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L’Observateur N° 8283 du 28/12/2012

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Editorial : L’UPC et la quadrature de l’opposition
Publié le lundi 31 decembre 2012   |  L’Observateur


Zéphirin
© Le Pays par DR
Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC)


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Hasard de calendrier, la nouvelle année 2013 rime chez nous avec renouvellement dans l’ordonnancement politique et institutionnel : nouvelle Assemblée nationale, nouveau gouvernement, nouveau chef de file de l’opposition, nouveaux conseils des collectivités. Pour autant, peut-on affirmer que tous ces changements augurent une nouvelle ère dans la manière d’administrer notre cité, toujours en proie à la corruption, aux affres de la baisse du pouvoir d’achat, de l’explosion du chômage et de la massification de la pauvreté, malgré les efforts du gouvernement ? On veut bien y croire.

En tous les cas, 2013 s’annonce comme une année charnière. Du fait de la nouvelle donne institutionnelle, la nouvelle année s’annonce décisive pour la vie politique à venir. «Avec les résultats des élections législatives et municipales qui viennent de sceller la configuration du nouveau paysage politique à travers la qualité des hommes et des femmes élus, c’est un tournant décisif que nous amorçons vers l’élection présidentielle de 2015, un grand rendez-vous de notre peuple avec son histoire et sa destinée», a, en effet, déclaré le président de l’Assemblée nationale sortante, Roch Marc Christian Kaboré, dans son discours d’au revoir, la semaine dernière.

En attendant de savoir comment nous irons à ce «grand rendez-vous de notre peuple avec son histoire et sa destinée», une chose est sûre : trois institutions seront l'objet de toutes les attentions et au centre de toutes les attentes : le président du Faso, l’Assemblée nationale et le chef de file de l’opposition, principal objet de cet éditorial.

Des comportements de ces entités politiques et des rapports qu’elles développeront les unes envers les autres dépendront l’avenir de notre démocratie.

D’abord du président du Faso. Plus que la capacité du chef de l’Etat à répondre à la forte demande sociale, c’est sa position sur la question tant querellée de l’article 37 de la Constitution actuelle, qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Alors, à mi-terme de son ultime magistrature suprême, Blaise Compaoré voudra-t-il renégocier un autre bail, comme l'en suspectent d’aucuns ou aspirera-t-il à faire valoir ses droits à la retraite après 28 ans de pouvoir ?

2015, c’est déjà arrivé. Impénétrable, insondable et passé maître dans l’art du contre-pied, Blaise est obligé de se découvrir. D’ouvrir son ventre afin qu’on lise ce qu’il a dans le cœur, comme on le dit en mooré. Tout ce qu’il dira sera pesé au trébuchet et tout ce qu’il fera ou fera faire sera observé à la loupe.

De l’Assemblée nationale ensuite. C’est dans ce contexte d’incertitudes et de conjectures de tous genres que s’installe la cinquième législature de la quatrième République à l’issue du double scrutin du 2 décembre 2012.

Au terme de la révision constitutionnelle opérée le 11 juin 2012, de nouvelles dispositions assurent désormais un équilibre entre le Parlement et le gouvernement : dorénavant, l’Assemblée nationale a la maîtrise de l’ordre du jour de ses sessions, vote la Déclaration de politique générale du Premier ministre (ce dernier démissionne en cas de vote négatif) et se prononce sur les nominations concernant certaines fonctions.

Alors, que va faire la Représentation nationale de toutes ces nouvelles attributions en plus des fonctions constitutionnelles traditionnelles qu’on lui connaît ? Restera-t-elle cette caisse de résonance du gouvernement et cette caste de privilégiés, comme certains l'en suspectent, ou va-t-elle plutôt travailler à soigner cette image qu’on lui colle à tort ou à raison ?

Enfin, du chef de file de l’opposition, le centre d’intérêt du présent papier.

Si 2013 est une année de grandes attentes, c’est en partie grâce à l’événement politique qui a marqué les douze derniers mois : la tenue des élections municipales et législatives couplées.

Nonobstant les quelques cas de fraudes manifestes et de défaillances constatées dans certains bureaux de vote, on peut affirmer que cette première expérience de double scrutin fut concluante. En tout cas à bien des égards : satisfecit général sur la fiabilité de la liste électorale du fait de l’introduction de la biométrie dans la procédure d’enrôlement des électeurs, bon déroulement des votes, niveau très élevé des taux de participation (75,30% aux municipales et 77% pour les législatives), saine gestion du contentieux électoral avec le recours exclusif aux juridictions compétentes. Si fait que la vérité issue des urnes corrobore, peu ou prou, le rapport de forces politiques en compétition.

