Disons-le tout de suite, ce qui arrive au Nigéria ou ailleurs en Afrique, le Burkina Faso n’en est pas exempt. Les conflits interethniques deviennent de plus en plus récurrents et c’est effroyable. Mais les informations qui en font état résonnent beaucoup plus comme le chant du cygne et dont il faudrait coûte que coûte éviter, sinon prévenir les manifestations. Gaoua, Manéga, Passakongo et tout récemment Zabré constituent des exemples tragiques qui interpellent à plus d’un niveau. En général, comme on le sait déjà, ces conflits concernent les populations autochtones et les allogènes éleveurs, particulièrement les Peulhs. Les conséquences ne présentent que des morts, malheureusement.
On chercherait les coupables que l’on aggraverait davantage les rancœurs. Mais, il ne faut pas non plus chercher à cacher la vérité, car sans cela, la justice, encore moins la paix sociale ne peut être préservée dans ce pays d’ailleurs réputé pour son accalmie et son hospitalité. Le plus grand responsable, c’est l’administration, notamment décentralisée. Car en général, les allogènes, généralement présentés comme les responsables, même s’ils sont des fois fautifs, ne pourraient se permettre quelque forfait que ce soit sans la complicité des responsables administratifs censés veiller à l’ordre public. Pour être plus clair, nous disons tout simplement que les responsables administratifs à la base sont corrompus et complices de ce que, par exemple, les éleveurs font comme exactions sur les propriétés de leurs tuteurs. Pour peu que l’éleveur ait de l’argent pour les soudoyer, les policiers, les gendarmes, les maires, les préfets, toute honte bue, acceptent de torpiller la vérité, tout en retournant les plaintes contre les plaignants. Et c’est ce qui occasionne toujours ce genre d’échauffourée, nées des révoltes, du fait des pertes régulières de patrimoines et de l’injustice, du fait du mauvais rôle de l’administration qui se perd souvent dans sa complicité avec les fautifs.
Ces conflits agriculteurs contre éleveurs ne datent pas d’aujourd’hui, sont d’ailleurs séculaires. Leur manifestation n’est en fait que le débordement du vase trop plein, après la goutt
e d’eau de trop. Sinon, l’on ne saurait comprendre que l’acte d’un seul individu puisse occasionner ce que l’on qualifierait aisément d’épuration ethnique d’une communauté par une autre. Ce sont des conflits latents. Et de nos jours, les mentalités des Burkinabè ont considérablement changé. Les populations, en soif de justice, n’entendent plus se résigner et accepter l’arbitraire et l’injustice, surtout lorsque ceux-ci impliquent l’administration publique. On a vu notamment comment les populations de Zabré ont même ligoté un agent de police. Il y a également quelques années où les populations de Gaoua avaient carrément chassé le détachement de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) de la ville. A Manéga, il y a peu, la population avait voulu marcher sur la brigade de la gendarmerie. Les choses se passent de la façon la plus désolante, au point de pousser les administrés à vouloir se faire justice eux-mêmes, par manque de confiance en leurs dirigeants. L’histoire des Ouagalais contre les Ibos ! Assez ces morts, assez ces conflits liés à l’injustice et au problème de cohabitation ! Mais attention, là nous nous adressons à la communauté humaine dans son ensemble, aux Burkinabè, autochtones ou allogènes dans leurs lieux de résidence respectifs, attention donc à la marginalisation d’une communauté quelconque. Et répétons donc que l’acte posé par un seul individu ne saurait jeter l’opprobre sur l’ensemble de sa communauté d’origine.
De même, et quelque part, il faudrait aussi que l’on taise les longues et interminables tergiversations autour des textes de réforme agraire et foncière, aller au charbon, rapidement. Délimiter des aires différentes, pour les pâturages ou pour l’agriculture n’est pas la solution, à notre avis. Il faudrait plutôt voir comment font les autres ailleurs : instaurer une fois pour toute le système de ferme. De sorte à ce que dans leur déplacement les troupeaux ne puissent déranger qui que ce soit ; bien au contraire, il faudrait, à travers donc ce système de ferme, tout faire pour que le troupeau soit contenu dans un même lieu fermé. La ferme