Société
Mise en place des délégations spéciales à Bingo : La liste du fils du chef rejetée
Publié le jeudi 15 janvier 2015 | Le Quotidien
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Le processus de mise en place des délégations spéciales enclenché, connait des difficultés dans plusieurs localités. Il donne lieu le plus souvent, à des querelles de positionnement. Le mercredi, 14 janvier 2015, la délégation spéciale de la commune de Bingo, dans la province du Bulkiemdé n’a pas pu être installée comme prévu. Pour cause, la population s’est mobilisée pour demander l’annulation de la liste des représentants de la classe coutumière que le prince Henri Hamed Zongo avait clandestinement introduite auprès du Haut commissaire de la province du Bulkiemdé.
A Sabou, Kokologho, Tiou, Piela pour ne citer que les localités de la zone, la mise en place de la délégation spéciale donne lieu à d’âpres tractations. A Bingo, le mercredi 14 janvier dernier, la cérémonie d’installation de la délégation spéciale n’a pas eu lieu. La mission, en charge de l’installation, conduite par la secrétaire générale de la province du Bulkiemdé n’a fait que constater une grande mobilisation de la population qui demandait l’annulation pure et simple de la liste des représentants des autorités coutumières dans la délégation spéciale. Face à une mobilisation massive de la cérémonie, la mission a rebroussé chemin, laissant au préfet du département de Bingo l’immense tâche d’accorder les violons, en vue d’obtenir une liste légitime et consensuelle pour une prochaine cérémonie d’installation. Aux termes du décret de mai 2013 réglementant la délégation spéciale, celle-ci doit être représentative des différentes sensibilités de la localité à savoir, entre autres, les communautés religieuses, les projets, la société civile, les associations féminines et des personnes en état de handicap, les structures déconcentrées de l’administration publique, des chambres agricoles, des métiers et des autorités coutumières, entre autres. A Bingo, c’est une liste de 26 membres qui est formée. Mais si pour les autres composantes, il n’ y a pas eu de problèmes, au niveau du choix des deux représentants des autorités coutumières, de vives contestations ont été engendrées par la dernière liste remise au Haut –commissaire de la province du Bulkiemdé par le fils ainé du chef de Bingo à l’insue de nombreux habitants de la localité.
Hamed Henri Zongo, le Juda, selon la population
Au cœur des controverses relatives à la liste, figure au premier plan, le fils ainé du Chef, Hamed Henri Zongo et ses deux acolytes à savoir Koudbi Ouédraogo, chef de Djilé et Tanga Zongo dit Ladji. Au départ pourtant, une liste de deux noms à savoir Marcel T Kaboré et Ernest Koudougou Zongo avait été remise à l’ancien préfet de Bingo, Boukary Ouédraogo qui l’a transmise avec les autres listes au Haut-commissaire de la province du Bulkiemdé. Selon l’ex- préfet, Boukary Ouédraogo, plus d’un mois après la transmission aucune contestation n’a été faite. Jusqu’à ce jour où le fils ainé du chef de Bingo, Hamed Henri a pris l’initiative d’aller rencontrer le Haut commissaire de la province du Bulkiemdé pour remettre en cause la liste des représentants des autorités coutumières. « Sans m’avoir rencontré, il est allé voir le Haut commissaire qui m’a téléphoné pour confier qu’il y avait un monsieur qui est passé pour contester la désignation des représentants des autorités coutumières »,a déclaré l’ancien préfet de Bingo, Boukary Ouédraogo. Pourtant, à en croire le préfet, la liste a été dressée après qu’il ait saisi le répondant du chef pour la désignation des membres, le chef lui-même, étant souffrant . Mais Henri Hamed lui a insisté sur le fait que le chef n’a pas été tenu au courant de la désignation des membres de cette liste. Dès lors, le Haut commissaire a instruit de reprendre la désignation des membres représentants les autorités coutumières avec, en ligne