Le Centre Afrika-Obota Burkina Faso (CAO-BF) en initiant le projet dénommé « Campagne d’Information, d’éducation et de communication sur la Libre circulation des personnes au sein de la CEDEAO (IEC-LCP/CEDEAO) » entend, par un tel projet, faire constater les anomalies mais aussi faire prendre conscience aux autorités que les barrières existent toujours dans l’espace CEDEAO. Le volet voyage et rédaction d’articles de presse que nous avons mis en œuvre a enfoncé une porte déjà ouverte. Quelques leçons peuvent être tirées de cette activité mais, il nécessite de s’interroger sur les actions à poser pour faire de la CEDEAO un espace d’intégration des peuples.
Sur la route de retour de notre mission, le constat a été pratiquement le même. Les barrières sont érigées non seulement à l’intérieur de Cotonou mais aussi sur les routes. Le minibus que nous avons emprunté transportait des marchandises et nous n’étions que trois passagers en plus du chauffeur et de son apprenti. Mais nous ignorions les marchandises que nous transportions. Certes, notre nombre dans le véhicule était adapté aux confidences. Notre voisin, un professeur d’éducation physique et sportive, n’a pas été avare en mots et maux à l’encontre des forces de l’ordre sur l’axe. Il s’impliquait par moments dans les négociations afin de nous faciliter le passage mais, ces interventions n’ont pas très souvent abouti. A l’un des nombreux postes, nous aurons été arrêtés, naturellement par des forces de contrôle. Les comptes réglés aux policiers, le chauffeur tente un démarrage quand un coup de sifflet a sonné. « C’est à nous ce coup de sifflet ? » Et l’apprenti de répondre oui. Des douaniers en civil. Le chauffeur descend pour aller répondre. Les douaniers ont reconnu les marchandises que nous transportions : des préservatifs pour une ONG à Natitingou. A son retour, l’apprenti nous fait comprendre que les douaniers ayant reconnu les préservatifs ont exigé une ponction de ces produits, à défaut, il fallait payer.
Payez aux chasseurs pour passer Dans la nuit noire, notre véhicule a rencontré une barrière pas comme les autres. La voie était barrée par une corde tirée de part et d’autre de la voie. Le chauffeur décide de foncer et coupe la corde. A notre très grande surprise, il nous expliquera plus loin qu’il s’agit d’un groupe de chasseur. Ces derniers chassent dans les environs et assurent la sécurité sur la route quand certains passagers sont attaqués. De ce fait, ces derniers estiment que les usagers doivent les rétribuer. Le cas le plus effarant a été de toute évidence notre arrêt en pleine nuit aux environs de 23 heures à Savalou, à 228 km de Djouga. Là, nous avions affaire à un agent de police tout seul. Nous avons naturellement été stoppés par les barrières de barriques. Arme en poing, il était accoudé sur lesdites barriques. Devant nous, une voiture est garée avec à bord une femme et ses deux filles mineures. Le passage leur est refusé. Notre apprenti descend pour demander le passage. Une pluie commence à s’abattre dans la zone. Nous ne posons pas de problème mais la voiture devant nous, oui. La raison, le conducteur de la voiture a utilisé une voiture personnelle pour embarquer des passagers comme un taxi. Selon les dires de l’agent, le conducteur n’est pas à son premier voyage nocturne du genre. Il a fallu cotiser de l’argent pour remettre au policier qui accepte alors de nous donner le passage. Le reste du voyage se passa sans de grands ennuis.
: Les solutions de Claude Quenum, président du COSYCOTRAB
Le président du Collectif des syndicats conducteurs/transporteurs et travailleurs assimilés du Bénin (COSYCOTRAB), Claude Quenum, est très amer face aux tracasseries que connaissent ses collègues sur les routes et particulièrement sur l’axe Ouagadougou-Cotonou. La confidence faite par ce grand transporteur béninois est que les rencontres organisées par la CEDEAO n’impliquent que des structures affiliées aux hommes politiques, toute chose qui contribue à politiser les mesures prises. Pour pallier à cette situation, il entend dans un avenir proche prendre son bâton de pèlerin et rejoindre les chefs d’Etat. Face à ces derniers, il fera entendre le message, le cri du cœur des transporteurs de l’espace CEDEAO. Afin de venir à bout des mauvaises pratiques, Claude Quenum propose que les Etats s’engagent à sanctionner les agents qui ne feraient pas correctement leur travail, ceux qui rançonnent les passagers. Si les autorités ne sont pas en mesure de faire appliquer la décision de la libre circulation, Claude Quenum propose qu’une taxe soit instituée par compagnie et par an. Pour lui, il suffira que les conducteurs présentent le document relatif au payement de cette taxe et il poursuivra son chemin. Les risques de ces tracasseries sont que les sociétés de transport sont appelées à mourir car, elles ne supportent pas les taxes.