Les forces armées maliennes, en alerte depuis un certain temps, n’ont pas hésité à ouvrir le feu, suite à une provocation des djihadistes. Le recours à l’arme lourde consacrerait-il la fin de la guerre froide ? En tout cas, à la veille des négociations de Ouagadougou prévues du 19 au 23 janvier 2013, cela constitue un tournant majeur dans les tentatives de résolution de la crise malienne. Sans doute, las de la situation de « ni guerre, ni paix » qui perdure, les islamistes ont eu le culot de progresser un peu plus vers le Sud. Ils avaient entrepris de gagner du terrain vers Mopti, une capitale régionale dont l’importance dans l’histoire, la géographie, la culture et l’économie du Mali, est bien connue. Mais ils se sont heurtés à une armée malienne qui semble avoir repris confiance. Celle-ci, ne voulant pas attendre du secours venant de l’extérieur, se montre donc déterminée à lutter contre l’envahisseur islamiste. La situation pourrait donc s’envenimer si les hostilités n’en restaient pas là. Assurément, le médiateur et, bien entendu, tous ceux qui se sont jetés dans la recherche de solutions à l’imbroglio malien, ont du travail. Chacun devra s’efforcer de montrer aux contribuables que le paiement d’honoraires, de frais de missions et autres perdiems se justifie amplement. Plus que jamais, il faudra passer de la réunionite à des actes plus concrets. Car, les escarmouches seront désormais difficiles à éviter. Cela, tant que les frères ennemis du Sahel se regarderont en chiens de faïence. Si l’une des parties fait mouvement, l’autre réagit sûrement. Et si des solutions ne sont pas vite trouvées à la crise, les premières balles maliennes seront probablement pour les jeunes recrues du Nord-Mali. En effet, les groupes islamistes n’hésiteront pas à aligner comme chair à canon des « crève-la-faim » enrôlés sur place, et hâtivement formés. Ceci dans le but d’assouvir des desseins qui n’ont absolument rien à voir avec l’islam, mais plutôt des ambitions d’aventuriers avides de pouvoir absolutiste. Aux organisations de défense des droits humains de consigner toute utilisation d’enfants soldats, afin que les responsables soient châtiés le moment venu. En attendant que l’armée malienne enregistre et accumule des victoires, il faut saluer sa combattivité. Il est évident qu’en restant statique, elle ne fera que renforcer le sentiment d’impuissance qu’on lui prête depuis belle lurette. En ripostant, elle redonne espoir à tout un peuple et donne aux pays ouest-africains des raisons supplémentaires de venir l’appuyer. Ne dit-on pas : « Aide-toi, le ciel d’aidera » ? C’est sans conteste une bonne chose que de défendre la patrie en danger. Or, au Mali, l’intégrité territoriale est aujourd’hui en cause. Et si les djihadistes cherchent à progresser sérieusement vers le Sud, l’affrontement sera inévitable. Quelle sera alors la capacité réelle de riposte de l’armée malienne ? Si l’ennemi est de taille, il lui faudra bien se montrer à la hauteur. Les groupes islamistes se vantent de leur surarmement. Dieu seul sait de quels types d’armement disposent réellement les combattants instrumentalisés par AQMI. Toujours est-il que ces individus méritent une sévère correction. Il faut espérer que la bureaucratie n’a pas eu raison du capitaine Sanogo et ses partisans. Eux qui avaient ressenti le besoin de réformer l’armée malienne. Quels arguments avanceront-ils aujourd’hui pour ne pas aller au front ? Il est bon de relever que, depuis un certain temps, Bamako ne se plaint plus de manque de moyens. La CEDEAO ne constitue plus une cible de choix. Souhaitons donc que les groupes nationalistes, qui aiment brailler pour un rien, se préoccupent davantage de retrouver tout leur sens, afin de pouvoir composer avec les autres forces socio-politiques. Ceci, afin que la chasse à l’occupant se termine à l’avantage du seul peuple malien. Certes, la situation évolue de manière imprévisible. Mais, l’armée malienne doit faire la preuve que, militairement, elle est en mesure de faire face à la situation, comme l’ont toujours clamé le chef de l’ex-junte et ses artisans. Les Maliens ne devront pas désespérer. Car, la solidarité ouest-africaine fonctionnera ; n’en déplaise aux démagogues et autres oiseaux de mauvais augure. En attendant, il faut condamner ouvertement les tentatives d’infiltration du Sud par les djihadistes. Par leur avancée, les troupes islamistes montrent que l’option du dialogue n’est plus d’actualité. On ne peut comprendre autrement ce brusque regain de tensions. Où nous mènera donc cette poussée de fièvre ? Toujours est-il qu’il aurait fallu que les troupes djihadistes tentassent de faire des percées en direction de Mopti, menaçant du même coup d’autres régions pour que l’on se réveillât du côté de Bamako. Enfin, on semble y montrer réellement de l’intérêt pour le Nord-Mali occupé. Les derniers événements montrent que la situation tend à se décanter. Les premiers coups de feu qui ont tonné, rompent en effet avec le long silence qui a régné des mois durant au Nord-Mali. La question se pose alors de savoir si vraiment le capitaine Sanogo et ses hommes feront seuls le poids devant les djihadistes. Quoi qu’il en soit, il faut souhaiter, en ce début d’année, que la communauté internationale vienne rapidement en appui aux forces armées maliennes engagées dans un combat aux implications multiples.