Le vendredi 4 janvier 2013, au palais de Kossyam, le nouveau gouvernement a tenu son tout premier Conseil des ministres au titre de l’année. A cette occasion, les membres du gouvernement, surtout les tout nouveaux, ont juré la main sur le cœur qu’ils se donneront à fond pour réussir leur nouvelle mission, même si au moment où ils faisaient cette promesse, ils n’avaient pas encore leur feuille d’objectifs. A l’image d’un Emile Basga Dialla qui, pour sortir des griffes des journalistes, a plaisanté en ces termes : «Laissez, je vais rentrer voir … après on se reparle».
Pour les anciens, c’était une question de routine, habitués qu’ils sont au tapis rouge, à la meute de scribouillards et au véhicule de fonction. C’est avec aise que ces derniers se sont prêtés aux questions des journalistes. Ce qui n’était pas le cas des nouveaux qui, pour la plupart, sont arrivés avec leurs propres moyens de déplacement. Certains ont même marché du portail de sécurité au perron du palais.
C’était le cas de Salif Ouédraogo, ministre de l’Environnement et du Développement durable. Les "bleus" s’étaient vêtus sobrement pour la circonstance. Sur le tapis rouge, la démarche était raide, le regard à l’horizontal. Accueilli par un élément de la sécurité, la nouvelle recrue est conduite vers la presse. Ensuite, suivra la photo pour le portrait. Aussitôt après, il est dirigé vers la salle du Conseil des ministres, le premier de l’année et dont la spécificité est l’entrée d’opposants politiques au gouvernement. Dans ce registre, peut être rangé Alain Zoubga de l’Autre Burkina, désormais ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale. Malgré une première expérience (il fut ministre de la Santé de 1987 jusqu'à 1989), il reconnaît la lourdeur de la tâche qui l’attend et espère vraiment être utile à ce gouvernement.
Par contre, le médecin de son état qu’il est persiste et signe qu’il reste toujours de l’opposition, rappelant que l’Autre Burkina n’est pas de la Mouvance présidentielle même si ce parti peut tout de même travailler avec d’autres regroupements de la Mouvance. Il en est de même pour Salif Ouédraogo, un autre opposant (il est de l’UNDD d'Hermann Yaméogo) qui a fait son entrée dans le gouvernement précisant y être par le simple fait qu’une seule obédience ne peut diriger un pays. Les débats d’idées doivent être au rendez-vous. «Même dans mon parti, quand je ne partage pas une idée, je la combats. Hermann connaît ma position de principe en la matière».
Si pour ces opposants, c’était l’opportunité de clarifier leur appartenance à un statut, pour les autres, c’était l’heure des remerciements éternels et de la volonté inébranlable de se plier en quatre pour ne pas décevoir ceux qui ont été à la base de leur promotion. Néanmoins, la ministre des Droits humains et de la Promotion civique, Prudence Julie Nigna /Somda, affirme éprouver des sentiments mitigés, compte tenu de la hauteur de la tâche et du challenge. Celle qui a pour ambition de poursuivre l’œuvre du professeur Albert Ouédraogo a usé, en effet, d’un langage bien imagé en précisant que son prédécesseur a défriché de vastes hectares.
A son tour de semer et d'entretenir le champ de telle sorte que la moisson soit belle. La palme de l’humour reviendra par contre à Emile Basga Dialla, ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi. Sans ambages, il a témoigné de son «inquiétude qui est la peur de ne pas être à la hauteur de la tâche». Acculé par les journalistes sur ses prochains défis, il a esquivé en ces termes : «Laissez-moi d’abord aller regarder ; après on se reparle». Maïmounata Belem/Ouédraogo, qui occupe le portefeuille de l’Eau, des Aménagements hydrauliques et de l’Assainissement, tout droit venue d’une institution qui œuvre dans l’hydraulique, semble être déjà dans le bain. Son ministère, a-t-elle précisé, est nouveau sans l’être en réalité. Nouveau par le fait qu’il a été décroché de l’Agriculture, ancien parce que le dispositif est toujours là.
Quant au fraîchement nommé ministre de la Justice et Garde des sceaux, Dramane Yaméogo, il a prévu d'ajouter une pierre à d’autres pierres déjà existantes. Qu’en sera-t-il des dossiers pendants ? Réponse prudente de l’interpellé : «Je viens d’arriver ; pour le moment, je ne connais pas une affaire pendante». En somme, les nouveaux invités venus à la table du seigneur de Ziniaré comptent mouiller le maillot pour réussir leur mandat.