La Justice burkinabè a (est) habitué (e) à tenir le fond par la forme quand il s’agit de sujets d’intérêt national. Mais lors de ces élections couplées, elle a commencé à agréablement surprendre. Précisément du côté des juridictions administratives. Un peu plus tard dans l’histoire, on se rappellera l’audacieux coup de marteau, qui a laissé plus d’un éberlué, du juge administratif qui a décidé que la carte d’électeur était illégale en 2010.
Aujourd’hui, c’est le même tribunal administratif qui a annulé les résultats des municipales de l’arrondissement 4. Le samedi 29 décembre dernier, le Conseil d’Etat est allé plus loin, non seulement en confirmant cette décision, mais également en invalidant les résultats d’un arrondissement, celui n°10 de Ouagadougou. Et ce n’est pas tout. Le Conseil d’Etat a fait mieux que le Conseil constitutionnel en disant pourquoi et, dans les détails, il a pris ces décisions (irrégularités dans les procès verbaux, enveloppes mal scellées ou pas du tout scellées, etc.) et combien de bureaux de vote (près de 400) il a annulés.
Une décision qui a reconfiguré le classement politique avec le CDP en première position, suivi maintenant de l’UPC et l’ADF/RDA reléguée à la troisième place. Bien entendu, il faudra attendre les résultats de la reprise dans les arrondissements 4 et 10 de Ouagadougou pour être définitivement situé.
Pour revenir à nos moutons, loin de nous l’idée d’insinuer que la Justice doit tout le temps se comporter en Zorro et prendre des décisions à l’emporte-pièce. Mais il est bon qu’elle prenne des décisions qui soient en conformité avec des réalités manifestes.
La juridiction administrative, qui n’a pas de compétence pénale, a fait son travail. La juridiction pénale suivra-t-elle en demandant des comptes aux personnes mises en cause (il y a un chef de terre qui a empêché des Peulh de voter à Loropéni) dans les irrégularités relevées ?