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Agression d’un magistrat: la justice suspend toutes ses activités jusqu’à nouvel ordre
Publié le jeudi 29 janvier 2015  |  FasoZine
Palais
© aOuaga.com par A.O
Palais de justice de Ouagadougou : les greffiers en sit-in
Vendredi 14 février 2014. Ouagadougou. Palais de justice. Les greffiers observent depuis le 12 février un sit-in de 72 heures (entre 8h et 11h) à l`appel de leurs syndicats pour exiger l`amélioration de leurs conditions de vie et de travail




Les syndicats de magistrats et de greffiers ont décidé de la suspension de toutes les activités juridictionnelles dans toutes les juridictions et ce sur toute l’étendue du territoire national à compter du mardi 27 janvier 2015. La raison ? Un des leurs a été pris à partie par un groupe de jeunes démarcheurs qui gravitent autour du palais de justice de Ouagadougou.

Il y a bien longtemps que l’ensemble des acteurs du corps de la justice au Burkina Faso n’avait pas parlé le même langage. Ce mercredi 28 janvier 2015 pourtant, le Syndicat autonome des magistrats du Burkina (SAMAB), le Syndicat burkinabè des magistrats (SBM), le Syndicat des magistrats burkinabè (SMB), le Syndicats national des agents de la justice (SYNAJ) ainsi que le Syndicat des greffiers du Burkina (SGB) ont, à l’unanimité, affirmé leur désapprobation vis-à-vis de ce qui est arrivé à leur collègue.

Ils exigent donc le déguerpissement « immédiat et sans condition » de tous les démarcheurs et l’identification des gérants de parking réguliers par le port de tenue du palais de justice. Et ce n’est pas fini. Les acteurs de la justice exigent l’arrestation et le jugement des instigateurs et de toutes les personnes à la base de ces faits ainsi que la prise de mesures urgentes pour assurer une meilleure sécurité des travailleurs de la justice ainsi que des palais de justice sur toute l’étendue du territoire.

Pourquoi en est-on arrivé là ?
Selon Karfa Gnanou, du SBM, tout serait parti d’une proposition qu’un démarcheur du nom d’Eric Ouédraogo a faite à l’un des leurs. Le démarcheur voulait que le magistrat en question l’aide à obtenir un casier judiciaire moyennant la somme de 7 000 FCFA pour un coût réel de 525 FCFA. En lieu et place de l’acceptation de ce « deal », Eric Ouédraogo sera arrêté pour escroquerie et emprisonné.
C’est alors que les démarcheurs se sont organisés pour refuser ce qu’ils appellent le refus des agents de la justice de leur permettre d’avoir leur pain quotidien. Pour exprimer leur mécontentement, ils arrêtent le magistrat à l’origine de l’affaire et conditionnent sa libération à la libération de leur collègue démarcheur.

Aux dires de Karfa Gnanou, lorsque le procureur du Faso a reçu les responsables des démarcheurs le soir de l’incident, ces derniers auraient réitéré qu’ils sont prêts à prendre en otage les acteurs de la justice si leur camarade n’est pas libéré. « Cette façon de faire n’est ni plus ni moins qu’une attaque contre les acteurs de la justice », s’est insurgé M. Gnanou.

Même son de cloche chez Antoine Kaboré du SAMAB. A l’en croire, la présence de ces démarcheurs autour du palais de justice favorise les actes de petite de corruption. Les magistrats en veulent pour preuve le fait que sous le « prétexte d’aider les usagers », ces démarcheurs les « spolient ». Pour le cas du certificat de nationalité par exemple, les magistrats ont expliqué qu’il arrive que les démarcheurs réclament aux usagers la somme de 10 000 FCFA pour un document qui devrait coûter 500 FCFA.
L’insécurité des magistrats, un problème récurent

Selon les acteurs de la justice qui ont animé le point de presse, cette affaire n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. D’après eux, ce type d’agression sur des magistrats qui rendent des décisions sont légion au Burkina Faso. Ils estiment donc que cette situation d’insécurité ambiante dans les palais de justice est inacceptable. Du reste, les travailleurs de la justice ont souhaité l’ouverture de bureaux d’accueil, d’informations et d’orientation au sein des palais de justice notamment en urgence à Ouaga, ainsi qu’un guichet de vente des timbres.

Les magistrats souhaitent aussi l’institution de badges pour les acteurs de justice et les justiciables. Ils disent avoir déjà eu une audience avec la ministre en charge de la Justice, Joséphine Ouédraogo, qui a promis que des mesures seront prises pour la sécurité du magistrat en question.
Mais en attendant, les syndicats de magistrats et de greffiers ont décidé de la suspension de toutes les activités juridictionnelles dans toutes les juridictions et sur toute l’étendue du territoire national à compter du mardi 27 janvier 2015 jusqu’à nouvel ordre.

Inoussa Ouédraogo
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