de mire, la préservation du climat social à Bingo . C’est ainsi qu’une circulaire du préfet a été expédiée aux chefs des 12 villages que compte Bingo pour la désignation de nouveaux membres. Ce qui a été fait sous la supervision du fils ainé du chef. A l’issue de cette concertation jugée clandestine par les protestataires, ce sont Tanga Zongo dit Ladji et Koudbi Ouédraogo, le chef de Djilé qui ont été retenus. Laquelle liste a été transmise dès lors au Haut-commissaire. Informée à l’avance, la population était aux aguets pour empêcher l’installation des membres de cette deuxième liste qu’elle juge illégitime et non représentative des coutumiers de Bingo. Après le départ de la mission en charge de l’installation de la délégation spéciale, l’heure était aux explications. Le fils ainé du chef et ses deux acolytes craignant, pour leur sécurité, du fait de la furie de la population, se sont réfugiés à la préfecture. L’un de ses acolytes, Tanga Zongo dit Ladji a vite fait de faire profile bas alors que celui-ci considéré comme le traitre, c’est à dire le fils ainé du chef s’est terré dans un silence assourdissant. Il est au cœur de toutes les accusations et ses vieilles casseroles sont trainées sur la place publique. Des camouflets, il en essuiera pourtant davantage quant il fut invité à s’expliquer chez le chef du village. En effet, le préfet a invité la population a organisé une concertation chez le chef, en vue d’accorder les violons et lui faire parvenir une nouvelle liste de deux représentants acceptées par tous.
L’arbre à palabre témoin d’une réconciliation partielle entre
les fils de Bingo
Rassemblés sous un grand arbre dressé devant le chef et en l’absence de celui-ci, les discussions furent intenses et longues. Plus de deux heures de joutes verbales à l’allure d’un prétoire où les accusés sont le fils ainé et ses deux acolytes. Dans ses petits souliers, Henri Hamed Zongo s’inclinait plus dans un silence et se contentait de quelques mots nonchalants qui sombraient très vite dans l’avalanche d’accusations et de témoignages contre lui. Des accusations, mais aussi de vieilles casseroles du fils ainé du chef de Bingo. « En quelle qualité as-tu dressé cette liste ? tu n’es ni un CVD, ni un représentant administratif et tu es loin de prétendre représenter le chef d’autant qu’il y a un messager et que tu t’es rendu indigne en traduisant le chef, ton propre père en Justice », sont autant de philippiques que toute l’assemblée a fait pleuvoir sur le fils du chef qui semblait tout mouillé d’humiliation et se contentait d’avaler sa langue. Mais pour l’assemblée, si le fils ainé et ses acolytes reconnaissent leur tort et demande pardon, elle fera table rase de leur trahison. Toute chose que Tanga Zongo a exécutée sous un tonnerre d’ovations de l’assemblée. Seul Henri Hamed Zongo a refusé de se rabaisser devant son tort. Pour lui, il est hors de question d’abdiquer. Il a soutenu qu’il faut, malgré les témoignages contre lui, se référer au chef pour qu’il témoigne. Pourtant toute l’assemblée semble soutenir que le Chef n’est pas dans toute sa lucidité du fait de sa santé, pour se rappeler des faits. Après le mea culpa des deux seuls acolytes du fils ainé du chef, deux personnes à savoir Pascal S Zongo et Yéro S Kaboré ont été désignés par l’assemblée générale des habitants du village sous la supervision des sages de la cour royale pour représenter les coutumiers dans la délégation spéciale. Le procès verbal de la rencontre auquel sont annexés les deux noms, a été transmis à l’ancien préfet Boukary Ouédraogo autour de 14h. Celui-ci a promis de le transmettre dans un meilleur délai au Haut commissaire de la province du Bulkiemdé pour une mise en place rapide de la délégation spéciale qui aura comme premier grand dossier sur sa table, les différends fonciers relatifs au lotissement dans la commune de Bingo1
Par Saphnapanéa Roger PAULDROIT
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