Au cours des élections couplées législatives et municipales qui se sont déroulées le 2 décembre dernier, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a entrepris une opération d’observation sur toute l’étendue du territoire. 371 observateurs ont été envoyés à cet effet : 204 en milieu rural et 167 en milieu urbain. Les résultats de cette opération ont été présentés le jeudi 27 décembre 2012 à Splendide hôtel. Une présentation faite en deux volets ; d’abord sur l’aspect technique et organisationnel et ensuite sur l’aspect politique.
« Quels enseignements tirer des élections couplées du 2 décembre » ; c’est ce thème concernant l’aspect technique et organisationnel de ces élections que Abdoul Karim Saïdou a développé au cours de l’atelier de présentation du bilan des élections ; organisé par le CGD le 27 décembre dernier. Il fera savoir dans sa communication, dans le volet des résultats, que dans 96% des bureaux de vote, les membres étaient au complet à l’ouverture, 82% des délégués de partis politiques étaient présents, le taux de femmes présentes dans les bureaux de vote était de 40%, le matériel de vote était en intégralité à 78%, les membres des bureaux de vote ont été impartiaux à 82%, l’acheminement des résultats a été sécurisé à 90,5%, les procès-verbaux ont été remplis dans 99,9% des cas, le dépouillement a été perturbé à 9,9%. Dans l’ensemble, il a affirmé que les élections ont été pacifiques et l’expérience du couplage électoral a été enrichissante sur le registre de la socialisation électorale. Cependant, il a tenu à mentionner quelques faiblesses constatées au cours des élections. Ce sont, entre autres, la défaillance de l’organisation logistique par endroit, la faible maîtrise de la loi électorale par les membres des bureaux de vote et les délégués des partis politiques, la faible maîtrise de l’acte de vote par les électeurs et le faible maillage sécuritaire des bureaux de vote. Et pour pallier à ces faiblesses, le CGD propose une réforme de la Commission électorale nationale indépendante vers plus de professionnalisme, un renforcement de l’éducation électorale, une véritable réflexion sur le statut des observateurs électoraux et une capitalisation des expériences électorales dans le futur.
Recul du parti majoritaire
A la suite de Abdoul Karim Saïdou, c’est le Pr Mahamadé Savadogo qui s’est entretenu avec les participants à l’atelier sur les enjeux des élections couplées de 2012. Un aspect politique qu’il a développé en trois grands points : la reconfiguration de la représentation institutionnalisée, la menace du discrédit du processus électoral et la quête de l’approfondissement de la démocratie. Sur le premier point, le Pr a affirmé que le premier enjeu des élections, le plus visible, est le recul du parti majoritaire à savoir le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et l’essor de l’opposition. Sur les 127 députés, le CDP a eu 70 députés alors qu’il avait 77 députés sur 111 au cours des élections législatives passées, a pris pour exemple le professeur. Au niveau de l’opposition, il relève un changement considérable : l’arrivé de l’Union pour le changement (UPC) qui, en seulement deux ans d’existence, a obtenu 19 députés. Cette avancée de l’opposition ne peut pas apporter une alternance au Burkina selon le Pr Mahamadé Savadogo. Il avance comme raison, le problème qu’il y a entre le moment qui va du dépouillement à la proclamation des résultats. « Pour qu’il y ait une alternance au Burkina Faso, il faut qu’on réfléchisse sur ce moment parce qu’il a posé beaucoup de problèmes », a-t-il dit. Sur le dernier point de sa communication, à savoir celui de la quête de l’approfondissement de la démocratie, le Pr Mahamadé Savadogo a dénoncé la restriction de l’offre électorale. Pour lui, tout citoyen dévoué à la cause de son pays doit pouvoir être candidat aux élections de façon indépendante et non pas forcément sous la bannière d’un parti politique. En outre, il a fait savoir qu’il reste encore un défi à relever sur ce point : celui du financement des élections. D’où vient l’argent ? Qui contrôle la manière dont il est dépensé ? « Personne », a répondu le Pr à ses propres questions.