Mais l’événement dans cet événement politique reste, comme nous l’avons déjà écrit, la percée fulgurante de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC).

En deux années seulement d’existence et pour une première participation à une course électorale, ce parti engrange dix-neuf sièges de député dans un système dominé depuis deux décennies par le CDP. Il s’impose désormais comme la deuxième force politique du pays et s’adjuge le titre de chef de file de l’opposition.

Morale de cette prouesse électorale : aux partis bien structurés, la représentativité n’attend point le nombre des âges.

Mais le plus dur reste à venir pour Zéphirin Diabré et ses hommes : que va faire l’UPC de cet exploit politique ?

Pour un parti qui est né de la «soif d’alternance du peuple burkinabè» et qui entend en être l’incarnation, il y a encore loin de l’Hémicycle au palais de Kosyam, le Graal de la conquête du pouvoir politique. Si bien que, même chef de file de l’opposition, Zeph, comme on l’appelle, aura besoin, d’une manière ou d’une autre, du concours de l’ensemble du sérail dont il est aujourd’hui le porte-étendard pour espérer s’ouvrir les portes du saint des saints. Pour cela, il doit éviter de céder à l’ivresse de son succès et surtout travailler à fédérer toutes les forces de l’opposition. Autant dire une gageure dans un pays qui compte une centaine de partis et de formations politiques.

On se rappelle toutes les peines du Faso qui ont été celles de son prédécesseur, maître Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’UNIR/PS. Même tirant sa légitimité de la loi fondamentale, ce dernier a buté, jusqu’à la fin de son mandat, contre un front de refus. C’est dire si le chapeau de chef de file de l’opposition s’accommode mal avec notre paysage politique, affecté par la pléthore.

Si sous d’autres cieux, comme au Royaume-Uni, la trouvaille a été expérimentée avec succès au point de devenir aujourd’hui une institution reconnue et acceptée de tous, c’est grâce à ce bipartisme de tradition anglo-saxonne. Là-bas, la scène politique est de deux grands blocs : parti conservateur et parti travailliste. Idem en Allemagne avec la CDU et le SPD.

Malheureusement chez nous, cet héritage vermoulu de nos cousins les Gaulois, chez lesquels il y a autant de partis politiques que de fromages, relève d’un casse-tête bien burkinabé.

Alors, l’enfant de Gombousgou réussira-t-il là où celui de Téma-Bokin a échoué ? C’est-à-dire parviendra-t-il, sinon à faire l’unanimité, du moins à se rallier le maximum d’affiliés ?

Dans une classe politique où chacun préfère cuire sa petite soupe sur son petit feu plutôt que d’apporter ses ingrédients au banquet commun, il faudra au président de l’UPC beaucoup de tact, de détermination et d’entregent pour libérer les siens des démons de l’égoïsme et de la douce l’illusion.

Ce nécessaire travail de fédération doit s’accompagner d'une volonté d’inscrire le statut de chef de file de l’opposition dans une logique républicaine : éviter de sombrer dans l’antagonisme systématique et encore moins de verser dans l’apathie. Pour cela, l’UPC doit savoir se poser en force de proposition sur toutes les grandes questions qui touchent la nation.

Sur ce plan, les Anglo-Saxons nous donnent encore la leçon avec leur model de shadow cabinet, ou gouvernement fantôme. Formé par le principal parti de l’opposition, cet Exécutif virtuel a la responsabilité de critiquer le gouvernement officiel et d’offrir une alternative. Cette manière de procéder a l’avantage d’offrir aux électeurs la possibilité de voir les grandes orientations que prendra le gouvernement en cas de victoire de l’opposition.

En un mot comme en mille, en tant que tête d’affiche de l’opposition, l’UPC doit marquer le pouvoir à la culotte tout en restant dans le cadre républicain. C’est par cette posture qu’elle gagnera en stature et en crédit. Son premier responsable en a pris l’engagement lors d’une interview accordée à notre confrère RFI jeudi dernier 27 décembre 2012. L’alternance est possible autrement que par la voie violente que constitutionnelle. Mais il faut pour cela que le parti qui gouverne donne suffisamment de gages en ce domaine et que l’opposition, dans tout son ensemble, montre qu’elle ne cherche pas le pouvoir pour assouvir une quelconque soif de vengeance mais pour répondre au mieux aux aspirations légitimes des Burkinabè.



La Rédaction

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