Décidément, le Bénin est devenu le terreau fertile à la corruption. Car, c’est dans ce pays que naissent des scandales de tout genre dont l’ampleur dépasse souvent l’entendement. En effet, après l’affaire ICC-services, du nom de cette vaste escroquerie qui avait éclaboussé le pays de Mathieu Kérékou, il est aujourd’hui question d’une gestion opaque des fonds débloqués au profit du projet de construction de l’Assemblée nationale. Plus de 14 milliards de F CFA, dit-on, ont été engloutis dans les travaux pour des résultats jugés insuffisants. Toute chose qui, à juste titre, a mis les députés hors d’eux-mêmes au point qu’ils ont fini par demander des comptes au gouvernement. Que par des erreurs de devis, on revoie un budget à la hausse après un taux d’exécution de plus de 90%, on peut concéder ; mais que 14 milliards s’évaporent avec un taux d’exécution de moins de 50%, il y a de quoi rouspéter ! A dire vrai, le Bénin est devenu le pays des éléphants blancs puisqu’en plus des scandales géants qui font la une des médias, il y existe une escroquerie à la petite échelle qui fait chaque jour des victimes. Cela peut s’expliquer par le fait que le Bénin est voisin du Nigeria où l’escroquerie et le banditisme ont pignon sur rue. Car, c’est dans ce géant de la sous-région que tels des champignons, poussent le matin des magasins qui, le soir venu, disparaissent à tout vent pour se transformer en établissements financiers. Que diantre, le Bénin qui a toujours été perçu comme une vitrine démocratique en Afrique francophone serait-il en train d’emboîter le pas au Nigeria ? C’est fort regrettable, d’autant que le président Boni Yayi, on s’en souvient, durant son premier comme son second mandat, a toujours fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Et fort curieusement, c’est durant son règne que le Bénin a connu les plus grands scandales de son histoire, impliquant parfois même les proches du chef de l’Etat. C’est le cas de l’affaire ICC-services où son propre cousin, Abou Salomon Yayi, est accusé d’avoir collaboré avec Emile Tégbenou, l’un des cerveaux du scandale. Aussi, son ancien ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, François Noudégbèssi, est-il cité dans cette nouvelle affaire de détournements de fonds alloués à la construction du siège de l’Assemblée nationale. Autant de scandales qui traduisent, si besoin en est encore, l’échec de la politique du président Boni Yayi, et qui risque de rejaillir sur l’image du pays pourtant présenté comme un fleuron dans la sous-région ouest-africaine. En tout cas, si à toutes ces polissonneries, on ajoute l’affaire de la tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat, on peut désormais conclure que le président Boni Yayi s’est entouré d’individus qui ne pensent qu’à entretenir leur tirelire, et cela par tous les moyens. Peut-être lui faudra-t-il organiser une purge avant qu’il ne soit trop tard.