécurité présidentielle étaient en alerte, parce que la situation était tendue en raison de leurs revendications qui n’ont pas encore eu échos favorables sur certains points, il a dû précipitamment rebrousser chemin pour aller chez le Mogho naaba. On se rappelle que la grande muette au sein de la présidence s’était fait entendre parce qu’elle revendiquait certains avantages financiers, mais surtout qu’elle s’opposait farouchement à la nomination d’un chef d’Etat-major particulier à la présidence autre que le colonel Boureima Kéré et la nomination du général Diendéré au camp Guillaume Ouédraogo. Pour les militaires de la garde de sécurité créée par le président déchu Blaise Compaoré, il n’est pas question d’écarter ces officiers supérieurs qui bénéficient d’une légitimité en leur sein. Après un certain nombre de compromis entre la hiérarchie militaire, une accalmie a été observée quelques moments, parce que le Premier ministre aurait accédé à la satisfaction de certaines réclamations financières. Mais la question de l’affectation des officiers supérieurs et surtout l’idée de la dissolution du RSP demeurent des sujets qui « fâchent » au sein des militaires, selon notre source. Un ultimatum de deux semines aurait été donné au lieutenant-colonel Isaac Zida pour régler la situation. En effet selon une source sécuritaire la hiérarchie militaire aurait demandé à Zida de renoncer à son projet de dissolution du RSP. Mais, rien n’y fît en réalité et les soldats qui sont toujours perplexe ont voulu en finir pour de bon. La preuve, les hommes du RSP ont décidé de se faire entendre une fois de plus le 4 février 2015 pour trancher définitivement ces questions. Pour cela, l’occasion en or choisie, a été la date du Conseil des ministres où à coup sûr Isaac Yacouba Zida devrait être présent. Les soldats étaient donc en alerte attendant le lieutenant-colonel Zida.
Zida, Diendéré, Kéré et Jean-Baptiste Ouédraogo chez le Mogho Naaba
Au regard de la situation tendue à Kosyam et après avoir été alerté, celui-ci n’a eu autre choix que d’aller chez le Mogho Naaba pour solliciter sa facilitation en vue d’une sortie de crise. Ainsi certaines personnalités militaires et civiles ont été conviées chez le Mogho naba. Celles-ci, à savoir le général Gilbert Diendéré, le colonel Boureima Kéré, tous en tenue militaire, l’ex-président Jean-Baptiste Ouédraogo, Zida lui-même et certains de la société civile comme le Comité anti-référendum ont pu avoir un huis clos avec le Mogho Naba, aux environs de 8h dans la matinée du 4 février 2015. On pourrait dire que le Conseil des ministres a été délocalisé chez le Mogho Naaba en « audience foraine », a ironisé notre informateur. Par contre, le véritable Conseil des ministres programmé a été purement et simplement reporté puisque le ministre de la Communication chargé des Relations avec le Conseil national de la Transition, Frédéric Nikièma a dû porter l’information de l’annulation du Conseil sans autre forme de détails. Ainsi, les tractations se sont poursuivies chez le Mogho Naaba entre les protagonistes de la crise militaire jusqu’à l’après-midi. En tous les cas, certaines organisations de la société civile qui n’entendent pas croiser les bras, donnent déjà le ton de maintenir la pression afin que le problème soit réglé.
Le moins que l’on puisse dire c’est que cette situation tendue nous rappelle que «Tout est possible au Burkina » tel qu’écrivait notre confrère Jeune Afrique dans un des numéros. Des organisations de la société civile estiment qu’il faut que les affaires militaires se règlent entre les militaires et que la Transition puisse se poursuivre jusqu’à la tenue des élections démocratiques et apaisées en Octobre 2015. Pour certains acteurs, la grogne militaire constitue la tâche d’huile sur la Transition et qu’il va falloir vite endiguer. Pour cela, elles menacent de sortir dans la rue pour la dissolution définitive du RSP. Pour d’autres, les actions militaires doivent conduire à la démission pure et simple du lieutenant-colonel Isaac Zida. Dans la soirée du 4 février 2015 des membres des organisations de la société civile ont pris d’assaut la Place de la révolution en vue de manifester leur soutien à la Transition. Sur les lèvres il n’y avait que la dissolution du RSP. Certains estiment qu’il n’est pas logique d’avoir une armée dans une autre. « On ne devrait disposer que d’une seule armée », a lancé un manifestant. Aux dernières nouvelles des OSC ont décidé de maintenir la pression jusqu’à ce que le RSP cède. Par conséquent, à l’instar de la Place Tahrir ces OSC comme le collectif «tous unis» pour une transition réussie a décidé de rester à la Place de la Révolution jusqu’au matin. Des tractations ont continué tardivement chez le Mogho naba. A en croire notre source, le RSP serait dorénavant divisé et l’un des camps aurait demandé la démission sans condition du Premier ministre Isaac Zida.
Affaire à suivre donc
Par Joseph Bolomn
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